The Andretti - Chaos Arcadia

Chronique Maxi-cd / EP (21:18)

chronique The Andretti - Chaos Arcadia

C’est en juillet 2019, tout juste un an avant l'arrivée d’un Easter Bunny-prodigue sacrément attendu mais pas forcément en phase avec les espoirs de nombreux fans, que The Andretti avait marqué les esprits via un Suicide, Italian Style très, mais alors TRÈS inspiré du célèbre California. Les esprits chagrins – certains à poils jaunes – avaient certes fait remarquer qu’un ou deux tubes indiscutables n’auraient pas fait de mal à la tracklist, histoire de passer du grade d’« Adjudant Cintré » à celui de « Colonel Barjot »… Mais la nawakosphère unanime s’était quand même accordée à voir en cet album une bien belle offrande sur l’autel du dieu Bungle.

 

Vous vous en doutez : on n’allait pas laisser ce genre d’énergumène à haut potentiel nawaklectuel sans surveillance rapprochée, histoire de lui bondir sur le paletot dès le moindre signe d’activité discographique. Et devinez quoi ? Tout début 2023, ni vu ni connu, à la limite de l’incognito, Bandcamp a vu éclore en son sein Chaos Arcadia, un EP 4 titres (3 titres + un bonus pour être exact) prolongeant les péripéties de Joe Ferrara (l’Américain qui fait croire qu’il est une bande d’Italiens à lui tout seul) dans le royaume mystérieux de Pattonland.

 

Le nombre de pistes étant particulièrement réduit, on va s’attarder un peu sur chacune d’elles.

 

C’est le morceau-titre qui ouvre le bal. Ce que l’on ne sait pas encore alors que celui-ci commence à nous livrer ses secrets, c’est qu’il est ici le seul de son espèce. En effet, si l’on y trouve à nouveau des traces évidentes de California, une urgence trépidante typée Math Rock, voire quelques échantillons de la folie sombrement joviale de Polkadot Cadaver, il est bien le seul à être ainsi doté sur ces 20 minutes de sons nouveaux. Oui je spoile, je sais. Le morceau lui-même spoile, d’ailleurs, sa seconde moitié se fondant bientôt en une mélopée vaguement orientale aux contours de plus en plus flous, aux volutes de fumée de plus en plus épais. Le rôle de ce boute-en-train (dans les deux sens du terme) est manifestement de jouer les traits d’union entre Suicide, Italian Style – terrain où l’attendaient les nawakophiles avertis – et un univers fait de trips planants, de couleurs narguilées (j’adjective le mot, oui) et de soleils ondulants.

 

C’est donc aussi loin de Toonville que du Rococo Bar de Malibu beach que nous emmène « Red Widow ». Du brouillard plein la tête, les pieds évoluant sur de petits nuages flottant à quelques centimètres du sol, l’auditeur est entraîné dans un paysage de western psychédélique, entre pointes de saxo et mélodies d’orgue buzzifiant, le parcours étant aussi chaotique que ouaté, sans doute du fait d’un nombre trop grand de taffes tirées sur le calumet de la paix de Vénérable-Bison-dans-la-Lune. Le grand Mike approuverait sans doute l’expérience, quoiqu’elle favorise l’apathie au bout de ses 6 minutes et des confettis…

 

Arrive « When the Hammer Swings the Serpent Sings », et une impression initiale diffuse d’écouter le petit-fils du « When the Levee Breaks » de Led Zep. La démarche est ample, généreuse à défaut d’être nerveuse. Pendant ses premiers pas, le morceau marie sa désinvolture routarde aux trémolos rugueux d’un Hard Rock vintage, Joe démontrant que s’il peut sans problème singer Mike Patton, il peut également jouer au daron ayant roulé sa bosse… C'est qu'il a du coffre l’animal ! Problème, cette piste joue elle aussi la carte du délitement progressif, du pauvre hère qui titube et trébuche, en état second, tandis qu’une guitare lead élevée au milieu des vapeurs de Woodstock n’en finit plus de triturer ses cordes, la fin de l’aventure étant annoncée par une vague orchestrale qui redonne in extremis du galbe à cette longue divagation.

 

Vous vous rappelez que je vous parlais d’un bonus ? Il s’agit de « C.A. Reprise », un remix du morceau-titre si l’on en croit le Bandcamp de The Hills Are Dead records (vraiment ? pas vu le rapport…), sorte de délire plein de percu’ et de saxo tripé qui prolonge le morceau précédent après avoir chiqué un max de feuilles de coca…

 

Alors si vous espériez que Chaos Arcadia remette une pièce dans le jukebox Suicide, Italian Style, vous risquez d’être déçus, à moins de vous focaliser sur la première partie du morceau-titre. Pour tout dire, ce nouvel EP de The Andretti, bien que tout aussi classieux et joliment fini que le premier album, devrait recevoir un accueil plus enthousiaste en provenance des sphères Stoner / Doom psyché que de la part des clownophiles les plus tradi’. Mais tentez donc l’expérience par vous-mêmes : ça ne vous prendra qu’un gros quart d’heure. Et si le cœur vous en dit, vous pourrez acquérir l’objet, empaqueté avec les singles « Death Valley » et « The Doomed And The Damned », auprès de The Hills Are Dead records, label qui propose au choix les formats cassette ou CD (… je virerais pas un peu Papy Cyril en fin de chro, moi ?).

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La chronique, version courte: si, sur son premier album, The Andretti pratiquait un Nawak Metal bunglesquement loungy, sur Chaos Arcadia la formation américaine s'en va cette fois faire des expériences psychotropo-déambulatoires dans les grands espaces américains, un peu comme si elle avait décidé de mettre en musique un mélange d’Arizona Dream et d’un Trainspotting sous Tranxene.  

 

photo de Cglaume
le 13/03/2023

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