Overload - The Imagery Process

Chronique CD album (36:35)

chronique Overload - The Imagery Process

 

La fusion rap metal, le techno thrash ou le grunge sont des genres qui – s'ils n'en sont pas encore tout à fait au stade de vieilles carcasses oubliées parmi les allées du cimetière des éléphants du metal – ne bougent plus guère qu'avec perfusion et fauteuil roulant, ou dans les souvenirs de vieux chnoques de mon acabit (du moins en ce qui concerne les 2 premiers styles évoqués). Il est par contre des courants – comme le heavy traditionnel, le metal gothico-symphonique à forte teneur en œstrogènes ou le death de papa – qui semblent destinés à ne jamais sombrer dans l'oubli, les années passant sans que le flot des groupes pérennisant leur pratique ne semble vouloir se tarir. Le melodeath moulé à la louche gothembourgeoise est bien parti pour être un autre de ces bastions inexpugnables servant de point de repère dans le paysage métallique, et sur lesquels la mousse de l'oubli et l’érosion des modes qui passent n'ont miraculeusement pas de prise.

 

 Et c'est justement  – vous m’aviez vu venir – en la sainte parole du death mélodique scandinave qu’Overload a développé une foi inébranlable. Jeune groupe francilien formé en 2006, il sort avec « The Imagery Process » son 2e album, confortablement abrité pour l'occasion dans le giron de la fertile Klonosphere – traditionnellement plus habituée à donner la tétée aux disciples de la Polyrythmie sacrée. Overload pratique donc un death metal extrêmement sucré, avec twin guitars chantantes, lead qui roucoule et pleurniche, vapeurs black sympho (sur le début de « Distorted Fates »), instrumentaux délicats, guitare acoustique, cavalcades fougueuses mais maitrisées et chant navigant entre grésillements rageusement black et raclements rugueusement death. Plus l’apport fréquent d’un chant clair, hérité de la « modernisation » du style que l’on doit entre autre à In Flames. Plus des touches régulières – mais indéniables – de cyber-isation, une voix se pixélisant par-ci, une ambiance se futurisant par là. Et puis surtout, Overload a opportunément profité d’un jumelage Göteborg-Helsinki pour aller coller du synthé – spécialité particulièrement appréciée de nos amis finnois – dans tous les recoins de ses compos.

 

Et là – magie de la transition bien huilée aux entournures – on tient le 1er des éléments qui fâchent. Car si le groupe fait un usage honorable de l’instrument quand il lui fait parler l’Amorphis dans le texte ou quand il le relègue au rang d’amuseur d’arrière-plan, ça devient pénible quand il l’utilise en mode piano classique ou Bontempi du pauvre. Et là ne réside pas la seule maladresse. Du titre lourdement growlé en ouverture de « Distorted Fates » (afin d'être sûr de ne pas s'être trompé de piste?), en passant par le chant féminin dispensable à la fin de « N.D.E. » ou le chamallow de l’assez mal nommé « Thirst For Speed », tout un ensemble de petites gaucheries trahissent une jeunesse certaine, et plombent un peu une musique déjà passablement handicapée par un clacissisme forcené et un taux de cholestérol particulièrement élevé. 

Mais malgré cette charge en règle – que l’on s’attendrait logiquement à voir soldée par un « 5/10 peut mieux faire » –, le groupe est suffisamment sincère et inspiré dans sa musique pour que cela fonctionne et aboutisse – au summum de la réussite – aux chouettes refrains de « Distorted Fates » et « Hedgehog Dilemma », ainsi qu’à l’écriture de « First Dead Born », petit bijou d’efficacité aux allures de tube. 

 

« The Imagery Process » s’adresse donc à un public averti qui n’a pas peur des sucreries qui collent aux dents, ni des quelques maladresses d’un combo plus vraiment en mode rodage, mais ayant encore de menus réglages à effectuer. A destination de cette audience de niche, on pourra attribuer à l'album un bon 7,5/10 d’encouragement. Mais il faut par contre s’attendre à ce que ce melodeath hyper sucré et relativement dans le vent (même si on ne pourra pas parler de metalcore ici) soit perçu comme une gnangnanterie cucul-la-praline de plus par toute un pan du public metal. Et ce type de metalleux sans pitié n’ira sans doute pas au-delà d’un 4 ou 5/10 ne récompensant que les capacités techniques des musiciens.

Perso j’aime bien le sucré, même si je sais que je devrais arrêter …  

photo de Cglaume
le 20/10/2010

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