Yser One + Monark Beats - Wiser Threat

Chronique mp3 (31:16)

chronique Yser One + Monark Beats - Wiser Threat

Ne vous fiez pas à la pochette directement inspirée de l'album éponyme de Minor Threat de 1981, ne songez même pas à une quelconque parodie. Wiser Threat qui nous occupe aujourd'hui et bel et bien un manifeste hip-hop.
Et il ne faut pas voir le terme manifeste à la légère, il s'agit bien d'une déclaration aussi politique qu'esthétique.

 

Yser One et Monark beats sont des réfugiés sur la planète web, mère nourricière de toutes leurs inspirations. L'américain David, et le belge Jean-Yves n'ayant guère eu l'occasion de taper le carton dans la vraie vie. Par contre, leurs sens affûtés par les voyages dans l'univers 2.0, ont puisés et retenus un fameux paquet d'informations. Wiser Threat, leur sage menace, dépasse le postulat d'un simple brûlot revendicatif. Acteurs et contemplateurs du monde, le duo s'associe pour ouvrir les consciences en mode down tempo souvent glacé.

 

Pour ceux qui suivent mollement la planète hip-hop, l'artisanat développé par le tandem risque de les surprendre. Le fond de la Floride et l'ouest de la Belgique Romane ne s'apparentant pas vraiment aux lumières d'Hollywood. Pas de surcharge pondérale à l'horizon, pas de lumières trop fortes, pas de seins siliconés, pas de sourires diamants. Juste une autre manière de poser un flow, parfois hésitant mais toujours juste, et la surprise d'une instrumentation complètement débridée.
 

Dès l'intro, on vous cause de surenchère... 5 millions de chansons et après... pour résumer. Lucide, le duo se veut aussi cool que pédagogique. Avec une morale bien latente qui semble dire que oui, il y'a de la place pour tout le monde. J'ajouterais (oui... je me permet) de la bonne et de la mauvaise musique partout.
Pour le coup, c'est dans le lancinant que cela se passe. Le froid et le lancinant. Mais je le redis pour les distraits, pas de cold et de doom ici. On sautille même sur « Big up ». Yser One avait revendiqué en mode majeur sa devise Stay true... stay real sur l'effort précédent.
 

Dans le même ordre idée, c'est avec un sanglot qu'il délivre « Doesn't mean anything » et la mélancolie n'est pas feinte, elle est vécue. « Raw uncut » nous plonge dans le old school new-yorkais vu chez Onyx et Monark beats se met au diapason, préférant des notes de piano aux beats hardcores que l'on attend dans pareille démonstration. Loin de l'effet cosmétique, ici, on couvre les champs sémantiques du monde samplé depuis les trente-cinq dernières piges. « Who's the wisest » risque d'en déconcerter plus d'un qui serait habitué à la surproduction pataude habituelle. Ce terminus est un vrai morceau de bravoure qui repose sur un funk minimaliste proche des idées vues chez Liquid Liquid. On peut y adjoindre les bidouillages plaqués chez Le Grandmaster ou le besogneux Melle Mel... tiens peut -être bien que le côté sautillant de la plaque provient de son frangin Kid Créole.

 

Wiser Threat en clin d'oeil à d'illustres pionniers, finit par rendre hommage à d'autres aussi majeurs dans leur domaine, The Furious Five. 2014 ou non, la veine roots et bricolo est bien loin de se tarir.

 

photo de Eric D-Toorop
le 20/12/2014

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