KafKa - Geografia

Chronique CD album (01:10:02)

chronique KafKa - Geografia

L’œuvre du Pragois (qui donne son patronyme au groupe) est à la littérature ce que la politique intérieure est à la Belgique : Surréaliste – au-delà du réel. Bien malin pour qui s’intéresse au sort d’une population semblable à la région de l’Île-de-France, de comprendre les enjeux, les arcanes de son devenir. Tout est sur la table – expression galvaudée mais juste – et on n’y retrouve pas l’essentiel. L’auteur, lui aussi, par un vocabulaire précis, parvient à mettre en forme les pérégrinations de ces  héros – du je – sans que le lecteur arrive à en saisir toutes les nuances, puisqu’il entre dans les aventures. En ce sens, les politiques belges (choisissez votre adjectif) délaissent de plus en plus le sens de l’Etat, le sens de la gestion de la vie dans les cités, au profit d’une organisation sinistre où la bureaucratie et la société impersonnelle ont de plus en plus de prise sur l’individu. Belgique = laboratoire de l’Europe. L’œuvre est riche mais garde un goût d’inachevée.

 

GeografIA arrive à point nommé pour figurer comme la bande-son idéale du ressenti amer qui habite de plus en plus de gens, des quidams, à nous demander où nous allons face à ces chemins déviés et déviants. Les ambiances floydiennes se prêtent favorablement à un temps de pause, de réflexion sur notre condition humaine. De Pink Floyd, on s’attarde ici davantage à More (1969). Bande-Son pour le film de Barbet Schroeder qui met en scène un jeune allemand initié aux drogues par une américaine. Allégorie hippie sur l’influence de l’Oncle Sam de l’après plan Marshall. Le mode de vie, les centres d’intérêts, ce qui sera important dorénavant.

 

D’emblée ce qui marque les esprits à l’écoute du disque, c’est un sentiment d’espace, d’espace et de liberté. Le trio auvergnat affectionne Ennio Morricone, et le vent des terres arides souffle le chaud ou le froid de la nuit sur des pièces bien installées dans le genre post-rock. Pas le grand fourre-tout, mais le rock d’après, le rock mutant qui s’acoquine avec des digressions progressives et des nerfs psychédéliques, le rock qui s’associe au jazz parfois pour en faire un disque vagabond, touchant. Dans le genre, on note aussi une dimension spectaculaire, en super-8.

Nous n’avons pas à faire aux premiers venus. L’implication est tangible, l’inspiration nourrie et digérée.  Ils ont eu l’occasion de travailler en résidence avec Nosfell – un autre mutant – sur les vertus du psychédélisme. La composition de GeografIA est à l’origine destinée à un spectacle de danse, chorégraphié par Franck Micheletti. Espace et liberté. C’est à Pyromane Records, le label de Patrick Tad Foulhoux, qu’incombe la responsabilité de donner une source de diffusion suffisante pour cette expérience marquante.

 

 Oui, tout est sur la table, sur la gravure. Inutile de détacher l’un ou l’autre titre, ce disque s’écoute dans son intégralité avec quelques imperfections – facilités-  diront certains mais avec un bonheur égal. Kafka pourrait bien être un laboratoire qui garde un goût d’inachevé, qui pose le doute autant que la contemplation. Kafka où lorsque la musique se donne à voir, à vivre.

photo de Eric D-Toorop
le 10/02/2011

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