Worm Alert - Mob Of Tha Dead
Chronique Maxi-cd / EP (14:06)

- Style
Wigger Slam (= Slam Death + Rap) - Label(s)
Autoproduction - Date de sortie
1 février 2025 - écouter via bandcamp
Rien de tel que de se stimuler vigoureusement neurones et tympans avec des albums exigeants comme les derniers Synaptic, Quadvium ou Eschaton. Ça pétille, ça surprend, ça contre-breake, ça met de l'Orangina dans le dedans de la tête ! Mais tout comme le philosophe et le mathématicien apprécient, parfois, pour relâcher un peu la pression, une bonne petite redif’ des Bronzés Font du Ski, de même le métalleux, entre deux vortex décibéliques ardus, apprécie le confort de ces grosses mosh parts baveuses qui libèrent le reptile dormant en lui (je vous laisse adapter cette phrase afin de la terminer en « elle », mon féminisme se heurtant une fois de plus à ma flemme).
Pour ce faire, on pourra opter pour du bon gros Beatdown, voire même du Deathcore… Mais nous préférons aujourd’hui vous proposer du Wigger Slam.
« Du quoi ? »
Je vous rassure : moi non plus, avant-hier encore, je ne connaissais pas le terme. Instruisons-nous donc un peu... Déjà, il ne faut pas confondre « Wigger Slam Death » – dont l’usage se confondrait plus ou moins avec celui de « Slam Death » – et « Wigger Slam » – qui met les pieds bien plus effrontément dans le monde du Rap qui tâche. En gros, cette nano-scène – connue de trois pelés, un tondu, et dorénavant vous – est un mariage osé entre le Slam Death le plus australopithèque et le Hip-Hop le plus crapuleux, les uns et les autres se réunissant dans la célébration de breakdowns plus adipeux qu’un hippo champion de sumo. Voilà, c’est ça : on parle ici de la bande-son idéale pour les yeux s’ouvrant difficilement au fond d'une salle de réveil post-anesthésique, après une trépanation réussie.
... Vous vous rappelez le kiff récemment pris sur le dernier PeelingFlesh ? Vous avez deviné : Wigger Slam !
(profitons-en pour une parenthèse linguistique, car on vous sait anglophobes : wigger = white nigger, autrement dit une personne blanche imitant les manières, le langage et les codes souvent perçus comme des stéréotypes « réservés » à la culture afro-américaine, en particulier la culture Hip Hop. Je cite Google)
Vous vous en doutez, Worm Alert est un pur échantillon de cette joyeuse scène. Il affectionne le Brutal Slammin’ Death au saindoux, ainsi que le bon vieux Rap old school (il a régulièrement recours au scratch). Et pour en rajouter une couche dans le côté fauché souvent inhérent au genre (... que vous aurez anticipé en voyant la pochette), il s’agit ici d’un one man band, dont le caractère solitaire est contrebalancé par tout un tas de featurings. Ainsi qu’il n’est pas inhabituel parmi les formations évoluant dans cet under-underground, l’album ici étudié (9 titres pour même pas un quart d’heure !) pratique l’humour à gros grumeaux... Mais pas non plus celui, excessif et souvent trop caca-démembrement-bite-tronçonneuse, du Porngrind. Le présent humour se manifeste via de nombreux samples – rien de révolutionnaire jusque-là. Via des métissages allant au-delà du simple deux salles-deux ambiance Rap/Slam, tellement osés qu’ils imposent le sourire à l’auditeur (on en reparle sous peu). Mais aussi via des pieds-de-nez inattendus qui font leur petit effet, comme ce break électro/mobile-pour-bébé, à 1:06 sur « Instakill », ce Pop! buccal qui transitionne à 0:13 sur « Beermaxxing on I-94 », ou cet autre break, au saxo, à 0:14 sur « Still Jorkin’ ». On frôle le Nawak, pour tout dire.
Alors c’est sûr, Mob Of Tha Dead ne permettra pas à notre natif de Fargo, North Dakota, de remporter le concours Lépine du Metal extrême. La faute, notamment, à une formule un poil répétitive, qui voit la plupart des compos se terminer sur le même genre d’ultra-ralentissement où slammoshing et slowmoshing se confondent, et où le rhinocéros laineux se retrouve prisonnier de sables mouvants l’aspirant inexorablement vers ces profondeurs argileuses au sein desquelles se confectionnent les fossiles les plus appréciés des paléontologues. Mais l’opus est court, blindé d’appels impérieux au laisser-aller le plus libérateur, et épicé de multiples incursions vers un Rap bien swaggy et d'autres parenthèses tout aussi hors sujet. Cette relative redondance n’est donc nullement un problème.
Ainsi le kiff commence dès « InstaKill », ses détours chez Cannibal Corpse, ses « Brü Brü Bruïïïï-ïïï » plus ou moins variés, son gros flow macho, et le groove purulent de son final XXL en plomb doublé de mercure.
La chose devient plus catchy sur « Beermaxxing on I-94 », qui refait certes un tour chez Canniboule, mais qui – avant tout – nous secoue la couenne violemment lors d’une séquence gagnante voyant se succéder une gorilla dance particulièrement convaincante (cf. 0:25), puis un bon vieux charclage d’humus tout bonnement irrésistible (à 0:46).
On vous parlait de nawakeries remarquables : essayez « Still Jorkin’ », et découvrez, ébahis, les joies de la fusion Eurodance / Slam Death !
Moins efficace, mais tout aussi notable, « Slamahoochee » propose un crossover d’un genre nouveau faisant rentrer la Country redneck de l’électorat de Trump dans la marmite putride du Brutal Death.
Alors c’est vrai, on peut trouver tout ça parfaitement crétin. Et de mauvais goût. Et fini au lance-pierre. Et finalement vomir l'intégralité de son goûter sur ses Nike, en signe de protestation. Chacun est libre de voter pour qui il veut, d’écouter ce qu’il veut, et de s’enfoncer ce qu’il veut là où il le veut. Vous pouvez même écrire « Beuaeuark, c’est vraiment caca boudin. On dirait Jul qui fait du Six Feet Under en apnée dans ses chiottes » au sein des commentaires. En revanche, si vous êtes de ces joyeux loustics qui ne passent pas leur journée à poster des photos de leur trve du cvlte sur les réseaux sociaux, et qui n’ont pas peur de prendre ce qu’il y a à prendre dans le gros Metôl quel qu’il soit, je peux vous garantir que Mob Of Tha Dead risque de vous faire d’agréables gouzis dans la moëlle épinière.
La chronique, version courte : « Tu 'connais pas Worm Alert ? C'est un groupe, ils étaient n°1... ». On pourrait dire, en effet, que Mob Of Tha Dead a franchement la classe américaine. Car son Wigger Slam (un mélange de Slam Death visqueux et de Rap crapuleux) est aussi jouissif qu’il est fauché, aussi farceur qu’il tape fort dans les tripes avec ses breakdowns pachydermo-reptiliens. Et puis, dites : un album qui ose la fusion de l’Eurodance et du Slam Death (cf. « Still Jorkin' »), peut-on raisonnablement passer à côté ?
2 COMMENTAIRES
Thedukilla le 19/05/2025 à 08:49:48
C’est ça la puissance intellectuelle. BAC + 2 les enfants !
La limite entre l’insupportable et le rigolo est parfois floue, mais y’a des grumeaux qu’ont un peu de goût quand même ^^
cglaume le 19/05/2025 à 10:45:46
Y a pas de honte à aimer les grumeaux 🙂
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