How to destroy angels - How to Destroy Angels

Chronique CD album (29 minutes)

chronique How to destroy angels - How to Destroy Angels

Note: Avant toute lecture de ce qui suit, veuillez vous installer confortablement dans votre fauteuil, avec le Ep de How to Destroy Angels dans les oreilles. Merci.


Désert du Nevada, sur une route interminable, une décapotable roule à vive allure, laissant derrière elle un nuage de fumée rouge. Elle double un camion allant à une vitesse trop faible pour elle. A l’intérieur, M,  une jeune fille aux cheveux blonds, longs, lunettes de soleil sur le nez. L’autoradio joue  «The space in between». La douce voix de Mariqueen Manding accompagne la rythmique typiquement industrielle de Trent Reznor. Ce n’est pas la conductrice qui guide la voiture, mais l’inverse, et pour le moment la destination lui est inconnue, mais être loin, très loin d’ici est le seul but de cette escapade. Sur cette route, seule, à l’exception de quelques coyotes, morts, sur le bord, elle repense à avant, à sa vie avant ce soir...

Larsens et beats qui cassent les oreilles, «Parasite» commence bien, histoire que la migraine reste accrochée à la tête tel un pou à des cheveux dégueulasses. Puis une voix limite androgyne prend le relais, un mélange de Reznor et de  Mariqueen Manding, pour hypnotiser un peu plus cette conductrice complètement «aveuglée» par les larmes qui coulent au souvenir de ce que sa vie, son ancienne vie, a été et ne sera plus. La rythmique de «Parasite» devient de plus en plus oppressante à tel point qu’elle se sent obliger de crier, fort, très fort, trop fort,  au point de sentir le goût du sang dans sa gorge. Cette fin, qui lui rappelle quelque peu Nine Inch Nails, la pousse à appuyer sur l’accélérateur de façon plus soutenue. Et ce n’est pas ce qui suit qui va lui faire changer d’avis...

Las Vegas est remplie de clubs de ce genre, clubs où la nudité est la principale règle, surtout pour les «acteurs». M. fait partie de ce genre de monde, avec ses mensurations quasi parfaites, même si elle aimerait avoir des jambes un peu plus fines, ses cheveux longs et blonds à la limite du blanc, elle était «faite» pour ce monde de la nuit, pour lequel il n’y a aucun interdit. Aucun interdit, mais les limites sont présentes quand même. Danser sur une barre s’apprend et elle a mis du temps à maîtriser la chose, mais elle est devenue une professionnelle avertie. Et se dévêtir ne la dérange plus non plus, l’argent est tellement facile alors pourquoi s’en priver? Si ce corps peut servir à vivre, à se payer la coke, et à profiter de la vie en général, autant le faire.

«Fur lined» et son sample «dansant» commencent à lui battre dans les oreilles et à lui rappeler à quel point cette vie était bonne. Elle se revoit sur cette scène habillée en working girl, elle revoit ces visages d’hommes la regardant et imaginant ce qu’ils pourraient bien lui faire si elle était au lit avec eux. Les pauvres... Si ils savaient ce qu’elle pensait d’eux. Les hommes ne l’intéressaient pas, elle préférait quand c’était leurs femmes qui la regardaient, car oui certains venaient avec leur femme, et elle prenait un malin plaisir à exciter les hommes en allant vers leur femme.  La voix de Mariqueen Manding l’excite encore un peu plus. A chaque fois que c’était son tour d’entrer en lice, c’était sur ce morceau qu’elle faisait son show. L’ambiance y est festive, entraînante, et la coke qu’elle prenait avant de se produire, pas énormément, juste ce qu’il fallait pour faire un peu plus que les autres filles, l’aidait à devenir un peu plus folle à partir du milieu du morceau, lui aussi hypnotisant. Elle demandait toujours à ce que la lumière baisse avant la fin du morceau, pendant que la guitare martelait les derniers accords.

Mais pourquoi partir alors que cette vie lui plaisait, même si ses parents la croyaient croupière dans un casino? Elle finissait généralement vers quatre heures du matin, en même temps que deux autres filles. Celles-ci étaient toujours accompagnées d’un molosse de la sécurité, histoire de ne pas avoir de problème sur le parking, avec des clients un peu trop contents de ce qu’ils avaient vu quelques minutes auparavant. M. sort du parking, fait un signe de la main aux autres filles, et tourne à gauche, comme tous les matins. Elle habitait une maison à vingt minutes du centre de Las Vegas, question de tranquillité, mais également pour ne pas avoir à faire avec la folie permanente de cette ville, même si celle-ci vit plus la nuit que le jour.  

«BBB» et son sample limite malsain retentissent dans la voiture, toujours dans ce désert qui s’étend à perte de vue. M. ferme les yeux au son de cette voix limite cybernétique de Mariqueen Manding. Elle se souvient alors qu’à mi-chemin, après être sortie de Las Vegas, elle a aperçu une voiture de police dans le rétroviseur, les gyrophares allumés et lui faisant comprendre que le côté de la route allait être un parking improvisé pour un petit contrôle de routine. Elle gare la voiture, puis éteint le moteur, tandis qu’elle regarde derrière elle et ne voit quasiment rien, les phares du flic l’aveuglant complètement. Elle entend la porte de l’autre véhicule claquer, et les pas de ce qui n’est encore qu’un agent de police, se rapprochant. Ce son, le son que font les bottes en cuir des flics, elle le connaissait bien, elle se faisait suffisamment contrôler pour faire la différence entre des bottes normales et celles-là. Le flic lui demande de sortir de la voiture et de mettre les mains sur le capot, tout en lui éclairant le visage avec sa torche. Elle demande des explications, attend la réponse qui ne viendra jamais...
Ses mains sont posées sur le capot, comme demandé, elle tourne le dos au flic, les jambes écartées. «BBB» retentit toujours dans la voiture, lorsqu’elle sent le flic se rapprocher, puis sans qu’elle s’en rende vraiment compte ressent une vive douleur derrière la tête. Elle met la main par réflexe et s’aperçoit qu’elle pisse le sang, mais est trop étourdie par le choc pour réagir. Le flic se colle à elle, lui glisse la main sous sa jupe, et commence à déboutonner son pantalon, et se colle encore plus à elle, pour qu’elle sente son excitation.
M. bien qu’étourdie essaie de retrouver un minimum de lucidité. «Quelle connerie d’avoir pris de la coke ce soir» se dit-elle. Pendant que ce fils de pute de flic commence à prendre son pied, sans l’avoir encore pénétrée, M. en bougeant les mains devant elle, trouve la lampe torche dont le mec s’est servi pour lui éclairer la gueule quelques secondes plus tôt. Elle l’attrape et dans un geste aussi soudain que brusque, elle se retourne, et le frappe au visage, ce qui le fait tomber à terre. Pas le temps de s’apercevoir qu’il pisse le sang, M. lui assène un deuxième coup de torche en pleine face, son nez explose littéralement, et la douleur est plus intense. «BBB» retentit encore dans l’autoradio, et fait mal à la tête. M. fait éclater sa rage sur le policier, le roue de coups de pieds, dans le ventre, dans ses parties, puis dans un élan de rage, lui prend son arme, accrochée à sa ceinture et l’achève de deux balles dans la tête.
M. ne panique pas outre mesure, prend soin de remettre sa culotte et remonte tranquillement dans sa voiture, puis démarre.

«The Believers» la transporte loin de cette scène, qu’elle ne trouve pas si atroce que ça, mais qu’elle aimerait oublier rapidement. M. a une certaine facilité à tourner la page quand quelque chose ne lui plait pas, ou que le vent ne tourne pas dans son sens. Le calme électronique du morceau l’aide à recouvrer ses esprits, la voix de Mariqueen Manding est toujours aussi envoûtante, et on sent que Reznor s’amuse pleinement avec ses synthés. Comme les paroles de fin du morceau, «We’re the ones that still believe», M. croit que tout est encore possible, et qu’il faut voir les choses de manière positive. Mais pour encore combien de temps?

Trois semaines ont passé, et la situation n’est pas vraiment rose pour M. La police sait que c’est elle qui a tué ce flic sur la route, un soir de juillet, et elle est recherchée. La drogue et l’alcool sont les recours les plus faciles pour essayer d’oublier tout cela, mais ce n’est pas suffisant. Elle décide de prendre sa voiture pour une promenade sur les collines d’Hollywood. Alors qu’elle s’arrête à un feu, la musique à un volume sonore plutôt conséquent, avec «The Drowning» dans les haut-parleurs, une voiture de police s’arrête à côté d’elle. M. est une femme magnifique, et cela n’échappe pas aux deux flics, surtout au conducteur. Ce qui ne leur échappe pas non plus c’est que ce visage leur est familier. M. croise leur regard, et cela ne fait plus aucun doute, les trois protagonistes savent, en une seconde ce qu’il se passe dans leur tête. M. démarre la voiture sans même attendre que le feu soit vert. La voiture de flics fait demi-tour, une course poursuite commence dans les rues sinueuses d’Hollywood, et M. ne sait vraiment pas où cela va la mener. M. ne veut pas se faire prendre, car si c’est le cas, c’est la chaise électrique direct. Peu importe qu’elle raconte les faits, et ce que ce fils de pute a voulu lui faire, elle l’a tué et c’est ça qui compte. «The Drowning» retentit de plus en plus fort dans ses oreilles. Les synthés de Trent Reznor deviennent plus présents, et recouvrent presque la voix, les guitares leur emboitent le pas, pendant que la voiture derrière elle se rapproche.
Les flics décident d’en finir, et commencent à taper le cul de la voiture de M. Celle-ci ne panique pas, et arrive à contrôler son tacot. Mais elle comprend aussi que la fin est proche... Elle regarde autour d’elle, le vide, et Los Angeles en arrière plan. Quoi de plus jolie vue pour en finir avec toute cette folie? D’un coup de volant soudain, elle défonce la barrière de sécurité, et plonge pour un dernier saut, les mains sur le volant, et le sourire aux lèvres. Ses dernières pensées vont à cette vie qui a basculé en un mois, et qui aurait pu être pire. Finalement, cette noyade, qui pourrait être synonyme de sa vie, aura duré peut-être un peu trop longtemps...

Ce que vous venez de lire est le fruit de l’imagination d’une personne, chroniqueur à ses heures perdues, et très bien aidé par cet Ep de How to Destroy Angels. Ceci ne reflète en rien ce que Mr Trent Reznor a imaginé en écrivant les morceaux. L’interprétation personnelle de ces six chapitres a été librement posée ici, et si cela n’est pas du goût de tout le monde, libre à vous de fermer les yeux et d’imaginer votre propre histoire...
 

photo de Jull
le 10/09/2010

7 COMMENTAIRES

mat(taw)

mat(taw) le 10/09/2010 à 09:16:09

j'aurais voulu lire ce type d'histoire inspirée d'un album de Khanate ou Pig Destroyer.

Jull

Jull le 10/09/2010 à 11:36:58

ou pas... Mais on peut essayer. sinon regarde Pirahna 3D!

mat(taw)

mat(taw) le 10/09/2010 à 13:48:06

j'hésitais mais bon... Aja quand même, j'irai ptet le voir pour me marrer

Ukhan Kizmiaz

Ukhan Kizmiaz le 10/09/2010 à 22:07:45

James Ellroy est fan ;-)
5 étoiles Jull et enfin une belle chronique sur ce disque, j'ai cru être le seul à l'apprécier.

vkng jzz

vkng jzz le 11/09/2010 à 10:47:36

honnetement j'ai pas lu la chro, trop longue... en sachant que le disque est vraiment très bon. uine sortie qui me déride, top 2010 encore une fois. reznor president

cglaume

cglaume le 12/09/2010 à 12:34:32

T'es sûr que les routes sont sinueuses à Hollywood Jull ? :))

Jull

Jull le 12/09/2010 à 15:44:08

hehe ouais pour y etre aller et m'etre perdu dans les collines... oui je confirme...
mais peut etre aussi est-ce une metaphore... ou pas... enfin moi je dis ca
bref

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