Death Angel - Humanicide

Chronique CD album (45:01)

chronique Death Angel - Humanicide

 

« … vous avez compris le principe: le noyau indique la cible, et le suffixe -cide le meurtre. En suivant ce principe, comment désigne-t-on le crime consistant à tuer un frère ou une sœur?

- un « fratricide » Maîtresse

- très bien les enfants. Plus dur: lorsqu'on tue un roi?

- un « régicide »

- un peuple?

- un « génocide »

- un breton?

- une « boléedecid'e »

- et quand c'est un groupe de Metal qui tue tout?

- un Deicide! »

 

Bravo les enfants! Pourtant il y avait un piège: parce qu'Humanicide était une réponse qui pouvait également sembler convenir, notamment pour celui qui aurait arrêté son écoute du 9e album de Death Angel au bout de 4 morceaux. Parce qu'une fois passée l'intro fastueuse avec ses twins maideniennes, le morceau-titre ouvre les hostilités sur un riff et un cri qui ne dénoteraient pas sur un album de Slayer. Virulente, précise, sans états d'âme, cette première piste respire l'expérience du soldat lourdement armé qui n'en est pas à sa première guerre et qui sait parfaitement quand la déflagration riffée, la ligne de basse et le mid tempo groovy doivent être lâchés pour un impact maximum. Et le regain de colère qui déferle sur « Divine Defector » d'enfoncer le clou en confirmant ce qui n'était encore qu'hypothèse sur le morceau précédent: le fait d'avoir commencé à composer ce nouvel opus pendant la tournée américaine effectuée en compagnie de Messieurs Tom Araya et Kerry King fin 2016 n'a pas été sans conséquence. Les nouveaux morceaux sont plus noirs, plus acides, plus véhéments...

 

Alors c'est vrai que le temps de sa douce intro à la Annihilator, « Aggressor » semble revenir à un peu plus de sérénité et de mélodie... Mais très vite le matraquage lourd reprend, et sur le superbe pré-refrain, les missiles sont tirés en salves fournies. A ce stade, se dit-on, c'est sûr: les quinquas vont commencer à avoir le cœur qui s'emballe, et vont donc réduire un peu la voilure... Penses-tu! Sur « I Came For Blood », ceux-ci enfilent le vieux cuir, ressortent les chaînes, la basse motörheadienne, et vont se friter à l'ancienne, dans la rue, comme des petits teigneux habillés de t-shirts Overkill. Quelle patate mes aïeux, quelle patate!

 

Et c'est alors que l'on s’apprêtait à parler de « meilleur album de Thrash de l'année », et d'évoquer hardiment un « Big Five of Thrash » que débarque « Immortal Behated ».

 

* imitation merdique de Franck Dubosc ** Et là, c'est le drame...

 

Parce que nous on le préfère frais et décoiffant – bref, en spray –, alors que là, soudainement, on nous sert le Death en gel (sans commentaire). Certes, je sais bien que c'est une question de sensibilité, mais personnellement ces grosses larmes amères, ces lamentations dramatiques, cette lead qui pleure sur fond de velours gris, ça me coupe l'enthousiasme, d'autant qu'ici la chose est amenée de manière assez lourdingue, sur plus de 6 minutes, en rallongeant la sauce avec un piano pédant qui marque encore plus la rupture. Et la cassure qualitative de se prolonger encore sur les 2 morceaux suivants. Car si « Alive And Screaming » redevient gaillard et combatif, il n'est pas besoin de creuser beaucoup pour réaliser que ce Thrash pêchu est franchement bateau, et que la seule chose qui l'extrait d'une tiédeur certaine est la présence de 3 petits solos bien sentis. Arrive alors « The Pack », morceau dédié aux fans, qui voit le groupe sombrer dans la caricature la plus crasse, avec des paroles dignes d'un groupe de Heavy teuton, des chœurs à 3 balles et des ficelles tellement grosses que même les outres à bière du premier rang vont vite se rendre compte que tout ça a été composé à l'aide d'une IA ayant ingurgité les 2 tomes de Comment écrire un hymne de festival pour les nuls, par Patrick Sébastien.

 

Sur « Ghost of Me », les Américains commencent enfin à s'extraire doucement du ventre mou de l'album, en sortant à nouveau des lignes de chant qui pourraient avoir été composées par Tom Araya, ainsi que des plans guerriers pas non plus foufous ni franchement originaux, mais gravissant quand même à nouveau une pente ascendante. Puis c'est sur les 2 derniers morceaux que la meute de loups se remet véritablement à mordre, grâce à un « Revelation Song » qui tire toute sa force de son refrain rassembleur, puis à un « Of Rats And Men » qui retrouve définitivement la niaque, à la fois Rock'n'Roll, hargneux, et épique, comme si un Overkill revanchard avait sauté sur la croupe d'un pur-sang monté par Blind Guardian pour aller se battre sous le commandement du Général Megadeth. Voilà ce que j'appelle un morceau habité, avec des tripes et une vision!

 

Alors oui, si on voit le verre à moitié plein et qu'on ferme facilement les yeux sur les petits écarts, on peut voir en Humanicide un putain de nouvel album franchement réussi, sur lequel les Thrasheurs de Frisco montrent plus d'énergie que rarement ces dernières années (… années pourtant déjà riches en albums solides). Mais si l'on est du genre à trouver que, vraiment, cette fin de film débile gâche toute l'heure et demie qui l'a précédée, ou que ces regards appuyés sur le décolleté de la serveuse ont ruiné le restau' et la demande en mariage qui a suivi, ce nouvel album risque de rester un peu en travers de la gorge... Je vous laisse choisir votre camp!

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La chronique, version courte: Gros début sur 4 titres qui dépotent, belle fin combative et racée: Humanicide avait tout pour finir comme l'une des plus belles réalisations de Death Angel au cours du siècle nouveau. Mais c'était sans compter sur un milieu d'album peu inspiré et bandant mou. Le bilan est donc mitigé... Espérons qu'en concert le groupe n'aura pas trop tendance à écarter les bons morceaux pour nous imposer à la place « The Pack »...

photo de Cglaume
le 20/05/2019

6 COMMENTAIRES

papy_cyril

papy_cyril le 20/05/2019 à 11:55:42

Mets tes grandes oreilles sur le prochain Xentrix Lapinou, ça devrait te plaire!

cglaume

cglaume le 20/05/2019 à 12:07:57

Ne connaissant qu'un morceau du groupe, j'ai laissé passer le nouvel album sans m'y arrêter. Je lirai ta chronique pour en savoir plus :)

Bob jette l'éponge

Bob jette l'éponge le 20/05/2019 à 21:37:53

Death Angel, Exodus, Kreator, Overkill, Testament, j'ai l'impression que tous ces groupes estampillés NB sonnent tous très formatés et sont interchangeables! Regrettable pour de tels cadors...!

cglaume

cglaume le 20/05/2019 à 21:57:16

Interchangeables peut-être pas. Mais c'est vrai qu'ils sonnent plus "grosse chaîne de brasserie" que "petit restau de quartier"...

Xuaterc

Xuaterc le 20/05/2019 à 22:46:25

Pour cette vanne sur les bretons, je vais faire un lapinicide...

cglaume

cglaume le 21/05/2019 à 06:26:04

"Mon Dieu, ne regardez pas : il va se couper la pine les enfants !"

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