Sin Cera - L'autre fera le lien

Chronique CD album (50 minutes)

chronique Sin Cera  - L'autre fera le lien

C'est un phénomène de plus en plus courant, mais les groupes "Gojira-like" pullulent dans l'hexagone.

 

Cette étiquette est néanmoins réductrice pour une grosse poignée d'entre eux puisqu'ils tirent leur épingle du jeu en ayant ce "petit truc".
 
Un "petit truc" que Sin Cera, un "Gojira-like-band" originaire du Nord, a. En dehors des landais qui sont loin d'être entièrement pompés (hormis un passage flagrant sur "Enchaînés"), il est bien difficile de définir d'autres influences. Véritable mic-mac qui se garde de partir dans tous les sens, la musique de Sin Cera s'efforce d'équilibrer la violence, la percussion rythmique et le mélodique.
 
D'ailleurs l'adjectif percutant est celui qui correspond le mieux : le martelage, les riffs sèchement exécutés provoquent un headbang presque frénétique. Efficace, effet garanti.
Evidemment, les plus ronchons diront que c'est insuffisant pour provoquer un torticolis : qu'ils se rassurent, il y a bien plus.
Outre des constructions sans modèle prédéfini mais sans complexité gratuite, une certaine fluidité se dégage d'un album qui alterne les temps violents et les plus calmes.
Capables de créer de véritables ambiances,  parfois inquiétantes ("A l'intérieur"), parfois étouffantes ou a contrario légères sans sortir d'un style résolument métal, les Sin Cera développent leur personnalité au fil des titres.
 
L'accessibilité de "L'autre fera le lien" est le résultat d'une production plutôt propre, bien qu'il semble manquer quelque chose dans la puissance. Un petit creux comblé par des riffs réussis... Et l'autre atout des Nordistes : le chant en français.
Bien rauque, la voix manque de modulation et sonnerait presque cliché, avec le ton grave/lourd et méchant qu'elle se donne. Par contre, elle ne se presse jamais afin d'être compréhensible, ainsi on notera un soin particulier à l'écriture des paroles. Nous sommes loin des textes risibles ou démagogiques délivrés de manière brouillonne, au point que les plus réfractaires à la place de notre langue dans ce style pourraient peut-être bien s'en accommoder.
 
Il n'y a finalement que très peu de défauts à cet album, sauf un de taille : trop de retenue. 
Je disais plus tôt que Sin Cera avait un petit truc, mais il lui en manque un. A force de vouloir éviter les pièges à cons que l'on croise souvent, le groupe s'est bâti une cage dans laquelle il pourrait bien vite se sentir à l'étroit : rien ne déborde, comme un manque de fantaisie dans cette musique aux cadres larges, certes, mais trop bien définis.
Cela ne nous empêchera pas de voir les 50 minutes défiler à une vitesse folle pour des titres joués majoritairement mid-tempo aux variations courantes et plaisantes ("Ici et l'enfer").
 
La clôture sur "Mille réalités" est d'ailleurs un choix judicieux, puisque ce morceau mêle un peu tout ce que Sin Cera peut être : un groupe qui ratisse large, techniquement carré, inspiré, capable de beaucoup aujourd'hui, et de bien plus encore dans le futur.
photo de Tookie
le 21/10/2011

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