Pervy Perkin - Comedia: Inferno

Chronique CD album (1:08:03)

chronique Pervy Perkin - Comedia: Inferno

« A la fois complètement taré, incroyablement varié, et exceptionnellement cohérent »

 

Je simplifie, mais c’est grosso modo ce qui ressortait des commentaires unanimement enthousiastes figurant sur la page Bandcamp consacrée à ToTem, le 2e album de Pervy Perkin. « Tiendrions-nous là un groupe ayant réussi l’ascension du Mont Nawak par sa face Prog? » nous demandions-nous en jetant un œil appréciateur aux tags #progressive_metal, #prog & co qui trainaîent au bas de ladite page. Et la réponse semblant bien être positive, l’opus avait fini par rejoindre la haute pile des albums dont-on-va-vous-causer-en-ces-lieux-promis. Dans le même mouvement, le lapin bavard plaçait un mouchard sur le dos du groupe. Et celui-ci de se mettre à bipper dès qu’avril fut venu, pour signaler l’arrivée sur Youtube d'un clip relatant l’histoire de cuisiniers madrilènes aussi démoniaquement farceurs qu’habiles de leurs instruments:

 

 

Bon, c’était clair: la sortie de Comedia : Inferno – le 3e et nouvel album de la formation – était le signe fort qu’il allait falloir arrêter de procrastiner pour se charger vite fait bien fait du sort de ces Espagnols superbement talentueux que la masse immense des lecteurs de CoreandCo (mais si mais si) n’avait plus le droit d’ignorer.

 

Pervy Perkin, donc, a la fibre Prog, c’est clair. Les structures, la longueur des morceaux, le goût de l’aventure, les hors-sujets habiles, la nature du chant clair ("du chant principal", du moins, tout le monde mettant ici la main à la pâte et la corde vocale au micro)… On se croirait parfois chez Queensrÿche, parfois chez Eldritch, parfois chez Ayreon – l’emphase, la classe, les chemises bien repassées, les partitions avec des annotations dans la marge, vous voyez le genre. Sauf que:

  • ce qui se disait à propos de ToTem reste ici plus que jamais valable: Pervy Perkin n’a aucune limite, possède l’appétit des défricheurs de terres inexplorées, ainsi qu'un bon vieux grain
  • ce nouvel opus a pour cadre la Divine Comédie de Dante, et les sabots fourchus que l’on rencontre dans les cercles concentriques du sous-sol invitent naturellement à aller voir du côté du Metal Extrême si Belzébuth y est

 

La grosse heure que dure l’album se déroule donc en bonne partie au sein des registres Heavy Black et Death bougon, ce qui donne régulièrement à l’auditeur l’impression de passer du temps en compagnie de Dan Swanö, des canadiens d’Into Eternity ou encore du Opeth d’avant les pattes d’eph'. Tiens, livrons donc un petit aperçu qui sera bien plus parlant qu’un plan détaillé des lieux: après tout juste une minute passée à errer dans la nuit, Comedia : Inferno décolle direct’ sur une salve de Folk Black furieux qui pourrait rappeler Trollfest si le nez espagnol était plus rouge. Puis, sans transition, gros dérapage au frein à main, et l’auditeur se retrouve embarqué dans un bolide Power metal qui finit sa course sur les bancs d’une église sous-marine.

 

Parfaitement ma bonne dame!

 

… Et ça marche!

 

Mais c’est encore meilleur sur le morceau suivant, « The Tempest », qui démarre quasi comme du Infestdead, mais en plus Thrash. Ce qui n’empêche pas des castagnettes de s’activer dès 1:42. Et le festival de continuer avec « Three Throats », morceau qui bénéficie du support vidéo visible quelques paragraphes plus haut. Pour l’occasion le groupe décide de partir dans un trip Fusion Funky / chant Rap / basse slappée… Plus orgue Hammond et grosse disto wah-wah, parce qu'après tout ce sont eux qui conduisent, et donc eux qui décident où les poussera le vent de la folie. Un bon petit cri aigu Heavy plus tard et nos zigotos finissent d’enfoncer le clou mélodique et le groove sismique avec la délicatesse d’un progueux. Puis des saccades sismiques se chargent de porter un solo miroitant jusqu’à un final Electro dansant… Vous avez dit Nawak?

 

La suite nous permet encore de croiser Devin Townsend – en mode Casualties of Cool à la fin de « All For God », mais aussi sur ce qui semble un rapide clin d’œil à « Juular », à partir de 5:36 sur « Worm Angel ». Au début de « Row » on panse nos blessures à la lumière d’un Doom lumineux qui doit autant à la Finlande qu’à Godsend. On goûte une pause Jazz veloutée sur l'entame de « Cult of Blood », avant de retourner dans la cour d’un Thrash à la Testament. Le long de « Malebolge » on traverse de multiple tableaux, un peu comme si Crimson tournait sur la platine, puis l’on prolonge le plaisir sur « Worm Angel », qui finit les choses en grand.

 

C’est indiscutable: Comedia : Inferno est incroyablement riche, fouillé, foisonnant. Bref, il est multiple… Il est Légion? Ce serait raccord avec le thème. Et contrairement à beaucoup d’œuvres appartenant officiellement à la même chapelle, on ne s’y ennuie pas. Evidemment le disciple d’Obscenity râlera que le registre Heavy Prog y est quand même un peu trop généreusement représenté à son goût au détriment des bleuargleries velues. Certes. Mais le fan de Devin Townsend comme celui d’Opeth, celui d’Ufych Sormeer comme celui d’Ayreon, celui d’Into Eternity comme celui d’Unexpect devraient y trouver sans mal chaussure de 7 lieues à leur pied.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La chronique, version courte: du Heavy Prog qui la joue evil et en parallèle flirte avec l’effervescence du Nawak. Qui rappelle Opeth, Devin Townsend, Eldritch et Into Eternity. Qui peut balancer des castagnettes et du growl sans prévenir, du chant rappé et des passages Doom, des chœurs angéliques et des plans de batterie apocalyptiques... Le tout en restant extrêmement pertinent et sans sortir un seul instant de la thématique de l’Enfer de Dante. Info ou Intox? Info: Comedia : Inferno, de Pervy Perkin.

 

photo de Cglaume
le 20/06/2019

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