Unreal Overflows - Architecture of Incomprehension

Chronique CD album (46:02)

chronique Unreal Overflows - Architecture of Incomprehension

« Avec tous ces groupes de Death prog / technique qui pondent des albums comme les huîtres chient des perles, qu’est-ce que t’as encore besoin de nous ressortir tes albums du-temps-jadis? »

 

Premièrement je fais c’que j’veux avec mes ch'veux... Na! Deuxièmement – ‘spèce de galopin – j’ai découvert le Technodeath à une époque où l’on était bien content quand on pouvait mettre la main sur une petite demi-douzaine de sorties par an. Et ça ne peut donc pas faire de mal de rendre hommage à ces valeureux musiciens qui, à contre-courant des modes, continuaient coûte-que-coûte de marcher dans les traces de Death, Cynic, Atheist, Pestilence et leurs rares copains. Et pour Unreal Overflows c’est d’autant plus admirable que leur mère patrie – l’Espagne – n’était alors pas le centre de toutes les attentions métallophiles (...ah bon, parce que ça a changé depuis?).

 

Architecture of Incomprehension est donc un premier album qui marie les tortillons alambiqués d’Atheist, la magnificence de Death et les gants blancs de Cynic, et qui, ce faisant, est le pur fruit de son époque et de ses influences. Un beau fruit juteux sans gravity blasts pour singer Origin, sans coreries héritées de le scène Deathcore technique, sans (ou si peu) de saccades lorgnant vers Meshuggah: tout n’est ici que dentelles exigeantes, vocaux « shrieky » à la Chuck S. / Kelly S. / Sadist, et amples volutes mélodiques.

 

D’ailleurs cette mélodicité exacerbée est telle qu’en dehors des évidentes références à Death (singé peut-être d’un peu trop prêt sur « Crematory of Forgotten Cries », vers 0:46), il peut également arriver fugacement de penser au Arch Enemy de l’entre-deux-millénaires. Alors profitons de la transition toute trouvée (puisque les deux se partagent M. Amott) pour évoquer une autre ressemblance troublante, avec Carcass cette fois, celle-ci allant au-delà de certaines modulations vocales pour insuffler parfois au présent album un bon vieux groove Rock’n’Roll (à 0:41 sur « Is There Anybody… »), voire pour cligner fortement de l’œil en direction de Necroticism (c’est clair et net à 0:24 sur « Psycho-Thought »).

 

Mais il est de notoriété publique que, malgré les flutes à champagnes, les rince-doigts et les couverts en argent, les albums de Technodeath sont parfois lourds à digérer. Voire que ceux-ci peinent à flatter les papilles tenant le feeling en plus haute estime que la technique. Or, malgré quelques coquetteries retorses placées de-ci de-là, il faut reconnaître qu’Architecture of Incomprehension est de ces albums qui se plient en quatre pour séduire les oreilles délicates. Et si la plupart des morceaux provoqueront immanquablement des « Ouawh, bien classe! » appréciatifs, on pourra même compter sur quelques « ‘tain: tueriiie! » au passage des fantastiques « Is There Anybody Outside? » et « What To Do When… » – titres qui compilent les moments de bravoure. Sans oublier cette lead gavée de disto psychédélique sur fond de hachoir rythmique, à 3:42 sur « Pain of an Afflicted Soul », ou ces au-revoir délicieusement électro-acoustiques lancés depuis « Under The Quiet Silence ».

 

Vous pouvez toujours m’agiter vos nouveautés sous le nez, Beyond Creation ceci, Revocation cela: Architecture of Incomprehension est une superbe pièce de finesse death métallique qui réussit l’équilibre difficile entre subtilité, mélodie, complexité et accessibilité. Et dire que le groupe a sorti 2 albums par la suite (dont Latent, sorti en début d’année chez les Français de Great Dane Records… Et on n’a pas reçu le promo?????): ça va encore ajouter du poids dans la TODO list des retards à rattraper…

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La chronique, version courte: grand écart parfaitement maîtrisé entre Death, Atheist et Cynic, par ailleurs agrémenté de touches de Carcass, Architecture of Incomprehension est l’un de ces classiques oubliés qu’il serait dommage de laisser croupir sous la masse des albums sortant désormais dans le genre. Alors cessons donc la fuite en avant, et rendons hommage à Unreal Overflows pour cette petite pépite.

photo de Cglaume
le 02/12/2018

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