The Dawn - TWWKIG

Chronique CD album (32:21)

chronique The Dawn - TWWKIG

C’est débarrassé de toutes fioritures mais surtout exécuté avec perte et fracas que le riff de batterie introductif de The World We Knew Is Gone de The Dawn nous donne à comprendre ce qui va se jouer par la suite dans nos oreilles ; des oreilles encore sensibles à la tendresse et à l’innocence de belles harmonies. Parce que oui derrière nos cœurs endurcis par une sur-exposition au hardcore le plus âpre et exigeant, sommeille encore les restes d’une époque musicale candide empreinte d’une nostalgie certaine pour le riffing facile et bon public. Pour les harmonies léchées, délicates et suaves, on oublie donc sur TWWKIG, il y en a peu, exception faite sur la sobre mais déchirante complainte « Wandering Soul ». Un titre épuré, le seul d’ailleurs, les autres sont d’une densité et d’une variété incroyable, sans pour autant donner cette impression d’étouffement.

Grinçantes, stridentes, tendues, carnassières, criardes et j’en passe… voilà un peu la terminologie qui scie le mieux aux séquences mélodiques développées sur TWWKIG. A l’écoute de The Dawn, formation plus toute jeune puisque passée le cap difficile des dix ans d’existence, on pense forcément aux pionniers du genre à savoir Knut, Botch, Today is The Day, mais aussi au plus fraîchement débarqué et plus malsain combo Montpelliérain Morse.

 

Les morceaux sur TWWKIG seront pour tout sympathisant de la cause Noisecore bon public, hormis peut être la parenthèse mystico-prophétique de « Walpurgisnacht ». De l’ennui vous n’en trouverez pas un instant à l’écoute de cet album, aussi fouillé et riche dans sa composition, qu’exutoire et sincère dans sa démarche.

« I Bet You Like Botch, Bitch » semble être le morceau clin d’œil en hommage à l’un des groupes précurseurs de la frange extrêmement cool et défonceuse du Hardcore. On passera sur l’association maladroite et basse du front de ce titre (Botch/ Bitch, t’as compris ???). Des titres comme « El Dia De Los Muertos - Pt 1 » et « Menza » sont aussi chiadés que Zbeulesque. Un déchainement d’ultra-violence et d’agressivité dont on se délecte de bout en bout. L’exécution des trois zikos est propre, précise et implacable. Le chanteur quant à lui est surexcité, totalement galvanisé par la débauche d’énergie déployée par ses comparses et s’aligne parfaitement sur les intentions frénétiques et brutales de ces derniers. Les effets posés sur son chant renforcent cette impression. Une bonne grosse disto couplée à une petite reverb pas piquée des hannetons et nous voilà en présence d’un chant percutant et vraiment bien branlé. Avec de l’émotion en prime sur «Wandering Soul », que demander de plus.

 

Petite aparté politico-musicale et rapprochement entre l’actualité Marseillaise et l’esthétique que défend The Dawn, parce que oui le groupe est de là-bas…

Tellement le Mathcore du combo Marseillais détone et pète tout sur son passage, il pourrait à lui seul (du moins dans mes rêves les plus prémonitoires Aha !!) faire tomber le mur de la pourriture capitaliste érigé sur la Plaine.

Place forte de la culture populaire Marseillaise, la place de la Plaine se présente désormais sous les traits d’un sanctuaire emmuré et quadrillé par une Flicaille protégeant comme toujours les intérêts privés de promoteurs ayant fait du crime leur gagne-pain. C’est en effet de concert avec et sous l’impulsion de la Mafia élue Marseillaise qu’est née ce projet de gentrification de la place et de rejet des classes « indésirables » vers la périphérie de la Ville, pour laisser place à ces sales vampires de touristes.

Quand des murs (de 20 millions d’euros) sont érigés sur la Plaine, dans le même temps d’autres s’effondrent à Noailles, avec au milieu de ces gravas, 8 morts à relever. Aucune coïncidence, ces deux évènements que sont l’effondrement de deux immeubles entiers à Noailles et la construction en parallèle du mur de la Plaine pour empêcher toute interruption des travaux participent d’une même logique, virer du centre-ville de Marseille la population qui l’a historiquement constitué/construit. Soit par l’installation d’un dispositif autoritaire et policier autour de cette Place devenu symbole de la contestation Phocéenne, soit par l’abandon politique et criminel du parc immobilier vétustes et à l’agonie de Noailles. Et oui le cynisme, c’est comme la connerie humaine ça n’a aucune limite.

 

Alors oui je digresse et déborde un peu de l’objet principal qui nous/vous intéresse dans cette chronique.  Et pourtant, quand j’entends la musique de The Dawn, j’ai de suite cette actualité Morbide et détestable en tête, provenance du groupe oblige ainsi que ma localisation au moment même où j’écris ces lignes, Marseille !!! Et c’est un pur hasard n’allez pas croire que je rédige mes chroniques en fonction de ma petite actualité pérave.

 

C’est donc une envie compulsive de défoncer du mur, à grands renforts de rythmiques disloquées et de décibels fracassants, qui obsède mes pensées quand j’écoute le retentissant et volumineux TWWKI. Le Mathcore des Marseillais fait naître en moi pas mal de choses, entre-autres ce besoin viscéral de foutre un gros Zbeul, et de satisfaire des velléités anti-autoritaires et destructrices. The Dawn frappe à grand coups de masse avec cet excellent TWWKIG. Les riffs finaux et massues de « El Dia De Los Muertos - Pt 2 » et de « Earthlings » nous inciteraient presque à exécuter quelques Mosh Part face au mur, les poings prêts à en découdre avec la dure et cruelle réalité. Enfin ces gesticulations trouveraient un peu de sens Aha !

 

TWWKIG est un concentré de ce que le style peut proposer de mieux. C’est Fifou, galvanisant, coolos, sombre à souhait et surtout putain de rentre dedans.

 

Petit bémol quant au choix du titre de cet album et les craintes qu’il semble soulever : The World We Knew Is Gone. On perçoit en substrat dans cette affirmation catastrophiste et pessimiste le bon vieil adage réac du « c’était mieux avant ». Aucune nostalgie à avoir, les murs d’hier sont les murs d’aujourd’hui… Le monde est surement proche de l’effondrement mais rien ne doit entamer notre détermination à faire infléchir le cours des choses. Des vies à Marseille comme partout ailleurs en dépende.

- Rrrooo le mec !!

- Hey mecton faut redescendre un peu c’est que d’la zique…

- Mouai mais nan pas que...

 

Si la violence est souvent mise au service d’une esthétique et commande souvent l’activité artistique, elle ne doit pas tomber dans le formalisme et le désespoir des plus plat, encore moins neutraliser nos velléités subversives, qu’elles soient artistiques ou politiques ; même si à mon sens, les deux sont inséparables.

 

Un grand bravo à The Dawn pour ce au combien fameux The World We Knew Is Not Gone.

Désolé pour le détournement…

 

Des bisous affectueux quand même… et encore bravo…

 

photo de Freaks
le 30/11/2018

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