Black Country Communion - BCCIV
Chronique CD album (60:39)

- Style
Hard Rock - Label(s)
Mascot Label Group - Sortie
2017 - écouter via soundcloud
Ah les supergroupes... Étonnant de voir à quel point c'est un sujet épineux. Il faut dire que la plupart fonctionne avec le même processus : l'annonce de telle ou telle collaboration de luxe fait rêver jusqu'au moment où la dure réalité reprend ses droits et fait vite déchanter dès lors qu'on a le produit final dans les oreilles. Les pétards mouillés, on en a eu de toute sorte au final. Je me souviens encore amèrement du skeud de Prophets Of Rage, ce qui n'est guère compliqué vu que c'est tout frais. Et après la déception, la question de l'argent finit par se poser... Car au final, c'est bien ceux qui gagnent le plus de pépouzes les plus dans le besoin. Une chose que nous, modestes prolétaires, ne pouvons pas comprendre après tout... Cependant, il arrive – rarement – que l'on puisse tomber sur des alliances mêlant qualité avec une certaine sensation tenace d'intégrité. Que l'on mettra entre guillemets tant il est très difficile d'en juger, je doute que ce soit très vendeur de dire à un journaleux en interview pour sa feuille de chou qu'il a juste placé son nom et quatre accords uniquement pour arrondir ses fins de mois. Parmi ces exceptions, on peut sans peine citer Black Country Communion. Alliance entre le vocaliste/bassiste Glenn Hughes (ex-Deep Purple / ex-Trapeze), le guitariste quatre étoiles Joe Bonamassa, le batteur « digne fils de son père John (ex-Led Zeppelin) » Jason Bonham et le claviériste « aux doigts de fée » Derek Sherinian (ex-Dream Theater), il n'a fallu que trois petites années et trois « petits » albums pour que Black Country Communion prouve qu'il n'était nullement là pour broder en attendant les royalties.
En effet, Black Country (2010), 2 (2011) et Afterglow (2012) se révélaient tous trois d'une grande qualité, dans un hard rock à mi-chemin entre tradition et modernité, et le fruit d'inspiration liée à une véritable alchimie de groupe. Ce qui est rare pour un supergroupe, on en conviendra. En revanche, ce qui l'est moins, c'est que la formation a annoncé son split dès 2013 avec autant de grandes pompes que la livraison de ses trois premières fournées, suite à des divergences et autres problèmes d’ego de ses deux compositeurs attitrés, Hughes et Bonamassa. Depuis, les deux bougres ont continué leurs chemins de leur côté, Joe a repris sa carrière là où il l'avait laissée et Glenn a pris Bonham Jr sous son bras pour former l'éphémère et non moins excellent California Breed le temps d'un album avant de réamorcer son périple en solitaire. A croire que les deux hommes n'ont pas oublié leur petit bout de chemin main dans la main pour autant puisqu'ils ont fini par enterrer la hache de guerre et ont décidé de remettre Black Country Communion sur les rails. Et c'est ainsi que l'on voit aujourd'hui débouler aujourd'hui BCCIV en aussi grandes foulées que d'habitude. Il faut dire que les deux compères se sont enfermés en huit-clos pendant onze jours pour le composer puis la galette a été mise en boîte en une semaine... De vraies machines de guerre les mecs en somme !
BCCIV débute en toute sobriété avec « Collide » et « Over My Head », le premier rentre-dedans tubesque et le second plus modéré, aussi radiophoniques qu'efficaces. Qui montrent d'entrée de jeu toute la portée de Glenn Hughes en terme vocal, tant il y met les tripes niveau puissance et la fibre émotionnelle justes. Que l'on aime ou pas son timbre de voix assez particulier, il faut reconnaître l'exploit de la performance pour un mec de 64 balais et nul doute que beaucoup peuvent le jalouser de si bien conserver son organe vocal au travers de la période senior – ainsi qu'une telle pêche niveau tournées et productivité maintenant un cap de qualité certaine d'ailleurs – un argument qui se maintiendra tout le long du disque, certains titres brillants plus que d'autres dans ce domaine (« The Crow », les cris de « Sway » ou encore le plus émotionnel « The Cove »...). Le pépère sait également déléguer son micro à son comparse Bonamassa le temps d'un titre, « The Last Song For My Resting Place », magnifique, faisant penser à une sorte d'hybride entre le « Healing Now » de Pain Of Salvation (présent dans Road Salt Two) dans l'atmosphère, le riff principal et le traitement des cordes sur lequel on aurait entrecroiser la griffe la plus folk et celtique de Gary Moore à grand renfort de violon. Un Joe qui sait aussi briller avec sa six-cordes, sans tomber dans le piège de trop en faire, notamment via ce bon gros blues des familles sur « The Cove », le solo tout en feeling de « Love Remains », ou encore ce traditionnel petit schéma de battle guitare/orgue sur « Awake » (et quel putain de riff tordu qui conduit le titre !) très 70's. Derrière les claviers, Derek Sherinian se fait bien plus discret, soutenant davantage en arrière-plan sonore afin d'appuyer des ambiances même s'il lui arrive ponctuellement de sortir de l'ombre (« The Crow » et son solo ou encore « Awake » où le piano surplombe la guitare en terme de progression pure et dure). Le fils Bonham, derrière les fûts, n'est pas non plus en reste dans tout ce schmilblick et ne démérite pas du statut de « digne héritier de son père » dans son jeu, notamment sur les moments les plus Zeppeliniens (« The Crow », « Sway », « Love Remains », le refrain de « When The Morning Comes »).
En parlant de Led Zeppelin, il est clair que Black Country Communion possède ce même genre d'aura que peu de groupes peuvent se targuer de posséder aujourd'hui. Que ce soit en terme de recherche d'arrangements chiadés, lorgnant toujours un peu sur une part de modernité, histoire que leur base hard rock old-school ne sonne pas comme daté et périmé ou encore cette alchimie entre musiciens des plus palpables dans l'interprétation. Nul doute que si vous aimez ce genre de délires, à l'instar d'un The Answer, BCCIV vous filera des frissons à plus d'un moment tout le long du disque. Le feeling est là, puissant, plutôt mélancolique dans l'ensemble – on sent fortement que Hughes a été fortement influencé par le contexte de sa vie où il a perdu sa mère, des suites à un cancer – et nul doute que bon nombre des titres composant cette quatrième offrande feraient un carton en live. Le prochain Hellfest peut-être ? On sait que vous souhaitez mettre la pédale douce sur les concerts qui ne seront que ponctuels mais donnez-nous du rêve les gars, allez, allez !
2 COMMENTAIRES
papy_cyril le 04/12/2017 à 20:00:16
Super Supergroupe, il faut vraiment que je m'écoute ceet album!
Margoth le 04/12/2017 à 20:20:00
Si tu as aimé les 3 premiers, celui-là passera comme une lettre à la poste ;)
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