The Senseless - The Buried Life

Chronique CD album (47:27)

chronique The Senseless - The Buried Life

Avec les deux précédents albums de The Senseless, dès le premier abord c’était clair: on allait nous parler bruit, vie, mouvement, claques-dans-le-beignet. Que ce soit via la posture grotesque d’un malheureux surfeur en instance de désintégration (In the Realm of the Senseless) ou à travers un mix de tornade publicitaire et d’activité urbaine (The Floating World), les pochettes choisies par le « groupe » – en fait Sam Bean, ex-Mithras et membre de The Berzerker – étaient débordantes d’énergie, que cette dernière soit cyclopéenne et punitive ou grouillante et moderne. Du coup, face à la cuvée 2017 et son enfilade de portes hésitantes empêtrées dans des sables peu mouvants, on comprend que quelque-chose a changé. Et le titre le confirme: ce 3e album est manifestement celui d’un virage plus introspectif, plus mélancolique, moins optimiste.

 

« ... Si je comprends bien: au revoir le « Happy Metal » qui nous collait la banane en nous carbonisant les feuilles et nous déchaussant les molaires? »

 

Eh bien c’est vrai que, comme nous l’avait annoncé Sam (« … le prochain album […] est en grande partie plus lent, plus sombre et plus ambitieux... Une vraie bonne grosse prise de tête pour dépressif! », cf. notre interview de 2012), The Buried Life est carrément moins axé sur la mise en blasts du mantra « Youpi, ‘fait trop beau! ». Il se trouve que le Monsieur a vécu un certain nombre de pertes de proches, et que cela a coloré de cendres l’humeur de ses compos. On sent une forme de résignation et de spleen sur des titres comme – je picore dans la tracklist – « Neon Lights », tout le début d’« Apophenia » ou encore « Lifequake ». Eh oui, carrément. Du coup on range la planche de surf rose fluo pour un modèle vert-de-gris moins clinquant…

 

Mais non non, rassurez-vous: nul besoin de commencer le travail de deuil: il n'est pas question ici de virage stylistique brutal. Point de Prozac-Goth à l'horizon. Car The Senseless reste ce touilleur de sensations extrêmes qui fait copuler Death – avec des pointes quasi-Grind –, Thrash, touches Black légères (essentiellement au niveau des vocaux, parfois bien acides), mélodies directes, passages en chant clair et riffs Devin Townsendiens. Et cette mixture de produire cette fois encore de véritables petits bijoux. Comme le tube « Safe Passage », aussi conquérant et mélodique qu’un morceau d’Amon Amarth dépouillé de ses cornes et de sa proue. Comme l’hyperactif « Idle Wild » qui, hormis une pause plus sobre en 2e partie, déboule comme un requin sprinteur sur la raie graisseuse de plagistes en phase digestive. Comme le condensé de violence épique et torturée « Brutum Fulmen ». Ou comme un « Everything You Asked For » au parfait dosage brutalité / mélodie. Par ailleurs, si une mélancolie certaine se manifeste effectivement en divers recoins de la galette, les couleurs sombres alors dégagées sont vite filtrées par une prod’ volumineuse et chaude, des riffs bourdonnants pleins d’entrain, et un feeling globalement ouvert et punchy.

 

Alors oui, la fin d’album est peut-être moins haletante que le début, « Lifequake » colle un peu le bourdon, les vapeurs Stoner / Black de « Reclaiming Valhalla » (j’exagère un brin mais…) nous perdent dans un brouillard épais, et « Beyond Applause » ne finit pas sur l’apothéose attendue. M’enfin le bilan reste quand même franchement positif. Ce que nous confirme rapidement une deuxième rasade de « Safe Passage », qu'on s'envoie par gourmandise, parce que c’est quand même un putain de morceau!

 

Espérons maintenant que les problèmes de santé de Sam – qui risque de bientôt manquer de voix, comme Hamon, oui c’est ça – ne l’empêchera pas de nous proposer un successeur à The Buried Life. Avec, qui sait, un retour dans le monde merveilleux, blasté mais souriant, des plages ensoleillées d'Australie.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La chronique, version courte: un mélange surpuissant de toutes les composantes du Metal extrême, relevées pour l'occasion de mélodies évidentes, de passages plus cools et d'une poignée de riffs célestes issus du répertoire Townsendiens: c’est une fois encore la clé du succès de ce 3e album de The Senseless. Toutefois la tonalité est cette fois un brin plus sombre. La tonalité hein, pas le tableau. Car le résultat reste aussi personnel que réussi.

photo de Cglaume
le 05/04/2017

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