Novallo - II

Chronique Maxi-cd / EP (21:30)

chronique Novallo - II

Je fais des découvertes sur Bandcamp, épisode #84403

 

Quand on a fini de tirer tout le jus d’un genre donné – parce que nos goûts évoluent, et que les gimmicks qui autrefois nous mettaient en émoi nous donnent aujourd’hui envie de tuer des chatons à mains nues –, il est en général peu probable qu’on s’y risque à nouveau. Du moins dans les premières années après que le trop plein ait été atteint. Parce qu’on fuit systématiquement tous les emails, posts Facebook et autres pubs qui mettent en avant le genre tombé en disgrâce. Parce qu’on évite les chroniques et articles qui y font référence, tout comme les sorties récentes des têtes de pont qui ont fini par nous gaver méchamment. J’avoue que ça a été plus ou moins mon cas avec le Djent. J’ai fini par en avoir ma dose de ces riffs télégraphiques au sein desquels on a l'impression d'entendre plus de paquets d’octets que d’élégantes harmoniques.

 

Mais il peut néanmoins exister une brèche dans le mur dressé entre vous et l'univers musical devenu hostile. Cette brèche, ce sont les potos qui ont le pouvoir de la faire apparaître. Ceux qui ont des goûts proches des nôtres et qui, nous poussant du coude – « Hé, mate ça, je te connais: tu vas kiffer! » –, peuvent nous ramener en ces terres que l’on s'était promis de ne plus jamais fouler. Avec Bandcamp, on peut vite se retrouver à suivre des mélomanes ayant un grand nombre d’albums en commun avec les nôtres. Du coup on est tenté de guetter les prochains achats de ces web-compagnons. Et parfois on se laisse donc avoir, loin de nos univers de prédilection, à retourner fréquenter ces ex- qu’on évite pourtant comme la peste en temps normal. C’est ce qui s’est passé pour moi avec II, de Novallo. Parce que ce bon sang d’EP figurait sur la liste de plusieurs contacts. Et que – eh, mais c’est top ça! – il affichait de beaux tags « experimental », « funk » et « fusion » en bas de page.

 

... Bon dieu qu'il est sain de ne pas rester trop borné!

Parce qu’il aurait été sacrément dommage de passer à côté de cette petite bombe!

 

Alors ok, ne nous voilons pas la face:

* II est enrobé dans une prod’ moderne, aseptisée, qui sent fort la clinique du Dr Misha Mansoor. Mais bon, honnêtement, un son necro-magnon ne collerait vraiment pas à l’ambiance

* Sam Gitiban est doté de ce genre de voix « Back To School » qui rappelle que les années cartable ne sont pas si loin que ça. Mais là où chez Periphery les minauderies adolescentes atteignent des sommets qui donnent envie de distribuer les heures de colle, chez Novallo nul trémolo plaintif d'un Kevin-qui-s’est-fait-larguer. Le chant « djeunz » passe relativement bien

* Un clavier buzzy s’invite souvent à la sortie des enceintes… Mais il prend rarement le pas sur les éléments plus « Rock »

* « Wake » rappelle les froides intros cybernétiques d’Amogh Symphony sur The Quantum Hack Code

* Oui, ça balance parfois du riff quantique, sur « Sideways Bird » par exemple

Bref, ces éléments qui ont fini par nous faire sortir le Djent par les yeux ne sont pas totalement absents de ces 20 grosses minutes…

 

... Donc BEUUUUUUUURK putain!

Non?

 

Oui, mais en fait non. Car Novallo est espiègle. Novallo groove et swingue. Novallo veut que ça transpire sur le dance-floor de Ready Player One. Si les robots veulent de la zic qui convienne à leur carte-mère, qu’ils s’adressent aux habituels papes du Metal 2.0! Car malgré les points listés un peu plus haut et cette manie de nommer ses sorties I, II & co comme Periphery, Novallo a en fait bien plus en commun avec Destrage. Voire même – vu comment ça bouge du popotin sur l’excellent « Betty Phage Goes To Bronxton » – avec les superbes zigotos d’Osaka Punch. Mais oui! Comme quoi on est loin du Metal pour expert-comptable!

Et puis ici les couleurs sont variées. Car après ce tube qui chauffe le boule, les Américains balancent un « I Am » divin dont le clavier, certes, nous ramène dans les 80s, mais pour livrer l’une de ces mélodies imparables qui vous enrobent d’un costume à paillettes et de lunettes de soleil interdisant toute autre action qu’une séance de déhanché torride. D’autant que tout ça repose sur un monstrueux grésillement de basse qui picote les extrémités sensibles. Et si « Sideways Bird » s’avère moins exemplaire, « Give Gravity a Choice » réussit l’exploit de nous faire apprécier une séance de câlinous adolescents – qu’on aurait en d’autres circonstances généreusement conchiée. Mais le talent, voyez-vous, ça ne s’explique pas…

 

Alors est-ce parce que « Tant va Navallo qu’à la fin il se casse » que le groupe n’a pas donné de vraies nouvelles depuis 2015? Se sont-ils tirés ailleurs? Au Sénégal peut-être? Mais non, ça ne nous est pas égal: c’est sacrément dommage qu’après un EP semblant annoncer l’arrivée d’une bombe nucléaire longue durée, ils nous laissent ainsi la queue entre les jambes (… ce qui n’est pas si anormal, pour un lapin mâle, notez). Mais on garde espoir, car ça semble bouger encore un peu sur la page Facebook du groupe. Promis: on vous tient au jus si ces chenapans décident d’arrêter le skate pour reprendre leurs instruments…

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La chronique, version courte: II propose 5 titres de Metal moderne, oui. Et si on en chope 20 secondes, au hasard, et qu’on n’a pas de chance, c’est vrai qu’on peut avoir l’impression d’entendre un Periphery-wannabe. Sauf que la vérité c’est que les gars de Novallo sont bien plus proches des fous-furieux de Destage, qu’ils font drôlement groover leurs compos, et qu'ils savent composer de drôles de tubes sacrément variés. C’est qu’ils sont arrivés à me faire mettre plus de 8/10 à un album quasi-Djent avec du chant claire adolescent! Des sorciers, je 'vois que ça…

photo de Cglaume
le 04/06/2018

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