The View Electrical - Roseland

Chronique CD album (01:03:45)

chronique The View Electrical - Roseland

Je serais surpris que tu aies déjà entendu quelque chose qui ressemble à The view electrical.
Pas que je mette en doute ta culture musicale ou sois trop sûr de la mienne, mais "Roseland" a quand même quelque chose d'assez singulier.

Et comme tout ce qui est unique est, au départ, assez décontenançant, c'est avec le temps que tu découvriras un album tendre, mais loin d'être doux.

 

"Roseland" est dans mon Top 10 des albums les plus pénibles à chroniquer depuis que je suis sur ce site (sur 600 articles). Déjà parce que l'album dure 63 minutes. Te synthétiser cette heure et des poussières est faisable, mais j'ai l'impression d'oublier à chaque fois quelque chose.

Alors oui, je pourrais te parler de cette "post-pop". Le préfixe post étant là pour justifier que ce n'est pas complètement de la pop. Les suisses (ha oui j't'avais pas dit ?) l'ont personnifiée en l'agrémentant d'un son dès le départ très particulier. Porté par un synthé, une voix sans filtre, des arpèges légers (un peu "cul-cul"même), "Haunted by a dream" donne une petite idée de ce que peut être le groupe.
Derrière son aspect tendre, le groupe superpose un tas de couches et d'idées parfois un peu brutales ("At all costs").

C'est ainsi que la voix peut d'un coup s'emporter, hurlante et sombre...plus ou moins longtemps.
Voilà qui contrarie l'idée du chroniqueur qui pensait tomber sur un album pop plein de candeur et de poésie.
Les choses sont bien plus complexes et se décantent à force de temps et d'écoutes attentives.

Chanter est une option, les spoken words une autre, varier les tons également (avec une voix féminine sur "A voice of my own" / "It was time" / "We won't stay"), crier aussi, le temps d'un refrain, d'un couplet, d'une simple phrase. Les bons chanteurs ne font pas que chanter juste, ils savent aussi se taire, se cacher derrière des choeurs ou dédoubler leur voix ("Roseland"). Tout cela au nom de l'écrit ou au nom d'une mélodie ("Life in every breathe" / "Death and the young men"). Tout cela à petite dose, par surprise.

Voilà ce à quoi joue The view electrical pendant une heure, à la recherche continue d'un fragile équilibre entre accessibilité et originalité.

Mais la voix n'est qu'une cerise sur un gâteau musical. C'est là que ma mission de te résumer le truc devient difficile.


Comment expliquer que l'on peut se retrouver entre un "Black veil" qui serait carrément postcore (comme le déferlement passager sur "We won't stay") sans un arpège aux tonalités post-rock malgré une batterie à la frappe sèche et "violente".
Comment mettre des mots sur l'ambiance de "Protect us", qui fait suite au génial "emo prog'pop" (ouais) de 9 minutes (!) "Roseland" ?
Faisant parfois appel à un violon ou une harpe (comme sur "Treasures"), le groupe touche à tout pour varier ses ambiances.
"Protect us" est une sorte de digestif après le gros morceau, mais ils sont allés pêcher leur son au sommet de l'himalaya (Cf. la voix) en faisant grésiller leur synthé.

L'electro-post-pop-coré (démerde-toi avec ça) est pleine de surprise avec "Death and the young men" qui allège l'ambiance parfois pesante de cet album.
Entre sons de "poussière d'étoiles" (ouais, redemerde-toi), rythmique dansante et ton léger pour des mots que chacun s'amusera à interpréter (dans un anglais très compréhensible).

Avec un son alternant le chaud et le "cold" (légère reverb' / son 80's-like), The view electrical ne tombe pas dans les pièges d'une pop aux recette usées jusqu'à la corde. Pas de confrontation grosse voix de mâle / voix fluette de meuf, pas de pop limitée aux refrains mais un objet complexe, bien qu'un peu lourd, mais sacrément réfléchi.
A la portée de toutes les oreilles, sauf des plus impatientes, ce disque est une joli pied de nez à ceux qui font tourner en rond la pop. Elle peut s'électriser, s'alléger, se déchaîner et prendre des allures d'épopée de 10 minutes...
La perf' de ce "Roseland" est qu'il tente constamment de se renouveler, mais The view electrical gagne son pari en osant constamment.

Les plus curieux, souvent les plus réceptifs, le salueront malgré quelques longueurs, quelques essais ratés ou difficultés à suivre l'oeuvre "comme un [lourd] ensemble".
Ceux qui se considèrent moins aventureux, devraient tout de même tenter le voyage musical puisqu'au milieu de tant d'initiatives, il y a des chances pour que vous en trouviez quelques-unes à votre goût.

 

photo de Tookie
le 10/10/2015

0 COMMENTAIRE

AJOUTER UN COMMENTAIRE

anonyme


évènements