Phazm - Scornful Of Icons
Chronique CD album (37:18)

- Style
Death / Black tribal - Label(s)
Osmose Productions - Sortie
2016 - Lieu d'enregistrement Studios De La Forge, Dombasle-sur-Meurthe (54), France
- écouter via bandcamp
Huit ans que Phazm, le projet de Pierrick Valence (ex-Agressor / ex-Scarve), n'avait plus donné signe d'un disque... C'est que l'on aurait pu croire que l'aventure était terminée. Que nenni ! Voilà que Phazm repointe le bout de sa truffe, comme ça, fourbement, comme si de rien n'était, avec Scornful Of Icons. Personnellement, je me souvenais de lui comme celui ayant osé livrer une magnifique pochette jaunâtre affublée d'orgies de squelettes. Ô joie, ô bonne humeur, ô bon goût ! Mais surtout comme du bon death'n roll hyper frais et hyper bien foutu. C'était Antebellum Death'n Roll. Puis, il y a eu Cornestone Of The Macabre, pas mal non plus dans le genre, sans non plus arriver à la hauteur de son grand frère, car plus grave et moins potache dans son ton. Mais malgré tout, un bel exercice de synthèse dans le sens où la monture de 2008 fusionnait habilement les éléments présentés par son prédécesseur direct et son tout premier méfait, Hate At First Seed, qui, lui, privilégiait la brutalité du death au détriment du groove rock'n roll mis au second plan.
Et huit ans plus tard, ce n'est pas rien comme délai temporel... De l'eau a eu le temps de couler sous les ponts, c'est certain. Et comme la France n'est pas aussi aride que le Sahara, il ne faudra pas être surpris de voir un Phazm totalement métamorphosé. Tant sur son line-up où le 'sieur Valence reste le seul rescapé du navire que sur la musique contenue dans Scornful Of Icons. Adieu death'n roll d'antan et bonjour à un petit retour aux racines de la brutalité d'un death, lorgnant vers le black. Seul petit détail issu de la décennie précédente : une guitare groovy, presque rock, principal élément amenant de la mélodie à cette débauche extrême.
Mais, mais, mais... Vos yeux s'humidifient, bande de nostalgiques ? Gardez vos larmes au chaud pour le moment et attendez la fin de cette présente chronique pour les laisser couler ou non. Mettons-nous également dans le contexte : Scornful Of Icons a été enfanté dans la douleur par un homme ayant essuyé un coup dur tragique – Pierrick Valence ayant perdu son père peu de temps avant – il paraît par conséquent logique que l'on soit loin de retrouver la légèreté guillerette des partouzes nécrophiles. Il paraîtrait également logique de durcir le ton et s'enfermer dans une spirale de brutalité. Mais ce serait mal connaître l'inventivité artistique de son géniteur. Scornful Of Icons n'a rien de colérique, rien de haineux, ni même de dépressif. C'est un voyage spirituel, au travers d'un tribalisme païen. Car ce nouveau Phazm n'a peut-être plus rien de « 'n roll » mais s'enrichit en contrepartie d'une nouvelle facette, plus pagan.
Il n'y a pas à attendre longtemps pour s'en apercevoir car « Ginnungagap » donne tout de suite le ton en ce sens. On pensera tour à tour à l'influence Gojira période The Link et au côté plus ritualiste de la musique de Triptykon (qui aurait bouffé, pour le coup, un bon assortiment d'amphèt' et de prozac). Le tout apposé sur un fond death plutôt technique mâtiné de la froideur du black metal. Et tout le long de l'album suit en ce sens : défricher les vieilles croyances animistes en musique dans le but de développer sa propre spiritualité. C'est ce que s'est peut-être dit Pierrick Valence dans l'élaboration de cet album qui se révèle très personnel sans non plus être autiste. Il invite plus à autre chose qu'à le suivre, à retrouver ces racines spirituelles primaires et ainsi y trouver une certaine forme de paix et de quiétude intérieure. Au lieu de sombrer dans la haine et la dépression face à l'adversité et les coups de pute de la vie.
Musicalement parlant, on peut dire que Phazm perd en originalité, la pagan n'étant pas rare dans les terres du metal extrême, tout particulièrement dans le black. Et pourtant, il arrive quand même à tirer son épingle du jeu et à conserver une certaine singularité, les rares relents du death'n roll du passé apportant une certaine dynamique bienvenue à l'ensemble (« The Godless Pope » étant l'un des exemples les plus parlants), sans compter sur les talents de composition de Pierrick Valence qui a livré là un véritable travail d'orfèvre. Ce dernier a en effet poussé le bouchon dans le recherche de sonorités, allant même jusqu'à l'emploi de la Nyckelharpa, un instrument traditionnel suédois, et d'un chant féminin éthéré sur l'éponyme « Scornful Of Icons », entre paganisme scandinave, cérémonies druidiques ou encore airs mongols intégrés dans un ensemble solide et homogène où aucune place n'est laissée aux gimmicks grossiers, kitsch et superficiels. Le tout de manière précise et perfectionniste. Ou comment proposer du novateur dans des sphères écumées et retournées depuis des lustres. Chapeau bas !
3 COMMENTAIRES
cglaume le 15/02/2017 à 12:38:10
J'ai été feignant, et ne me le suis pas essayé celui-ci... En même temps je ne suis pas sûr que l'apport de la touche Pagan me fera bcp frétiller. Et l'écoute du premier morceau ne me convainc pas d'aller plus loin. Je préfère rester sur la bonne impression des squelettes partouzeurs :)
Xuaterc le 15/02/2017 à 12:44:11
Ah, les squelettes partouzeurs de droite
Crom-Cruach le 15/02/2017 à 17:25:25
Je l'ai écouté je crois à sa sortie. Me rappelle plus. Vais retenter du coup. J'ai vu nyckelharpa et Troiptitcons c'est pour ça ! :)
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