Godisdead - Just...Die

Chronique CD album (49:33)

chronique Godisdead - Just...Die

Des vols de goûter dans la cour de récré. Un pote qui galoche le 1er amour. Ne jamais finir Zelda : a link to the past. Avoir entendu jusqu'à l'âge de 8 ans qu'on est mignon, puis plus rien après. Perdre ses cheveux à 12 ans. Puer de la gueule. Ne pas digérer les artichauts et pourtant adorer ce fabuleux légume. Perdre sa virginité avec son animal de compagnie. Avoir fait pipi contre le vent avant un premier rendez-vous.

 

Je ne sais pas, il doit y avoir une expérience de ce type chez les mecs de Godisdead : on ne joue pas une musique pareille sans traumatisme. Les garçons ont, en plus, décidé de rendre leur colère contagieuse puisqu'on sort de cet album extrêmement intense, avec une envie de maraver le monde entier sans faire la moindre distinction.
Et cela tient à peu de choses.

Le groupe a gardé cette colère couplée à la misanthropie tout en s'éloignant de ses sonorités un peu blackisantes, toujours existantes, mais bien moins présentes que sur "II". Non, cette fois la fureur est plus brutale, plus "core" mais, elle se mêle avec bien d'autres styles représentés.
Dans ce melting-pot qui a vu ses ingrédients se transformer en un pot pourri, se mêlent donc du hardcore, du thrash, du death, du black, de la noise. Jusque-là, rien de bien surprenant : le précédent était déjà de cette race.

Le groupe diffuse toujours sa violence sans filtre : le son a d'ailleurs quelque allures (volontairement) un peu cheap, mais il donne un peu plus de force à cette mandale musicale plus hargneuse qu'un putain de yorkshire comme s'en trimbalent des vieilles biques.
Mettre "Just...die", c'est accepter de se faire engueuler pour pas un rond pendant 50min. C'est un peu comme aller bosser pour le SMIC. Comme un cours de Mme Ballard en 5e D (1997-1998) au collège Adam de la Halle : c'est injuste mais il faut faire front et se nourrir de cette saloperie crasseuse.
Croyez-moi, je suis la cible parfaite, et même si tu n'as pas eu Mme Ballard comme prof : tu l'es aussi.


Dans tous ces titres qui ne manquent pas de verve, se trouvent aussi des passages plus calmes. Je n'ai pas dit plus cools. Ils sont juste plus calmes, mais ne seront pas pour autant le foutu rayon de soleil de ta journée de merde.
Non, Godisdead a certes de beaux interludes qui séparent cet album en plusieurs temps, cela ne l'empêche pas de sortir derrière une crasse de 10 min comme "In chains".

Ha oui, parce que j't'ai pas dit : il y a une bonne et une mauvaise nouvelle.
J'commence par la bonne : Godisdead a décidé de toucher à l'electro.
La mauvaise : Godisdead a décidé de toucher à l'électro.
Le rendu défonce. Vraiment  ! Mais il faut s'être fait des oreilles dans un cuir aussi robuste que la boîte à baguettes de Sasha Grey.

 

Le groupe sait aussi me faire mentir avec de l'acoustique, en ne sortant jamais du poisseux, du malsain.
Il sait aussi, avec une lecture finement mise en musique et en ambiance, achever son oeuvre de mésaise, en guise de dernière piste.

Se réveillent alors des sentiments bruts découlant directement de la musique. Une part de moi, plus intellectuelle, songe à l'ingé son qui a du se démener pour enregistrer cette foutue mixture de styles. Si cette mission fut sans doute plus délicate que de s'épiler la raie avec les dents, les choix ont été judicieux et tout sonne de manière très "crue".

Une chose est certaine avec cet album : il est imprévisible, blindé d'inattendu, dégueulé de surprises. On ne se perd pas dans l'esprit pourtant très tortueux et torturé des français, c'est limpide et clair comme de l'eau de roche : ces mecs ont la haine...ou un truc qui y ressemble vachement...avec un furieux besoin de partager ce sombre sentiment.
Résultat : même si l'on ne t'a volé ton goûter dans la cour de récré, tu seras animé de cette même violence pestilentielle dont Godisdead est le père.

photo de Tookie
le 11/06/2015

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