Lessen - A nebulous being

Chronique CD album (57:00)

chronique Lessen - A nebulous being

On va dire que je ramène trop facilement les choses au sexe (c'est en tout cas un reproche que l'on me fait depuis l'école primaire), mais l'analogie entre un bon disque et un coït réussi me semble inévitable : 
-Il faut deux personnes prêtes à se rencontrer. Un groupe qui sache répondre aux attentes de l'auditeur. Un auditeur suffisamment ouvert à tout ce que le groupe va proposer.
-Certains groupes ont beau utiliser toujours la même parade : les auditeurs accrochent toujours. C'est comme retourner voir un bon vieux plan cul.
-Parfois tu as honte d'aimer certains disques. (C'est bon, tu le vois le visage de l'ex dont tu n'es pas fièr(e)) ?
-Dans certains disques, tu passes de supers moments mais à d'autres tu te fais incroyablement chier...et tu décroches. (Si tu vois ce que je veux dire...)

Alors quand le lecteur affiche 57 minutes pour un disque, c'est un sourire un peu coincé qui se dessine sur le coin de la gueule de l'auditeur : même si c'est carrément bon, ça risque d'être un petit peu trop long. 


Et ça ne loupe pas. Arrivé à "Above us", on décroche. Un sympathique mais lente intro de 3min30 crée un creux : certains arriveront à remonter la pente plus tard, vers le surprenant "A piece of heaven" alors que d'autres seront à fond dans le truc (j'en ai fini sur l'analogie sexuelle depuis quelques lignes hein) et iront jusqu'au bout.

Ce creux au deux-tiers de l'album n'empêche pas de trouver "A nebulous being" foutrement étonnant et réussi. Passé ce "mur", il ne reste plus qu'à se laisser aller jusqu'au bout de dernières pistes, les plus massives mais aussi les plus prenantes.

Mais avant d'en arriver là, on navigue dans une ambiance Postcore-core (y'a pas de faute) brut, sec, direct, sans cesse balloté par les deux facettes des montpelliérains.
Tantôt violente, hyper-agressive, voire carrément enragée lorsque les guitares hurlent aussi fort que le chant
Tantôt calme, posée, avec des arpèges aériens et des spoken words ou une voix fluette.


Dans cette tempête soufflent des vents contraires dont la violence est tempérée par l'introduction et l'interlude sur la pénultième piste : deux temps calmes pour mieux marquer la puissance des 7 autres morceaux.
On retrouve tout l'esprit du postcore avec cet atmosphère pesant et cette découverte du disque en plusieurs temps. C'est au fil d'écoutes que se décante ce disque pour laisser apparaître plusieurs niveaux de lecture et une réelle profondeur. S'il cède parfois à la simplicité en opposant deux univers (la face calme / la face bourrine), Lessen s'efforce de créer une ambiance dans laquelle se mêle d'autres genres. Un toucher black (l'entrée en piste d' "A piece of heaven"), des petits bouts plus metalcore, des structures prog' : Lessen en a sous le pied.
Si cela manque parfois de finesse et s'avère presque maladroit (quelques clichés usés jusqu'à la corde par des spoken words ("One more rise") et des arpèges prévisibles) : cette petite heure a tout de même de quoi mettre de sévères claquots.

Mises en valeur par un son froid, un peu clinique mais qui colle parfaitement à l'ambiance, les compos, une fois lancées sont presqu'irrésistibles.
Les deux gros morceaux de clôture feront friser la boulimie aux moins résistants, mais ils sont aussi les deux plus belles pièces d'un disque au lancement quasi-parfait. La lourdeur à la Cult of Luna (en plus brutal) de "Manu faced god" est un lancement idéal pour happer l'attention. 
Bien qu'il y ait le risque de se perdre dans le ventre mou de cet album, il serait con de lâcher l'affaire : "A nebulous being" peut aussi bien s'apprécier d'une traite, qu'en scindant l'écoute en deux temps...et ce, sans lui manquer d'honneur.

photo de Tookie
le 26/07/2017

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