Ventura - Ad Matres

Chronique CD album (38:12)

chronique Ventura - Ad Matres

Les dernières nouvelles de Ventura, remontent pour ma part au solennel We recruit de 2010 sorti chez le défunt Africantape, suivi du brillant 45t emmené par David Yow de Jesus Lizard.

10 ans plus tard, il reste une poignée de disques-souvenirs, et d'albums imparables de cette excellente maison. Parmi les plus notables en 2010, le fameux double split 45t (avec e.a Electric Electric, Marvin, Papier Tigre, Pneu) impossible à gérer en radio... l'inclassable Hangover the top de Marvin, Peter Kernel et... Ventura donc.

 

Premier constat, les années, l'attente pour certains, l'oubli pour d'autres, n'altèrent en rien cette impression de facilité à extraire (littéralement) des petits bijoux ciselés terriblement justes et attrayants. Ultima Necat édité en 2013, il aura donc fallu 6 ans aux lausannois pour sortir un nouvel opus, une éternité, encore plus dans un genre qui a tendance à mourir de sa belle mort. La Noise ayant décidé de se séparer de ses plus beaux atouts en même temps que Sonic Youth. Mais ça Ventura n'en a cure. Eux aussi sont passés par des séparations, des deuils, des pertes, parfois l'ennui. Et pour sortir des morceaux de vies pareils, il faut avoir de la ressource. L'immense « I'm afraid » en terminus de l'album, résume bien le propos.

 

Pour Ad Matres – titre qui fait référence aux femmes trépassées -, Ventura plonge dans les travaux de Lou Barlow, s'amuse des pochettes de The Ex, et revêt de plus belle, ses T-Shirts Dinosaur Jr. Entre, mélancolie et furia, le trio semble libéré, sûr de lui.

Comme la pochette le laisse deviner, c'est dans le noir le plus dur et le blanc le plus incandescent que le groupe puise sa force. Du jouissif « Void » au magnifique « The Pioneer (song for Bertrand) » tout ne fait qu'un entre le jour et la nuit.

 

Ventura, de retour sur la pointe des pieds, ramène à une vraie tradition du rock alternatif comme on en faisait dans les 90's. Riez de bon coeur, de ceux qui parlent de nostalgie, ils ne savent pas.

photo de Eric D-Toorop
le 09/01/2020

3 COMMENTAIRES

pidji

pidji le 09/01/2020 à 08:39:12

Excellent album encore une fois !

Freaks

Freaks le 09/01/2020 à 09:14:02

"Lou Barlow, The Ex, Sonic Youth..." Cet album draine de grosses références, c'est déjà bien assez pour me convaincre. Album vraiment cool!

Nicoscope

Nicoscope le 15/01/2020 à 10:44:36

J étais passé à côté de Ventura jusqu'à maintenant, malgré les nombreuses critiques hyper positives de leurs précédents disques lues ici ou là.

Je dois avouer que j'ai pris une grosse tarte et qu'en terme de classe et de maîtrise de style, y'a pas beaucoup de monde qui les égale.

J ai souvent l impression que les groupes qui s'inspirent des années 90 le font de façon assez caricaturale, et là, ce n'est absolument pas le cas. On sent bien la filiation avec Slint ou Codeine mais aussi avec des trucs plus tendus comme Unwound ou Tar, mais aucune de ces influences n'est trop envahissante tant elles se fondent dans la personnalité du groupe (après, c'est pas comme si c'était leur premier disque, hein).

Mon seul regret, c'est que le vinyle soit pas ou peu distribué en France et qu'il coûte un bras à faire venir de Suisse !



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