Voight Kampff - Substance Rêve

Chronique CD album (1:03:37)

chronique Voight Kampff - Substance Rêve

« On prend les mêmes et on recommence en mieux » aurait été un message tout indiqué à placarder sur le digipack de Substance Rêve si celui-ci avait dû se voir accoler un sticker tenant lieu à la fois de phrase d'accroche et de résumé critique. En même temps, il aurait été dommage de souiller la magnifique pochette réalisée par Caza avec ce genre de pollution promotionnelle à 3 balles, tant le travail de l'artiste nous ramène à cette époque glorieuse et lointaine (… c'est qu'on se fait vieux!) où un livre de SF sur 4 sortant en poche chez J'ai Lu bénéficiait de sa griffe.

 

« On prend les mêmes... », oui. Même si on ne parle pas là des musiciens puisqu'il semble y avoir eu un peu de mouvement côté line-up depuis More Human Than Human. Non, cette vérité concerne plutôt l'univers musical au sein duquel l'auditeur se retrouve projeté pendant une heure, celui-ci étant relativement proche du monde où l'album sorti il y a 5 ans développait sa trame. Entre des atmosphères léchées typiques de la 2e mi-temps discographique de l’œuvre de Death, le froid tranchant de l'horlogerie suisse Coroner, et des ambiances spatiales qui décollent enfin un peu des noires ruelles du Los Angeles de Blade Runner pour nous conduire cette fois un peu plus près des étoiles (... aux jardins de lumière et d'argent), sur Substance Rêve on se retrouve en terrain connu. Quoique les choses évoluent quand même un peu, ce temps supplémentaire passé en orbite ajoutant parfois à la carte postale des faux airs du Spheres de Pestilence. Autre différence notable: en 5 ans le groupe a gagné en confiance et a encore allongé ses morceaux. Ainsi, avec une bonne moitié des titres dépassant allègrement la barre des 7 minutes, les fans de Vektor vont avoir une raison de plus de se pencher sur l’œuvre de nos Bretons de l'espace. Et ce qui est vrai pour cette chapelle technophile l'est également pour le clocher cosmo-progophile, les arabesques chiadées d'un « Rebellion » ayant tous les atouts pour séduire les inconsolables amoureux de Kalisia et Symbyosis. A cela vous ajouter des expérimentations originales (cf. le superbe Synth-Tech-Thrash de « Shoulder of Orion »), et vous constatez que mon « On prend les mêmes... » est quand même sacrément réducteur. 

 

« … et on recommence en mieux », donc. Et pas seulement pour les quelques chromes additionnels évoqués dans le paragraphe précédent. Non, le point qui pêchait le plus sur l'album d'avant, rappelez-vous, c'était un emballage sonore pas vraiment à la hauteur du raffinement technique des compos. Cette fois cette erreur n'est pas réitérée, le groupe ayant passé le temps et mis les moyens nécessaires (entre autre un mastering assuré par Mathieu de Gorod) afin que plus aucune tâche ne macule les hublots de leur navette, et qu'on puisse enfin s'en mettre plein les mirettes en admirant la vue qu'il nous offre sur le cosmos. La chronique de More Human Than Human évoquait également de possibles améliorations côté chant. Et sur ce point aussi Voight Kampff a boosté ses moteurs, le passage systématique dans un registre 100% schuldinerien permettant aux amateurs de se sentir tout de suite à l'aise. Enfin j'écris « systématique », mais ce faisant j'occulte une exception funeste. C'est que nos amis ont décidé de finir ce 2e album sur « La dernière rencontre », long morceau aux variations pas si nombreuses ayant pour principal défaut un chant déclamatif en français cumulant les tares de Misanthrope et d'Eros Necropsique. Bon allez, j'en rajoute un brin pour bien faire ressortir l'amertume, mais j'avoue que ce final régressif est pour beaucoup dans la stagnation de la note sous la barre du 8/10.

 

Mais malgré les ronchonneries ci-dessus, vous vous doutez que si l'orga' du Hellfest a fait appel au groupe pour remplacer Origin au pied levé, ce n'est pas seulement un heureux hasard. Et de fait, même s'il reste pas mal sous influence et qu'il cavale encore un bon cran derrière Vektor (qui est plus virulent que son cousin français, et plus capable de développer des accroches fortes), Voight Kampff est devenu une pièce essentielle sur l'échiquier Techno-Thrash international. Parfaitement, non je ne m'enflamme pas: il faut saluer le talent quand on le croise. Nos attentes sont donc dorénavant démesurément hautes pour le troisième album... qu'il va falloir au moins faire illustrer par Druillet, pour continuer sur cette superbe lancée! En attendant, Substance Rêve constitue un délicieux amuse-gueule qui permet d'attendre dans les meilleures conditions l'arrivée prochaine du nouveau Gorod.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La chronique, version courte: vous aimez votre Metal technique plus Thrash que Death, plus SF qu'urbain, plus porté sur les atmosphères que sur la vitesse et les artifices acrobatiques? Substance Rêve va donc être votre nouveau meilleur ami. Un peu de Coroner, beaucoup de Death, un peu de Vektor, beaucoup de Metal Hurlant... Et plein de Han Solo de guitare, évidemment!

NB: n'accordez pas tant d'importance que ça à la tiédeur de la note, qui sanctionne principalement un choix artistique discutable sur la toute dernière piste...

photo de Cglaume
le 29/08/2018

3 COMMENTAIRES

Crom-Cruach

Crom-Cruach le 29/08/2018 à 10:24:09

Je vais peut-être passer le test mais je n'aime pas les tortues...

cglaume

cglaume le 29/08/2018 à 10:40:09

Qu'il est érudit !! ;)

sepulturastaman

sepulturastaman le 29/08/2018 à 12:46:57

Le truc qui me dérange le plus sur cette plaque c'est le son trop grave.

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