Niboowin - Breathing

Chronique CD album (28:00)

chronique Niboowin - Breathing

Niboowin naît en 2016 sur les cendres de l’épique et trop méconnu groupe Screamo Blackisant Old Soul, lui-même excroissance des formations Hardcore Rejiem et Capacitor. Plusieurs raisons participeront à la disparition du remarquable combo Old Soul et notamment la mort brutale de son chanteur Casey Long à l’instar de James Lynn Strait de Snot. Ce seront donc Mickey Baugher, membre fondateur mais éphémère de Niboowin et son ancien complice de Old Soul, Jimmy Stellwagon (dit Jimmy Danger) qui seront à l’initiative quant à la fondation de Niboowin.

 

Niboowin qui signifie littéralement « mort » dans la culture amérindienne « Ojibwe », peuple parqué dans la région du Michigan dont sont aussi issus la plupart des membres du Combo, sort donc il y a un an ce sombre, catastrophé et bouleversant Breathing. Un album à la croisée des chemins avec des inspirations Screamo, Black Metal, Hardcore chaotique, Crust ou encore Heavy. Vous comprenez donc bien l’enjeu et le challenge qu’a pu représenter l’écriture de Breathing surtout en termes de cohérence musicale. Se réclamant de groupes tels que Envy, Converge, ['selvə] ou encore Pg.99, les Américano-Suédois (le bassiste vit en Suède) de Niboowin réussissent ce petit exploit sur Breathing d’amalgamer les différents courants dont ils se revendiquent, pour un rendu efficace et qui prend vraiment aux tripes.

 

L’album s’ouvre dans un cri éperdu sur « Resting Peacefully » et sous un déluge de Blats Beats qui pose d’entrée de jeu une ambiance atterrée et sombre au possible. S’ensuit une progression mélodique de quelques minutes dont on se délecte déjà et dont les retombées émotionnelles se font irrésistiblement sentir. A l’instar de leur référence majeure Envy, Niboowin trouve souvent l’épique et le bouleversant tant le riffing à la gratte est un concentré de mélodies ténébreuses et mélancoliques. « Raided » et son parti pris Black Metal avec ses insertions Screamo voir par moments Crypto-Heavy est un titre qui pullule de bonnes idées. On compte aussi sur ce morceau un passage qui fait beaucoup penser à l'Emo Crust de Remains Of The Day. Selon moi, c’est la plage la plus ingénieuse et exhaustive stylistiquement de Breathing. On enchaîne avec « Careless Conscious » et la désolation de son chant qui atteint son paroxysme esthétique tant l’horreur et le drame sont palpables. Sentiment et impression renforcés par des back vocaux puissants et arrachés. Sur « Careless Conscious », comme sur le skeud dans son intégralité, le chant des deux camarades de Niboowin est esthétiquement très efficace, déchirant et épique ça ne fait aucun doute là-dessus. Les plages se succèdent à un rythme très soutenu, la faute à un batteur plus véloce que technique. « New Dawns » ralentira tout de même le tempo avec un morceau singulier par rapport au reste, qui nous embarquera vers un horizon toujours aussi dense et obscur mais davantage typés Post-Hardcore à la AmenRa. Le titre qui suit « Eager Burden » est du même acabit, même si son final très Black relance le groupe vers une conclusion d’album qui s’annonce toute proche, à mon grand regret. On repart donc sur les chapeaux de roues avec « silhouette » et son intro très Convergienne. Les références sont toujours mises à l’honneur sur Breathing sans pour autant que le groupe ne tombe dans la singerie la plus grossière. « Chasing Sanctuary » et son entrée en matière nous rappelle les mélodies mélancoliques et éthérées de Envy, on s’attendrait presque à l’intervention de Testuya et à ses très intimistes Spoken Words. L’illusion est totale.

Et voilà, on arrive au bout de ce fameux et poignant Breathing, un LP qui se conclura de la meilleure des manières, à savoir sur « Ashes Ignite And Awaken » et ses accords assommoirs finaux, couplés à quelques arpèges mélodieux. Un final à l’image de cet Opus : Epique.

 

Niboowin est un groupe à géométrie variable mais dont le propos musical est d’une assise et d’une cohérence esthétique à faire pâlir ceux pour qui l’esprit de synthèse n’est pas une panacée. De couleur noir vif, ce Breathing est déchirant à souhait et d'un romantisme screamo profond et imparable.

J’aurais aussi pu parler des engagements du groupe mentionnés sur Breathing et notamment pour la cause des minorités amérindiennes. Des minorités séculairement oppressées par l’Etat et réduites à peu de choses. Grande pauvreté, ghettoïsation, errance, alcoolisme, troubles psychiques, suicides… Une réalité sociale de mort qui n’inspire que l’horreur et la désolation. Des sentiments que l’on ressent souvent à l’écoute de Niboowin. Heureusement qu’il existe comme dirait Jimmy Danger, des passions heureuses nous permettant de lutter contre nos difficultés à être et à vivre dans un monde toujours aussi pérave.

photo de Freaks
le 05/04/2019

3 COMMENTAIRES

pidji

pidji le 05/04/2019 à 16:21:22

Pa si simple d'accès celui-là !

Freaks

Freaks le 05/04/2019 à 17:13:36

La faute à des plans un peu retors...

Freaks

Freaks le 05/04/2019 à 17:14:54

mais qui se fondent bien à l'ensemble...

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