Don Salsa - Koolaide Moustache in Jonestown
Chronique CD album (1:14:47)

- Style
Nawak Metal - Label(s)
Autoproduction - Sortie
1997 - écouter via bandcamp
“Perso, le Nawak Metal, je 'peux vraiment pas. Ça passe du coq à l'âne, ça débloque à fond la caisse, ça manque sérieusement de cohérence: c'est plus une grosse blague que de la vraie zic en fait...”
Si l'on fait abstraction du fait que tenir de tels propos mériterait la mort par ingestion forcée de ragout de pieds de porc à la betterave dans sa sauce au Cherry Coke, on se dit que ceux qui restent sur une telle impression pourraient bien avoir approché le genre via le Koolaide Moustache in Jonestown de Don Salsa. Parce qu'en matière de puzzle musical bariolé agencé par des Fraggle Rocks psychotiques, l'album se pose là! M'enfin quand on sait qu'il est l'unique création d'étudiants ayant tripé sous acides sur les 2 premiers Mr Bungle, et que la formation n'est en fait autre que le groupe pré-Estradasphere de Tim Smolens et Jason Schimmel (pré-Secret Chiefs 3 également, pour le premier), on comprend mieux.
N'empêche: wouaawh! Dur de faire plus extrémiste que ce maelstrom loufdingue de Bozo le Clown Metal!
C'est que Koolaide Moustache in Jonestown est plus Disco Volante que California. Et presqu'autant Avant-Garde que Nawak Metal. D'ailleurs Mesdames et Messieurs les jurés, quand vous considérez 1) l'écart entre des morceaux de presque 32 (“The Deck”) et 17 minutes (“Chicken”) d'un côté, et des pitreries de 4 et 6 secondes de l'autre, 2) les fréquents détours par des excès Noise aussi contre-productifs que complètement indigestes, 3) l'utilisation de matos Playskool pour enregistrer des parties Metal qui, en conséquence, sonnent aussi musclées qu'un Stan Laurel gréviste de la faim, 4) les paris incensés relevés par ces olibrius, comme compiler 6 morceaux de Rod Stewart en seulement 53 secondes (“Rod Stew Art”), vous en arriverez vous aussi, Mesdames et Messieurs les jurés, à la conclusion que, oui, sans aucun doute, ce Don Salsa est bien coupable des crimes musicaux particulièrement extrêmes qui lui sont reprochés!
C'est clair que l'intensité maladive de la bougeotte qui agite des titre comme – par exemple – “Chicken” explique en grande partie la sévérité de la note / sentence prononcée à l'égard de cet opus. La cadence infernale à laquelle tout cela s'enchaîne cul par dessus tête (on pourrait limite parler de “Circus Breakcore”!) sans souci de lien logique entre les différentes composantes d'un même morceau agit par moment comme un efficace repoussoire.
Et pourtant ces zigotos sont tout à fait capables de créer de vrais petits bijoux de Nawak Metal plus intelligemment focalisés, comme sur l'excellent “El Stronzolo” (qui fait dans la Fusion protéiforme, mais dotée d'une vraie unité), sur “Ceylon March O'Roon” (qui invite Sebkha-Chott dans un orient synthétique délirant), voire sur “Untitled” qui n'aurait pas dépareillé sur le premier Umlaut, ou sur le second Darth Vegas. Et puis soyons honnêtes: “The Deck” est parsemé de passages gouleyants, notamment les 7 premières minutes qui constituent un morceau à part entière dans la plus pure tradition Spruancienne.
Non franchement il y a vraiment de quoi se délecter sur facilement un gros tiers de l'album au moins...
Mais le pot pourri “Rod Stew Art” est bien fadasse pour quiconque n'adule pas le nain chantant peroxydé, “Utforsalgningahumerapickle” et “The Bathroom Trio” sont des paroxysmes de poil à gratter bruitiste, “Rye Chip Hell” mêle country déconnante et un peu creuse à – une fois de plus – du bordel noisy, “F%@k Me Up My B!@t” donne dans le raw Punk caricaturalement gueulard et sans intérêt, tandis que “Chicken” enfile les plans barrés sans jamais réussir ce que “The Deck” a partiellement accompli, les parties funky ne réussissant pas à rendre plus digeste ce véritable étouffe-chrétien qui fait défiler les échantillons de tout et n'importe quoi plus vite qu'une séquence du Zapping de Canal+.
Alors oui, l'entreprise Koolaide Moustache in Jonestown a de quoi inspirer le respect de par son rôle de pionnier au sein de la scène Nawak US (aux côtés de Tub Ring et Dog Fashion Disco). Mais la vérité c'est que la chose est souvent trop jusqu'auboutiste pour réussir à nous transformer en fans durablement ennamourachés. Par contre, on est d'accord, les accros à Disco Volante, Darth Vegas et autres Estradasphere ne devraient pas s'autoriser pareille impasse.
La chronique, version courte: Don Salsa est l'embryon bordélique et extrémiste qui a précédé Estradasphere. Et Koolaide Moustache in Jonestown – unique album de cette rugueuse entité Bunglophile – est donc logiquement un paroxysme de Nawak Metal aussi avant-gardiste que fouilli qui ne ravira que les fans de Disco Volante les plus prompts à se coller les doigts dans la prise pour un max de sensations fortes.
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