Format - Empyrée

Chers Mathieu, Jérôme, Simon, 

Nous ne nous connaissons pas, mais je tiens à vous le dire : Merci !
Ha et puis merde. Je vous aime les gars !

Ok, j'm'emballe peut-être sur le choix des mots, mais il faut que vous me compreniez : dans la vraie vie, je suis fonctionnaire. 
Respectant scrupuleusement la loi, je suis tenu de garder mon avis pour ma pomme.
Le pire, c'est que lorsque je retire le costume d'agent de collectivité territoriale pour écrire une chronique, on me force à être objectif, sous peine de m'en prendre plein la gueule par un troll qui n'a toujours pas pigé que ce type d'article n'est qu'un avis parmi tant d'autres, qu'il est le sentiment d'un auditeur qui a juste pris le temps d'écrire. Bref, j'essaie toujours d'être le plus mesuré et "juste" possible. Or, ne pas balancer ce qu'on ressent est parfois frustrant.
Puis je vis avec une femme, alors vous imaginez bien à quel point je suis habitué à devoir fermer ma gueule ! (#MOUHAHAHA #humourlesgrossestêtes)

Bon, trêve de galégade.
Si j'vous déclare ma flamme, ça n'est pas pour vos beaux yeux. Enfin, peut-être le sont-ils, beaux, mais, sans déconner, "Empyrée" fait parti de ces découvertes qui rendent heureux. Mais vraiment hein ! 

Dans le monde chauvin des webzines, beaucoup ont tendance à pépom jusqu'aux boules des groupes dont l'album "n'est  pourtant pas fifou". Les auteurs sont juste gentils, ne veulent pas faire de vague, briser le moral des musiciens ou même s'attirer les foudres des fans (= la famille) du groupe.

Mais ce que je vous écris là, c'est sincère...et carrément subjectif.

En fait, je sais pourquoi je vous aime. C'est même né d'un coup de foudre, en un regard.
Encore une fois, pas pour vos tronches (décidément) ...mais pour la pochette.
Dans le style graphique des grandes fresques, gravures et autres représentations médiévales, vous avez su me charmer. C'est beau, réussi dans le style et extrêmement original. 

On dit souvent qu'au moindre faux pas, à la moindre déception, les coups de foudre meurent. Mais en 21 minutes vous avez su faire plus. Le deuxième temps de l'amour étant l'idéalisation, je pense que je suis en plein dedans lorsque je découvre votre math-rock. A aucun moment vous ne m'avez perdu. Jamais vous ne m'avez paru difficiles à suivre, et je pense que c'est là votre principale qualité : vous faites une musique assez complexe, issue d'une scène pour initiés que vous avez revisité sans la dénaturer. Peut-être n'en aviez-vous pas l'ambition affirmée, mais ça pue l'audace musicale sans en faire des caisses.

On peut se trouver secoué par votre énorme travail sur les rythmiques (il la cale où sa 3ème baguette votre batteur ?), partager avec vous le plaisir d'accélérer, ralentir etc. 
On se prend aussi en pleine face des riffs étourdissants, d'autres plus directs voire carrément rentre-dedans. Il y a également quelques contretemps afin de nous étourdir, mais aussi une foultitude d'autres choses intéressantes dans votre musique.

On reproche parfois à Coreandco de parler plus du "and co" que du "core". Ce n'est pas faux (et j'en suis partiellement responsable) mais c'est pour ça que j'aime encore écrire dans ce zine.
Pour vous, c'est pareil : lorsqu'on vous cataloguera avec d'autres groupes français de math-rock hyper-talentueux comme Pneu ou Papier Tigre et Marvin, lorsqu'on vous calera entre And so I watch you from Afar et Sleeping people...on ne vous aura pas encore vraiment totalement perçus... Peut-être même qu'on vous reprochera de ne pas être assez "ceci" ou d'être trop "cela".
Vous avez pourtant, simplement une personnalité bien affirmée, et ce, dès votre premier EP en y balançant des sonorités parfois plus noise ou "metal" que math-rock...
Résultat, pendant 20 minutes on se sent secoué, balloté dans tous les sens, mais ça rend parfaitement ! 

Enfin, contrairement à toute une flopée de bons groupes dans ce style, vous ne faîtes pas "vraiment" du math-rock. Je sais, je radote, j'ai écrit que vous aviez des influences extérieures, il y a deux lignes. Mais j'me répète volontairement pour bien souligner aux mecs qui lisent ce texte de traviole que votre musique est à des kilomètres des compositions impressionnantes, certes, mais un peu froides et chiantes qui sont l'occasion d'étaler du doigté et de la technique.
Dans votre cas, sur les 5 morceaux, il y a une véritable ambiance, un bel univers bien amené...

...mieux amené en tout cas que cet(te) lettre / chronique/ article, qui, pour une fois, ne cherche pas à convaincre un lecteur/auditeur. Cette prose s'adresse à vous, directement, et se fait sous le regard des visiteurs de ce site qui n'auront pas la pire idée de la journée en fourrant leurs oreilles sur ce que vous faites.
Parce que tout ça n'a qu'un seul objectif : vous dire "Bravo et merci messieurs", en espérant pouvoir continuer à vous aimer sur vos prochains travaux musicaux.

Tookie

le 17/02/2017