Negative Self - Control The Fear

Chronique CD album (45:09)

chronique Negative Self - Control The Fear

Quand un ex-chanteur de Dr. Living Dead! s'en va vers d'autres horizons, c'est pour faire du... thrash crossover pardi ! C'est que lorsqu'on est plongé à la naissance dans la marmite Suicidal Tendencies, ça marque et colle au cul. Quand bien même ça paraisse de nos jours un tantinet démodé, le bandana, le bermuda et le skate, c'est tout un art de vivre, ringard ou non. Et à ce niveau, on ne lui jette pas la pierre, il n'y a rien de plus 90's qui ressort des Suédois de Negative Self. Avec une petite lichette de 80's en plus.

 

D'abord pensé comme petit projet loisir, il semblerait que les Scandinaves aient revus leurs prétentions à la hausse : il s'agit maintenant d'un combo investi pour aller plus loin qu'un simple jet pour le fun. Même si, contrairement à son intitulé et le patronyme du groupe pourrait le laisser présager, Control The Fear, second opus de la formation, se veut être une vraie petite décharge d'énergie et de bonne humeur. Certes, il y a peut-être un peu de dark qui traîne, histoire de ne pas paraître trop niais mais pour ce qui est de négativité, ça s'arrêtera là. Parce qu'écouter Negative Self, c'est se mettre tout guilleret pour la journée : tu enfiles ton bandana, tu sors de chez toi et tu bouscules gentiment ce gamin en skate qui passe devant toi et qui n'avait pourtant rien demandé, afin de t'approprier son véhicule. Un peu comme dans les grandes heures de gloire de Mike Muir & co quoi...

 

Contrairement au mastodonte du genre, Negative Self paraîtra d'autant plus guilleret qu'il se veut moins hardcore dans son thrash se complaisant autant dans des tempos modérés que dans la vélocité, préférant privilégier un feeling hard rock qui parlera sans mal aux amateurs de Mötley Crüe, sentiment d'autant plus renforcé que le timbre vocal rappelle quelque peu celui de Vince Neil. En bref, plus qu'à ranger les scalpels ayant scarifié les poignets durant l'écoute de My Dying Bride la veille, et place au grand bol d'air urbain et au squat de skatepark, pack de bières posé au pied et joint entre les lèvres, rouler et piétiner à droite à gauche, tout en frictionnant virilement ses potes en toute amitié. Du plaisir simple, sans prise de tête et sans prétention émane de Control The Fear.

 

Une galette qui montrera d'ailleurs autant de bons visages que de points noirs. Son côté linéaire, avec pas mal de moments un peu creux qui feront décrocher, voire trouver ces 45 minutes un peu trop longues. Toujours les mêmes schémas, les mêmes tempi représentés. A la limite, seul ce « The Pain Returns » de clôture donnera l'impression de vraiment sortir des sentiers battus avec son intro électro-acoustique, sa plus grosse lourdeur et son accélération crescendo. Et pourtant, malgré tout, aussi handicapant ce constat puisse-t-il être, on ne peut que le regarder avec des yeux doux et bienveillants. Parce que derrière le remplissage qu'on aura tôt fait d'écouter d'une oreille distraite, il y a des vrais bons moments qui font du bien. Du riffing thrash galopant par-ci (« Underneth The Wave », « Drawning Blood », « Control The Fear »), du chœur Heinekken virilo-core qui donne envie de lever le poing en l'air en prenant son pote par l'épaule par-là (« No End », « No Common Ground ») ou encore du refrain qui poutre grave (« A New Beginning ») ou quelques lorgnes hard rock fédérateurs (le riff post-pont de « No End » ou celui post-solo de « Control The Fear »).

 

Après, aussi charismatiques peuvent sembler ces bons points, est-ce suffisant pour tout pardonner ? Hormis pour le mono-maniaque du genre, pas vraiment. Control The Fear, c'est plutôt ce disque que l'on sort en toile de fond lorsque le contexte s'y prête. De même qu'on ne va pas condamner Negative Self trop vite car même s'il peine à user de variété et de renouvellement dans son propos sur disque, il y a fort à parier que les Suédois peuvent prétendre envoyer sa sauce de manière beaucoup plus convaincante sur les planches. Parce qu'il faut le reconnaître, en festoch' au milieu de tout plein de tatoués musclés des bras et gras du bidou ayant porté la permanente lors de leurs jeunes années, le bandana vissé sur la tête, ça pourrait vraiment prendre une autre dimension.

photo de Margoth
le 04/05/2018

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