Utsu-p - Moksha

Chronique mp3 (57:28)

chronique Utsu-p - Moksha

Vouloir prolonger le plaisir procuré par une formation à la personnalité aussi forte que sa discographie est courte, voilà une démarche tout à fait compréhensible. Malheureusement le fan épuise en général assez vite dernières cartouches et derniers espoirs (quand ce ne sont pas ses derniers euros) sur des démos au son et style mal dégrossis, ainsi que sur quelques bootlegs aussi rares que décevants. Et quand, en dernier recours, la magie noire et les pactes passés avec Lucifer s'avèrent ne pas suffire à décider le groupe à sortir un nouvel album, ne reste alors plus qu'une voie: la quête d'un éventuel clone inspiré. Et s'il y a bien une démarche de la dernière chance dont on ne peut savoir à l'avance à quoi elle va aboutir, c'est bien celle-là. Car pour un fan d'Infectious Grooves qui va tomber sur l'équivalent du trésor de l'Oncle Picsou en découvrant O'Funk'illo, combien de lapins jaunes se casseront les dents sur un Utopianisti en cherchant un succédané de Diablo Swing Orchestra?

 

Vous aurez compris (parce que vous êtes malins) que c'est dans le costume du chasseur de "copycat" que j'ai découvert Utsu-P, alors que je cherchais désespérément à m'envoyer un petit supplément de Maximum The Hormone derrière la cravate. Et cette fois, il faut bien reconnaître que les dieux du Hasard ont enfin décidé de me faire risette. Car le Moksha dont je vais vous parler de ce pas procure un peu près tout ce que le fan des barjots japonais précédemment cités est en droit d'attendre. Du Metal bondissant et furieux, de petits décalages judicieux, l'alliance de vociférations hargneuses et de 2 chants fém-anga, ainsi que de bons petits tubes bien punchy. Ouaip, le contrat est pas loin d'être rempli à 100%.

 

“Pas loin de” car Utsu-P n'est pas qu'un bête clone. Négatif mon Colonel. Il a (“Il”, parce qu'il s'agit en fait d'un one-man band, épaulé par un duo de chanteuses assez interchangeables) développé sa propre patte. Ce qui le place bien au-dessus du triste sort des copieurs sans âme. Ainsi si, tout comme le Booster d'Endorphine nippon, une grosse partie de la personnalité du groupe tient dans la japonisation et la radicalisation d'une Fusion néo-ifiée située quelque-part entre System Of A Down et un Dirty Shirt débarrassé de ses oripeaux folkloriques, sa musique s'en va de plus régulièrement bouillonner dans les terrains vagues du Thrash, voire du Thrash/Death qui slammoshe, avec parfois même quelques petites touches bien Heavy. Sauf qu'à l'opposé du patché bourru de base, Utsu-P s'avère tout sauf “trve”, la musique du groupe étant également pleine de synthé, d'effets “cyber” dansants (on pense parfois à Mindless Self Indulgence)... Et de chant manga-tête-à-claques. De ce point de vue, si vous êtes complètement allergique aux japoniaiseries de Babymetal, laissez tomber: les voix de Gumi et Rin Kagamine évoquent d'insupportables petites collégiennes pré-pubères babillant sans fin au-dessus de grosses guitares. Et quand l'effet de surprise / de contraste a fini d'agir, cela peut s'avérer assez horripilant!

 

Heureusement, pour contrebalancer la chose, les jeunes porteuses de cartable sont accompagnées d'un shriek désincarné façon y-a-un-virus-dans-la-matrice, ce qui encouillifie quand même pas mal l'atmosphère. Et il faut reconnaître que l'alliance Manga Kawaï / Robot Ferox, qui s'aventure parfois aux limites du pur Nawak, accouche de quelques indubitables petites merveilles. Notamment les très bons “An Idiot Admires the Anomaly” et “This Is a Love Song”, mais aussi “Corona” et le joufflu “The Setting Sun”. D'autres morceaux mériteraient encore d'être cités, sauf que derrière le mur d'agression pétillant, ces vocaux piquants et ces refrains à la limite de l'écœurant rendent le résultat plus mitigé, mi-Ouawh mi-Beuark. Le comble de la mièvrerie étant atteint sur un “Pure White Poison” dont on ne sait s'il est plus rose criard ou plus doucereusement poisseux.

 

A mi-chemin entre le Cyber Mosh Nawak Metal burné et le Japan Hélène-et-les-Garçons-core, Moksha est de ces albums susceptible de provoquer des réactions extrêmes. Et je dois bien avouer que de mon côté de l'écran, ces furieux accès de rage, ces contrastes joyeusement excessifs et ces accroches irrésistibles auraient plutôt tendance à me mettre en joie. La 2e moitié de l'album n'aurait pas été un peu trop “vanille fraise” sur les bords, la note aurait pu être franchement joufflue. M'enfin je ne ferai pas mon gros orthodoxe mal léché, et malgré les quelques réticences provoquées par ce côté youpi-nippon très marqué, je ne peux que vous inciter à tenter une écoute de la galette. Vous pourriez bien, vous aussi, trouver le résultat Utsu-perbe!

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La chronique, version courte: pour un cocktail japexplosif à l'impact maximal, mélangez Maximum The Hormone, System Of A Down, Mindless Self Indulgence, du gros Thrash / Death à vocaux cyber-blacky, le micro de Babymetal, du gros décalage manganawak, du synthélectro et des mélodies tellement accrocheuses que ça dégouline de partout, et vous obtenez un Moksha qu'on a un peu honte d'aimer, mais même-pô-peur d'abord!

photo de Cglaume
le 22/02/2017

2 COMMENTAIRES

Margoth

Margoth le 23/02/2017 à 11:45:51

Comme quoi, l'utilisation du logiciel Vocaloid peut faire des merveilles de nawakerie metal et non forcément de la j-pop niaise et acidulée !

cglaume

cglaume le 23/02/2017 à 19:02:38

"Ne jamais tirer dans le dos de l'ours nippon quand sa peau peut être vendue aussi cher" comme ils disent...

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