Iscariote - Necropole Trauma - 10th Anniversary Reissue
Chronique CD album (41:45)

- Style
hardcore metal - Label(s)
autoproduction - Sortie
2014 - Lieu d'enregistrement Recorded March 2004 by Patrick Matthey at Aum Studio Bavois, Switzerland. Mixed and mastered during 2014 by Samuel Vaney at Autoclave Studio, Singapore.
- écouter via bandcamp
Retour en 2004. Iscariote signe son chant du cygne, Necropole Trauma, et se paye Steve Austin (Today is the Day) aux manettes pour mixer et masteriser tout ça. Je dois déjà m’interrompre ici afin d’éviter de tomber dans la comparaison bête et méchante entre les deux versions de ce disque tant elles sont différentes. Necropole Trauma n’a jamais été chroniqué dans nos pages et ça ne serait donc pas lui rendre justice que de limiter notre réflexion à une simple différenciation de mix.
Cependant, la tentation est grande tant tout sépare le travail de Steve Austin de celui de Samuel Vaney (ancien guitariste et tête pensante chez Cortez). En effet, et sans trop me mêler de trucs qui me regardent pas forcément, je ne peux pas m’empêcher d’imaginer à quel point les suisses (dont un français, Fabien, le chanteur du groupe et ex boss du label Waiting for an Angel) ont pu être déçus par le travail d’Austin sur leur ultime disque. Le son y était terne, sans grand relief, brut à l’extrême tant et si bien que l’ensemble ressemblait plus à une prise live en répet qu’autre chose. Cela dit, avec cette réédition, fini la batterie plate, les guitares qui font saigner les oreilles, la basse étouffée et le chant anémique : cette remise au goût du jour nous permet enfin de profiter des huit titres de l’album avec toute la clarté, la patate et le relief qu’ils méritent (je suis pas fan du son de grosse caisse mais bon, à ce stade, c'est de la chipote trois étoiles)… Et c’était tout sauf un putain de luxe !
En effet, à l’écoute de ces huit titres, on se remémore très vite de quel bois se chauffait les suisses il y a dix ans. Sur une base noise hardcore très ancrée dans l’esprit suisse de l’époque, le quatuor distille une rage peu commune, tirant parfois vers le metal, mais néanmoins traversée par des plans nettement plus émos. Par ailleurs, le groupe n’hésitait pas non plus à se mettre en danger et à dynamiter ses titres avec de longs instants où le chant, la batterie ou encore la guitare se retrouvaient nus, lestés de tout artifice. Alors oui, on repense à toute cette scène du début des années 2000 qui usait et abusait de tous ces ingrédients… Nostromo, Knut ou encore Tantrum nous reviennent bien en mémoire et le simple plaisir nostalgique de se retrouver plongé dans cet âge d’or du hardcore pourrait effectivement suffire à apprécier la galette.
Mais il y a bien autre chose. Ce genre de petit truc qui ne se révèle peut-être qu’avec le temps, dix ans plus tard par exemple. Iscariote allait finalement peut-être plus loin que la plupart de ses compagnons de scène : plus varié qu’Envy dans l’émotion, plus nuancé que Nostromo dans la violence, plus aéré que Knut dans la lourdeur, plus fin qu’Overmars dans le malaise, moins bavard qu’Amanda Woodward dans la revendication, le propos des suisses avait une justesse bien à lui et qu’il est bon de retrouver dix ans plus tard, à une époque où tout ça pourrait pourtant déjà avoir bien vieilli. Des titres comme « Des cheveux noirs sur la pâleur de son visage », « Soudain le vide » ou encore cette conclusion hallucinante qu’est « Kraj (od Jebi !) » transpirent la sincérité, l’intensité non feinte et l’envie d’en découdre sur scène… Dommage qu’il ne reste que les souvenirs de certains pour jauger cela à sa juste mesure.
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