Turbonegro - RockNRoll Machine

Chronique CD album (38:58)

chronique Turbonegro - RockNRoll Machine

Mine de rien, le temps file et on en arrive aujourd'hui au dixième album pile poil des cultissimes et irrésistibles Norvégiens de Turbonegro. RockNRoll Machine représente également le second album avec le Britannique Tony Silvester au chant qui a plutôt s réellement fait défaut au combo. Bref, il était difficile de ne pas adhérer à cette bonne pilule concentrée d'authenticité. En revanche, il y a fort à parier que RockNRoll Machine n'ira pas trouvé un accueil aussi chaleureux que son grand frère tant cette galette nous fait un bon 180° au frein un main qui fait bien crisser du pneu de Delorean à 88 miles à l'heure.

 

En même temps, lorsqu'on voit la pochette, on flaire un peu le piège : ça flash bien la rétine dans une approche SF 80's en mode Hysteria de Def Leppard X crâne emblématique made in China de Motörhead sous trip disco. Voilà qui tranche bien le propos niveau esthétique. Et, bonheur pour les uns, hérésie pour les autres, il va falloir la prendre au premier degré cette cover car le contenu musical suit le même chemin. Turbonegro enclenche la pédale douce – pour des mecs s'exhibant comme des dark Village People rock'n roll, l'expression paraît plausible – en même temps que l'interrupteur de la machine à voyager dans le temps. Nul doute que Cromy, grand amateur de non-finesse crust-punkoïde, en prendra pour son grade (la réponse potentielle de l'intéressé en commentaire d'ici peu).

 

C'est bien simple : hormis un « On The Rag » misant sur un punk plein d'urgence et un peu méchant – même si le côté plus électropunk du refrain atténue un peu le propos – Turbonegro se base pour RockNRoll Machine sur un esprit punk rock 90's gentillet mâtiné d'une bonne grosse dose de hard rock 80's kitsch. Comprenez, sortez de chez vous avec votre skate pour profiter du soleil californien. Mais sans le casque, ce serait vachement con d’aplatir la permanente. Rien de rugueux ici, on flirte plutôt avec le sirupeux. Le groupe lui-même l'a annoncé : il n'était pas question de faire du Sexual Harrassment-bis, le but ici était surtout de se faire plaisir en faisant un disque de hard rock / rock'n roll comme tous les membres du groupe aiment en écouter. Et quand on voit le résultat, une fois la surprise passée, difficile de faire la fine bouche.

 

RockNRoll Machine, c'est en effet cette galette qu'on aime écouter avec un plaisir coupable. Elle est parfaitement inoffensive, pas fraîche pour deux sous tant elle se base sur des éléments maintes fois éculés et pourtant, elle fournit une bonne grosse piquouze de positivisme concentré et universel, quel que soit le moment de la journée et/ou le contexte où l'on peut l'écouter. Aucune originalité certes mais contrecarrée par une efficacité et une énergie fédératrice redoutables. Difficile effectivement de ne pas retenir ne serait-ce qu'un refrain, un riff ou un gimmick déployé ici lors de la première écoute. Au contraire, on gobe tout ça avec une facilité aberrante, ça rentre dans la boîte crânienne et on ne s'en lasse pas si rapidement qu'on pourrait bien le croire. Alors bien sûr, les claviers typés Van Halen prêteront à sourire au début (« Part I : Chrome Ozone Creation ») puis tu imagines ce bon gros délire qui doit bien en émaner en condition live (« Skinhead Rock & Roll »). Ou alors de ce « Hoi » AC/DCien sur « Part III : RockNRoll Machine » et autres riffs que n'auraient pas renié les Australiens (« Fist City »). Ou encore ce clin d’œil aux claviers des Who sur « Hot For Nietzsche » qu'un piano que n'aurait pas renié un Alice Cooper. Des hommages typés fan-service qui ne desservent nullement efficacité et intégrité de la démarche. Surtout lorsqu'on voit que toutes les parties plus punk rock peuvent se permettre de donner une bonne leçon aux plus gros requins du genre tels des Green Day ou des Offsprings (« Hurry Up & Die », « Special Education »).

 

Turbonegro nous signe donc là avec RockNRoll Machine un album frais qui sent bon le renfermé. Différent du reste de sa discographie, un exercice de style qui se révélera d'ailleurs peut-être unique mais on ne pourra pas lui reprocher de ne pas usiter de tout ce qui fait le charme des Norvégiens : inspiration et efficacité à parvenir à une qualité en haut du panier en se basant sur des éléments convenus qu'on a maintes et maintes fois entendus. Le tout avec un second degré qui n'aura sans doute jamais été aussi présent que sur cette dixième galette.

photo de Margoth
le 07/06/2018

2 COMMENTAIRES

Crom-Cruach

Crom-Cruach le 07/06/2018 à 16:31:05

"Frais" comme Turbonegro… Margoth... Comment dire ? Suis tombé sur un membre du Turbojugend français en Med dernièrement. On a braillé "I got erection" comme deux débiles devant des gens médusés, moi en viking lui en denim… frais quoi.

papy_cyril

papy_cyril le 07/06/2018 à 16:48:19

J'aime beaucoup le groupe et j'aime bien cet album qui fait la part belle au ptit nouveau au clavier... il y a juste la Powder ballad vque je n'aime pas du tout... le reste est très fun...


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