Sphæra - Teratology

Chronique CD album

chronique Sphæra - Teratology

Tourner en rond : ne pas évoluer, stagner, gaver progressivement mais sûrement son public…

 

C'est grosso-modo la signification de l'expression, notamment quand celle-ci est utilisée pour décrire l'évolution d'un groupe. Sauf que Sphaera semble vouloir offrir une réorientation sémantique à cette formule. Parce que forcément, avec un tel patronyme, pour eux ça roule... Sans pour autant nous foutre – à nous, le public – les boules. Mais aussi parce qu’en effet, sans changer quoi que ce soit à sa recette, la formation lorraine continue de séduire comme au premier jour – plus même, pour peu qu’on soit fan de freak show, de femme à barbe ou d’homme-tronc.

 

Teratology – et non pas Trigonometry – voit donc nos amis revenir à ce Death à la technique acérée, au son et à la rythmique modernes (occasionnellement, pour cette dernière), et aux compos progressives, qui nous avait enchanté il y a tout juste de ça un an. Je dis « progressives », mais on pourrait presque les qualifier d’« avant-gardistes » ces compos, tant un « Freaktion » peut évoquer tantôt Ebony Lake (quand le couple au chant s’ébat aux avant-postes d’une trame musicale torturée), tantôt Unexpect (quand les dialogues de mi-morceau nous emmènent dans une cour des miracles foraine). Et si les 2 EP sortis par le groupe proposent chacun 3 titres, la similarité entre les 2 va plus loin encore, jusqu’à faire de la pièce centrale – « Half-Life » sur C8H11NO2, « Freaktion » sur le nouveau – un détour en des contrées nettement plus abruptes pris en sandwich entre 2 morceaux aux chaleureuses mélodies.

 

... Bref, ça repart comme en 40, avec un rebelote de superbe artwork!

 

Le périple nouveau démarre donc sur un « Proteus » certes charpenté et vindicatif, mais surtout fastueux et profondément séduisant, le morceau donnant une impression de main de velours dans un gant de fer (oui oui, dans ce sens-là). S’ensuit « Freaktion », beaucoup plus retors donc, tout en poils de crin, qui abrite néanmoins en son sein des chœurs dont la grâce permet de désentortillonner un peu des riffs ne caressant que peu dans le sens du poil. Des chœurs, mais aussi la parenthèse « Circus » précédemment évoquée qui permet de souffler un peu à mi-parcours. Mais la véritable récompense arrive en dernière position. Porté par des saccades typiquement Modern Death, « The Fallen » fait alterner sur son refrain chœurs épiques et trilles Woodywoodpeckeresques dont la tonalité n’est pas sans rappeler System of A Down. Et mazette, la recette fait mouche!

 

C’est ainsi, par petites touches, 3 morceaux par 3 morceaux, que Sphaera se dévoile à nous, progressivement. Et cette technique pourrait bien s’avérer payante, ce format court leur permettant de revenir plus souvent vers nous, sans jamais lasser, et en laissant à chaque fois entrevoir d’affriolants dessous musicaux.

 

Alors on se dit à dans un an pour un nouvel EP encore plus pétillant, toujours aussi carré (!), et perdant encore un peu plus la boule?

 

 

 

(7.99 et pas 8, parce que C8H11NO2 méritait 8 et que les morceaux du premier EP m'ont quand même marqué un peu plus)

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La chronique, version courte: aussi affutés techniquement et mélodiquement que sur C8H11NO2 – leur EP précédent – les Lorrains de Sphaera reviennent nous enchanter sur 3 morceaux nouveaux qui abandonnent cette fois la chimie pour les foires aux monstres. Et si des livraisons plus courtes mais plus fréquentes, c’était ça le secret pour garder notre attention et notre affection?

photo de Cglaume
le 27/09/2018

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