Distillery - LH Overdrive

Chronique CD album (58:15)

chronique Distillery - LH Overdrive

Il vaut mieux ne pas juger un album uniquement via sa pochette... Ou par son simple patronyme. Parce que lorsqu'on m'a parlé d'un petit groupe se nommant Distillery, j'ai tout de suite pensé me retrouver face à un combo de thrash bien old-school comme il faut. Imaginez un peu le tableau : une typo piquante aux contours épineux, des squelettes en tenue de soldat armés jusqu'aux dents s'émancipant furieusement d'un bataillon de cuves de fermentation géantes sur chenilles, balançant une sauce éthylique et rafraîchissante via des canons bourrins. Le tout sous fond de paysage décharné, digne des tranchées de Verdun post-apocalyptiques. C'est sûr, ça aurait pu faire un bon topo, pas très original certes mais teinté d'une saveur d'antan qui fait toujours mouche.

 

Mais quand bien même paraît-il que les racines sont à chercher du côté du metal extrême, à savoir que le dénommé Krabath ici derrière les fûts s'adonnait dans sa jeunesse au death metal bien bourrin du boudin avec un autre groupe aujourd'hui (ironiquement) mort nommé Fatal, il semblerait que Distillery soit en réalité un groupe aux frasques sonores bien plus calmes. Il faut croire que le sens de la brutalité se perd avec les cheveux et l'âge mais on ne leur en voudra nullement de conserver un élément universel : la bouteille.

 

Vous l'aurez compris, d'autant plus si vous avez pris la peine de contempler l'image de la pochette de leur premier méfait, LH Overdrive, point de riffs tranchants et voix haut perchée tel un bon vieux Megadeth ou un bon vieux Sodom, c'est plutôt du côté de Tonton Jack Da' au pays des Harleys qu'il faut lorgner. Car aussi étonnant que cela puisse paraître lorsqu'on se fie uniquement à son substantif, Distillery serait une sorte de rejeton illégitime enfanté entre un vieux AC/DC et Lemmy Kilmister. A comprendre, la musique graisseuse d'un hard rock bluesy australien old-school que de multiples générations ne connaissent que trop bien sur laquelle on appose des cordes vocales dopées et souillées au Jack Da-Coca – on espère pour le dénommé Ced qui a eu la gentillesse de sacrifier ses organes qu'il a préféré le traitement pur histoire de ne pas trop saborder ce saint breuvage – tel que pouvait le faire le regretté leader de Motörhead de son vivant. En même temps, les timbres sont tellement proches que l'on pourrait faire passer ce LH Overdrive comme un album caché du trio britannique aux plus ignares, crédules et inattentifs qui n'y verraient que du feu quand bien même il manque la hargne punk/metallique qui caractérise la musique de Motörhead.

 

Après, c'est sûr que ce n'est pas du côté de l'originalité qu'il faudra attendre un Distillery qui s'enterre dans tous les gimmicks et clichés liés à tout ce qu'il attrait au rock'n roll léger et festif. Et pourtant, peut-on réellement leur en tenir rigueur ? Pas sûr... Parce qu'il vaut sans doute mieux avoir du bon classicisme solide dans sa composition et interprétation que du mauvais nawak. Et en terme de bases solides, Distillery a ce qu'il faut là où il faut. LH Overdrive propose tout ce qu'on est en droit d'attendre d'un skeud de hard rock old-school léger et friendly. Et maintenant que le printemps pointe le bout de son nez avec ce petit soleil qui va bien, c'est le moment idéal pour penser à découvrir ce genre de petites perles qui rime avec bon fond sonore d'apéro/barbeuc' en plein air entre potes. Ce genre de trucs simples et efficaces qui met tout rockeur/metalleux d'accord, quelque soit ses préférences et racines de prédilection. Le tout avec cette petite hype qui va bien d'avoir fait découvrir au détour d'une énième binouze débouchée quelque chose que sa petite bande d'amis ne connaissait pas tant le sujet jouit d'un statut plus que confidentiel. A bien grand tort malheureusement.

 

Parce qu'entre les riffs graisseux, refrains ou emballements de machine transitoires on ne peut plus fédérateur (« Prisoner Of Rock'n Roll », « Another Man », « Biker's Soul », « Distillery Song »), un effort certain de variété au sein de la galette qui va même jusqu'à dérouler un blues aussi classique qu'efficace (« Gibson's Blues ») qui fera penser non sans une petite pointe d'émotion nostalgique du side project HeadCat de notre regretté Lemmy et autres lorgnages vers des contrées plus mid-tempo (l'intro de « Join The Angels », « Rape Me »), tout passe comme une lettre à la poste. Une carte de visite d'ailleurs qui laisse présager de bons moments scéniques tant on sent que Distillery en a dans la bouteille en terme de savoir-faire, de savoir-être même tant les mecs transpirent le rock'n roll suintant à plein nez. Une douce odeur de sécrétions moites couplée aux vapeurs de houblon et autres breuvages distillés plus fort en degrés vecteurs de fête, ronronnements d'échappement et convivialité. De la bonne « whiskey music » comme les bougres l'appellent eux-mêmes made in Le Havre qui fait bien bouger les nuques et poignets vers le haut pour des trinquages de verres et bouteilles en chaîne pour des soirées printanières et/ou estivales réussies.

photo de Margoth
le 12/04/2017

2 COMMENTAIRES

Crom-Cruach

Crom-Cruach le 12/04/2017 à 15:28:34

Au chant on dirait Pills de Prime Sinister. Sinon le titre en écoute est sympatosh : voilà pour un apéro/barbeuk, c'est bien. Suis pas près d'échanger "mes" Nashville Pussy ou la "classe" de V8 Wankers tout de même !

cglaume

cglaume le 14/04/2017 à 07:24:22

Tu y étais presque Margoth : c'est DISTILLATOR. "Summoning The Malicious" sort chez Empire Records

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