Headless Crown - Time for Revolution

Chronique CD album (53:18)

chronique Headless Crown - Time for Revolution

Et si on se forçait à écouter autre chose, pour une fois? Episode 1

Nawak Metal, Death crapoto ou mélo, Thrash qui tâche, Djent progressif… Evidemment on pourrait rester éternellement derrière les solides fortifications des bastions stylistiques où l’on se sent le plus à l’aise, à l’abri des mauvaises surprises et des bâillements agacés. Mais de temps en temps il est bon d’aller voir ce qui se passe à côté, histoire de vérifier s'il n'y aurait pas une charmante princesse discographique dans le donjon de la forteresse voisine…

 

Quand on aborde un album d’un genre dont on n’est guère friand – en l’occurrence, ici, le Hard’n’Heavy de Grand Papy – le tout premier contact est crucial. Et il faut bien dire que l’abrasivité des 2 grosses guitares « qu’on-croirait-qu’elles-sont-en-train-de-gratter-des-plaques-de-taule-à-la-paille-de-fer » qui nous accueillent au début de « The World Screams » met bien en confiance. D’autant que celles-ci sont ‘de suite accompagnées d’une brève coulée lead au sein de laquelle perce un je ne sais quoi de Morbid Angel. Si si, promis. Mais brièvement. Et de manière diffuse. Par contre dès l’arrivée du chant de Steff, on est rétro-propulsé loin des terres extrêmes pour un retour vers les contrées d’ADX. N'empêche, c’est rugueux, c’est Rock’n’Roll, c’est combatif… On se dit que ça pourrait bien passer comme une lettre de Lemmy à la Poste des Enfers. Bon, le refrain de vieux bikers nous convainc un peu moins, mais la balance reste plutôt positive.

 

Et la suite va nous révéler qu’en effet, les Suisses de Headless Crown ne sont pas que des vieux routiers du Hard Rock des 80s, mais qu’ils ont également – voire même principalement – les pieds dans la NWOBHM. Du côté d’Iron Maiden notamment, des traces d’Eddie apparaissant assez nettement dans des compos comme « Here Comes The Night », « Lonely Eagle » ou encore « Be Seeing You ». Il faut dire que la basse de Mack Machet vrombit avec la dynamique et sur les mêmes fréquences que celle de Steve Harris, et que le chant de Steff, quand il ne va pas taper les aigus Halfordiens sur « Edge of Sanity », visite parfois le registre de Bruce Dickinson.

 

Maintenant, malgré les écoutes répétées et la certitude objective que les vieux baroudeurs fans de Saxon ou d’Accept en auront ici pour leur argent, difficile de croire qu’un petit jeune élevé au Deathcore ou au Pagan Folk ne trouvera pas ce Time for Revolution un peu ring’, et cocottant fort le fond de club de billard pour quinquas en cuir. Et même chose pour les lapins jaunes fans de Mr Bungle et Entombed. Parce que si le feu et l’amour du « wak haine ouhôle » brûle clairement dans l’âtre de nos amis Suisses, ces gimmicks de porteurs de perfectos et cette patine rétro donnent au tout un côté pépère qui fera bailler à se décrocher la mâchoire les blast beats addicts. D’autant que tout ça souffre également de quelques petits loupés, comme le refrain balourd de « Reach Out (For The Light) », comme la sucrerie gluante « Searching For My Soul » ou ces trop fréquents débuts de morceaux où une batterie tout ce qu’il y a de plus commune est inutilement mise en avant (cf. « Searching For My Soul », et surtout « Stranded »).

 

Du coup on aura tendance à juger ce premier album avec la condescendance du p’tit con fan de Cradle of Filth tombant sur la collec’ de vinyles de Johnny de son pater. Ce qui ne sera pas faire justice au groupe. Car s’il est vrai que Headless Crown ronronne plutôt qu’il ne tabasse, qu’il roule des mécaniques plutôt qu’il n’arrache les boyaux, ça ne l’empêche pas de proposer, outre le tout à fait sympa « The World Screams », un « Be Seeing You » qui devrait ravir les fans du côté le plus Prog de la Vierge de Fer, ainsi qu’un « Men Or Machines » final particulièrement roublard, tendu et menaçant – quoique ménageant suffisamment de place à une mélodie ample et poignante… Bref juste ce que l’on attend d’une conclusion d’album bien ficelée.

 

Bilan des courses: c’est sûr, ce n’est pas Time for Revolution qui va nous convaincre de courir nous acheter une Harley. Mais l’album sent bon le cuir vieilli sur les scènes des Monsters of Rock. Et puis c’est sympa de temps à autres – sans pour autant remonter jusqu’à Led Zep’ ou Deep Purple – de redescendre l’arbre généalogique du Metal pour se rapprocher du tronc et palper ces solides branches sans lesquelles il n’y aurait pas eu les merveilles qui squattent aujourd’hui nos écouteurs.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La chronique, version courte: Bandana noir sur la tête, perfecto et vieux jeans. Gouaille de quinquas revanchards. Rock’n’Roll, Hard et Heavy. Maiden, Saxon, ADX, Accept. Ronflements de moteur de Harley et gaz d’échappement. Time for Revolution n’a pas la fougue, la violence ni la modernité du Metal post-90s, il n’est pas non plus sans défaut... M’enfin il est loin de sentir le sapin. 

photo de Cglaume
le 20/07/2016

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