Whisper Night - Burning Minds

Chronique Maxi-cd / EP (22:03)

chronique Whisper Night - Burning Minds

Je me souviens qu'on s'était payé une belle tranche de rire avec des amis lorsqu'on a découvert que la Mayenne avait son propre drapeau. Comme finalement toute région, sauf que certaines ont tendance à l'arborer à tout bout de champ alors que d'autres appartiennent davantage à un passé plus ou moins oublié en même temps que la plupart des patois locaux. Grande surprise de voir ce-dit étendard : prenez celui de Bretagne et celui de Normandie, fusionnez tout ça avec de la teinte bleue, emballez et c'est plié. Rajoutez à cela ce fameux fromage qu'est « Le Bon Mayennais » que tout à chacun se doit d'avoir vu une fois dans les étalages des supermarchés – et dans le tiroir malodorant du frigo de mamie – qui n'est autre qu'une simple fumisterie de notre bon camembert de Normandie et l'on se dit que définitivement, les Mayennais n'ont clairement aucune personnalité (mais rassurez-vous, on vous aime bien quand même hein).

 

Par chance, les Mayennais de Whisper Night parviennent à redorer un peu le blason : au moins il ne joue pas du faux metal. Ni même forcément une resucée de death mélodique en mode « copie carbone » ou autres approches académiques du genre qui fait quand même plus de mal que de bien à l'heure d'aujourd'hui où la scène metal grouille et sur-grouille de jeunes loups en tout genre. Difficile de s'y retrouver avec une telle masse donc. Difficile également de tout retenir et de tout suivre. Pourtant, quand cette petite demande de chronique sur ma boîte mail, je me suis souvenue : « mais oui, je les avais vu au Muscadeath de 2017 ceux-là ! ». Un groupe de mecs qui paraissaient toutes jeunes pousses en terme d'âge, ce qui n'empêchait pas d'être bien carré et rôdé sur les planches. Un signe de travail et de jeunes loups qui ont faim et en veulent. Et sans surprise, finissent quand même par offrir un peu de fromage pour nourrir la platine.

 

La platine a apprécié : Burning Minds n'est pas ce genre de frometon qui laisse une haleine de chacal en bouche jusqu'au prochain lavage de dents. Ce qui ne l'empêche pas par ailleurs d'avoir un peu de caractère en bouche. A comprendre, c'est du death mélo' qui sait se montrer équilibré entre agressivité et mélodies. Mais surtout, c'est également du death mélo qui cherche à éviter de s'engouffrer dans la brèche de la facilité du moment : Whisper Night ne cherche nullement à nous proposer une énième resucée de death mélo made in Göteborg comme on a pu en entendre jusqu'à écœurement. Ni même de tomber dans les griffes du modern metal qui semble reprendre un certain galon ces derniers temps. Ce qui n'empêche pas le propos d'être moderne, tant dans sa production que dans sa tendance à lorgner gentiment vers d'autres styles afin d'enrichir son propos. Sauf que ces éléments diffèrent par rapport au modern metal que l'on connaît aujourd'hui. Ce qui est heureux pour le combo puisqu'en plus d'avoir une musique fraîche, on sent qu'il y a comme un bon début de personnalité qui se forme. Pas encore forcément affirmée au point d'ouvrir la porte du frigo pour mieux le fuir mais il faut reconnaître que ça représente un bon début. Un « Freedom To Live » ouvrira les hostilités avec une efficacité confondante avec son côté tranchant, implacable et résolument accrocheur dans son refrain et structures, tel qu'on pouvait l'entendre au début des années 2000 avant que les délires coriens et djentiens ne fassent partie du cahier des charges de tout bon groupe de modern metal calibré. La rythmique saccade certes mais en binaire s'il vous plaît. De la même manière que ça braille mais sans jamais entendre de dualité mielleuse en clair. Les mélodies, c'est avant tout un travail de la six-cordes. Notamment via des solos qui savent parfois sortir des conventions du style comme sur « Diffracted » où le soli tient davantage son origine des délires metal/rock alternatif. Ou encore, ça va puiser son inspiration dans des influences plus forcément fréquentes aujourd'hui, « Darkest Hour » nous donnant une impression d'avoir affaire à une sorte de Children Of Bodom qui serait passé dans une sorte de moulinette metal groovy à l'américaine (avec un final aux chœurs burnés très hardcore). « Dead Season » nous montre quant à lui une envie de partir vers des délires plus atmosphériques de bon goût avec son break éthéré, un clou qui s'enfonce avec le final de « Temple » et ses subtiles nappes de clavier.

 

Bref, dans Burning Minds, il y a de la variété. Ce second EP montre un groupe qui, en plus d'en vouloir sur scène, détient également une véritable volonté créative. Whisper Night a des influences diverses et tente de nous le faire savoir au travers de cette carte de visite fort prometteuse. Certes, il y a encore de l'affinage à prévoir mais la base montrée ici se montre déjà fort plaisante.

photo de Margoth
le 24/01/2020

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