Epica - The Solace System

Chronique Maxi-cd / EP (29:57)

chronique Epica - The Solace System

Epica et moi, c'est une grande histoire d'amour... Mais pas cette relation idyllique directement tirée d'un conte de fée où tout il est beau et tout il est merveilleux. Non, plutôt l'amour vache amenant sur une relation hyper chaotique. Si le début de carrière des Hollandais m'avait émoustillée : gros coup de foudre pour The Phantom Agony (2003), sorte de suite spirituelle du Decipher d'After Forever que Mark Jansen, le compositeur en chef d'Epica, venait de quitter. Pour ensuite virer vers une grande admiration que l'on regarde avec plein d'étoiles dans les yeux avec Consign To Oblivion (2005), jusqu'à même partir dans l'affection tout plein de tendresse pour The Score – An Epic Journey (2005), une sorte de spin-off dans la discographie des bataves puisqu'il s'agissait d'une BO de film. Mais comme on sait, toute histoire finit par rencontrer son lot d'embûches. Déjà, en terme de devoir conjugal, ça n'était pas la joie car chaque rencontre – trois au total à différentes périodes de leur carrière – sur les planches s'est soldée en franche déception, où il était de meilleur ton de simuler l'orgasme pour éviter de froisser. Mais The Divine Conspiracy (2007) a sans doute été cette première vraie engueulade, celle qui fragilise à jamais toute relation, aussi solide paraissait-elle être auparavant. Design Your Universe (2009) a bien essayé de coller les morceaux mais n'a mis que plus en avant un fait évident : avec le faux pas précédent, la confiance en avait pris pour son grade. J'ai pardonné, timidement, en tentant de faire bonne figure mais je savais qu'au fond de moi, il y avait quelque chose qui s'était brisé. Ce que Requiem For The Indifferent (2012) n'a fait que souligner. Nouveau travers, nouveau break, c'était comme si la demande de pardon précédente n'avait été présentée que pour la forme, sans aucune volonté profonde. Il a fallu attendre 2014 afin qu'Epica me présente enfin un mea culpa en bonne et due forme : The Quantum Enigma, nous rabibochant avec cette même intensité des débuts.

 

Puis il y a eu The Holographic Principle l'année dernière. Que j'avais même cité dans mes flops annuels. Pas qu'il était merdique, loin de là. Il s'agit peut-être d'une rancune latente. Ou le concept que plus la relation dure, plus on a tendance à en demander. D'où ma déception : The Holographic Principle ne se détache pas assez d'un The Quantum Enigma qui marquait un retour gagnant inespéré. Bonne qualité mais plus vraiment d'audace contrairement à ce qu'avait pu amener l'opus de 2014, une bonne action menée par la voie de la fainéantise.

 

Ou peut-être étais-je encore simplement trop exigeante. Car au final, Epica n'a pas été si fainéant que cela. Les Hollandais ont en effet composé bien trop de titres pour The Holographic Principle, au point que le combo ait dû en faire une sélection drastique. Un an après, nous voilà face à un EP, The Solace System qui regroupe les morceaux laissés pour compte. Je vois venir à plein nez que beaucoup iront crier à la bassesse mercantile tout en argumentant qu'il aurait peut-être mieux valu sortir une édition spéciale de l'album avec un deuxième CD bonus qui les incluait. Et pourtant, j'aurais plutôt tendance à la percevoir comme l'exact inverse : déjà, l'EP ne contient que du matériel inédit et non une ou deux chansons accompagnées de versions remix et/ou live comme on peut le voir dans moult EPs. De plus, il faut admettre qu'un album long format d'Epica, il faut se le farcir car conceptuel et blindé à ras la gueule. Cette décision de sortie en différé est sans doute la meilleure chose à faire, histoire de mettre en valeur ces six compositions inédites qui, avouons-le d'emblée, représentent bien plus que de vulgaires chutes de studio.

 

On comprend d'ailleurs assez vite pourquoi ces morceaux ont été écartés du tracklisting final de The Holographic Principle, il n'est nullement question de qualité plus basse mais surtout de hors-sujet. Au contraire, j'aurais même plus tendance à être plus en phase avec The Solace System plutôt que The Holographic Principle. Même si les six compositions ne changent en rien le style Epica, qu'elles suivent scrupuleusement, sans écart ni même de surprise, le format et la construction-même de l'EP fait qu'on trouve en lui une sacré bouffée d'air frais. Libéré de toute chaîne conceptuelle, c'est réellement comme une sorte d'évasion de spontanéité qui nous enveloppe. The Solace System montre tout ce qu'est le style Epica de manière directe, sans chichis et avec beaucoup de concision – relative, le bestiau affiche quand même une demi-heure de durée – rendant l'appréhension et la digestion que plus aisée. Certes, les structures alambiquées et excentricités grandiloquentes (les chœurs tout particulièrement) sont toujours de mise ici mais il faut reconnaître que l'efficacité prime. Que ce soit sur les refrains (« The Solace System », « Wheel Of Destiny » très After Foreverien d'ailleurs et le Nightwishien « Dead Poetry »), les duels vocaux entre grunts et lyriques (« Fight Your Demons »), l'émotion dans le chant d'une Simone Simmons en pleine forme (le ballade tout en sobriété « Immortal Melancholy ») ou encore les guitares tranchantes (« Wheel Of Destiny »). Seul « Architect Of Light », sûrement le titre le plus lourd en arrangements complexes aurait pu avoir pleinement sa place dans l'album dont sont tirées ces présentes chutes de studio. Et paraît d'ailleurs légèrement hors-sujet au sein de The Solace System étrangement.

 

Certes, on n'ira pas cracher dans la soupe : cet EP conviendra sans doute bien mieux aux fans affamés avides de rab de The Holographic Principle. En revanche, The Solace System met en lumière un fait intéressant qu'Epica ferait peut-être mieux de suivre, à savoir, se délester d'un peu de sa grandiloquence et ses structures alambiquées. Pas que ce soit too much mais il est clair que l'essoufflement commence à se faire ressentir, comme l'a prouvé l'offrande long format précédente. Ici, en se coupant de toute contrainte conceptuelle, sans introduction, ni même d'interludes, l'EP offre une illusion de concision bienvenue à l'ensemble ainsi qu'un bol d'air frais salvateur et ce, même si les morceaux présents n'apportent vraiment rien de nouveau sous le soleil hollandais.

photo de Margoth
le 27/11/2017

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