Spiritual Driver - Power and groove

Chronique CD album (24:00)

chronique Spiritual Driver - Power and groove

Lorsqu'on est alcoolique et chômeur, on a tout le temps qu'il faut pour monter un groupe.
Par contre, être consanguin n'est pas un avantage, puisque lorsque ta mère, ta soeur et ta copine viennent t'applaudir en concert, cela ne fait qu'une seule et même spectatrice.

Bref, tu l'auras compris, le groupe est du Nord-Pas-de-Calais. Arras plus précisément. En gros ? Mes voisins de palier : j'habite à côté, je ne les connais pas, je ne les ai jamais vu mais je les entends souvent.
Et puisque c'est la mode et un style de rock à boire, les mecs font du stoner. Tu m'excuseras donc d'avance pour le vocabulaire bien porté sur le masculin, mais je n'ai (hélas!) jamais senti de progestérone dans un concert de ce genre.

 

Alors ouais, j'te vois venir : du stoner, ça veut tout dire et rien dire. Pour être plus précis : du stoner à bollocks métrosexuel (bon ça ne veut pas dire grand chose non plus).

Spiritual driver est à classer chez les mi-couillus (musicalement hein).
Gros riffing bien groovy, on sent l'influence du rock NOLA.
Pas besoin d'aller chercher loin tout ça, y'a toujours un musicien qui porte un T-shirt Down  sous une chemise à carreaux en concert.
Pas franchement original, certes, mais la bonne influence qui met tout le monde d'accord.
En plus dans la voix, y'a de la grasse rocaille qui lâche des "yeah" ou qui allonge les dernières syllabes (surtout si elles se terminent en "aïe" ou "hey").
Entre se rapprocher vocalement Phil Anselmo et intituler un morceau "Gary Cooper", c'est quand même faire honneur à l'Homme avec un grand H et ses deux boules.

Si ça sonne bien tout c'bordel, c'est aussi parce que le groupe a métrosexualisé son son.


Les mecs qui balancent leur service trois pièces sont encore légion et quelque peu dépassés. Le stoner du XXIème siècle n'a rien perdu de son côté Louisiane.
Il a même gagné en rock'n'roll, bien aidé par les papas de Clutch.
Mais il s'est aussi allégé.

J'ai failli dire féminiser. Faut pas déconner. Non, s'il pue la bière et la transpi après une bonne dose de rock'n'roll (y'a d'ailleurs un peu de Red fang - posé mais en plus lourd-), le stoner que joue Spiritual driver est aussi capable de laisser parler sa finesse (avec en prime les cheveux gominés et la barbe bien taillée : il est là aussi là le côté métrosexuel).

L'interlude "The quiet man's song" est là pour le rappeler : ce rock de bonhomme est chaud, calme, mais réfléchi.
Il manque néanmoins aux arrageois un côté peut-être plus rock'n'roll, un sens de la mélodie plus affirmé et simple : bref, du slogan ou un gros riff bien marquant.
Faut quand même être difficile pour ne pas trouver cet EP très sympathique, mais il a le fessard coincé entre un stoner rock'n'roll ("Brand new start"), foufou, rapide et couillu...face à un autre plus lent, fouillé et lourd.
Du coup, rien ne se démarque franchement, rien ne vient te mettre ta baffe dans la gueule alors qu'on entend les mecs avoir du gras sous la pédale ou dans la voix.

Il n'empêche que pour une première, qui dure 24 minutes, "ça passe crème" (comme on dit en 1965) ! Quant à la pointe de frustration susdite sur leur rock sudiste (répète les 5 derniers mots 10 fois très vite), elle n'est pas ce qu'on retient, écrasée par le bon moment que l'on vient de passer.

 

photo de Tookie
le 31/12/2015

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