Subterranean Masquerade - Vagabond

Chronique CD album (47:54)

chronique Subterranean Masquerade  - Vagabond

« Hello my friend ! » sont les premiers mots susurrés à l'entame de Vagabond des Israéliens « mais-pas-que » de Subterranean Masquerade. Sympathique certes mais pour quelqu'un qui prend le train en marche et n'a pas encore pris le temps d'écouter The Great Bazaar, le précédent opus, comme c'est ouvertement plébiscité dans la suite dudit couplet, ça gêne un peu. J'ai eu beau découvrir ton groupe directement sur les planches il y a peu avec tes compatriotes d'Orphaned Land – dont certains ont participé au projet d'ailleurs – je crains que l'on n'a pas été présenté pour autant vu que tu as été remplacé par un sacré bout-en-train d'intérimaire. Excuse-moi, j'ai beau être cool mais il y a des limites : c'est qu'on n'a pas élevé les cochons ensemble. Donc, on me dit dans l'oreillette que tu es Norvégien – ce qui est rassurant, la cochonaille n'est pas proscrite en terres scandinaves, l'expression ne sera pas trop mal avalée – et que tu te nommerais Kjetil Nordhus... Bon, ok, ça va, tu as de la chance, des Tristania, des Trail Of Tears ou encore des Green Carnation, ce sont des noms qui me parlent et que j'ai déjà eu l'occasion d'avoir dans les oreilles à quelques reprises dans le passé, c'est qu'on se connaît quand même un peu finalement. Même si, on en conviendra, on ne se serait pas douté voir un tel bonhomme venu du froid – et d'un univers davantage porté sur le spleen soit dit en passant – participer à une petite sauterie chaleureuse sentant bon la moiteur d'Orient. Comme quoi, chacun apprécie les petites soirées couscous et Boulaouane, même sous les -25°C hivernaux en période de nuit perpétuelle.

 

Bon certes, les puristes me diront que c'est du cliché marocain et non israélien. Et pourtant, parler de Boulaouane pour du Subterranean Masquerade, ce n'est peut-être pas si con en terme d'image. C'est que c'est un vin léger, fruité et plutôt équilibré... Un peu ce qu'inspire l'écoute de ce Vagabond qui plaira sans nul doute aux amateurs de délires orientaux. Mais qui apprécient un registre résolument plus rock et parfaitement inoffensif niveau brutalité par rapport à la référence Orphaned Land. Bien moins pompeux également. Car pour en rester dans cette comparaison qui n'a même pas lieu d'être tant les deux entités n'ont pas finalement pas grand-chose à voir hormis des références culturelles communes, c'est comme avoir le bling-bling impressionnant mais un peu hautain de Bollywood d'un côté et la simplicité chaleureuse et accueillante du blédard de l'autre.

 

Après, n'allez pas voir non plus en Subterranean Masquerade une sorte de rock oriental du pauvre car ce n'était pas la vraie signification de l'image. Même on reconnaîtra que d'un simple point de vue budgétaire, la production de Vagabond trahit un peu de cette faiblesse tant elle manque un peu de punch et de mordant. Et ne représente d'ailleurs pas du tout le combo en condition live, où il s'impose davantage comme une bande de troubadours folk orientaux donnant cette même envie de danser et de jumper qu'un set de Korpiklaani en festival. Sur disque, et la pochette illustre plutôt bien le pot-aux-roses, on pensera plus à une sorte de « J'irai dormir chez vous » dans la caravane d'une tribu nomade du désert. Sans les paillettes scénaristiques télévisuelles. A comprendre que le propos d'ensemble reste serein, telle la plénitude de gens simples et heureux dans leur vie quotidienne la plus intimiste. Une sérénité qui tient de la base rock progressif plutôt élégante où le seul lorgne vers le metal vient de l'intégration de grunts intégrés de manière harmonieuse, même quand le registre clair et grunté s'entremêlent (« As You Are », « Hymn Of The Vagabond ») à l'ensemble sans que ça ne vienne ajouter une dimension exagérément brutale qui aurait fait tâche. Un côté progressif très présent, non pas pour ses longueurs, mais pour son côté évolutif et autres transitions instrumentales plus moins longues (« Carousal », « Daled Bavos »). Et l'élégance pour la subtilité et surtout par une très grande influence jazzy apportée par un petit saxo de l'amour qui va bien (« Space Oddity », reprise de David Bowie, seul moment dispensable de l'album mais dont l'intérêt et largement rehaussé par son solo de saxophone, « Place For Fairytales », le refrain de « Nomad », la seconde moitié du pont de « Kippur »). Et bien sûr de l'oriental, teinté d'une dimension davantage yiddish (les chœurs du pont de « Hymn Of The Vagabond », l'intro de « Kippur » rappelant presque un Dirty Shirt sous calmants ainsi que sa dernière partie) que les autres représentants du genre, amené avec plus de simplicité, sans aucune notion de symphonique, mais assez solide pour que cela ne paraisse jamais gimmick.

 

Et là où Subterranean Masquerade fait fort est qu'il se base sur des caractéristiques peu usitées par les autres acteurs du genre et parvient tranquillement à les passer à la moulinette de manière équilibrée. Ce qui nous donne un Vagabond qui se laisse apprivoiser facilement, avec énormément de charme, quand bien même il s'avère déroutant de par une recette qu'il est définitivement le seul à utiliser et à maîtriser. Même si l'on apprécierait quand même de trouver sur galette cette dynamique qu'il maîtrise si bien en live et aura certainement marqué quelques têtes durant sa tournée hexagonale avec Orphaned Land.

photo de Margoth
le 26/05/2018

1 COMMENTAIRE

cglaume

cglaume le 26/05/2018 à 13:16:00

Tu m'as donné envie de les voir en live dis!

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