Collision Tour (Ez3kiel + hint) le 03/06/2009, Chabada, Angers

C’est comme d’habitude en retard que je me pointe au Chabada ce mercredi 3 juin. A la bourre donc, je rate Hutchinson, la première partie et débarque dans la grande salle du Chabada au son des premières notes de 100% white puzzle, frissonant et excité comme un gamin de 15 ans. Rappellons les faits, Hint est un groupe Angevin ayant sorti 3 albums monumentaux entre 95 et 99. Entre noise, indus, musique ambiante et expérimentale, la musique de Hint et de celles qui ne vieillissent pas et qui (me) fascinent. Sous forme de duo échangeant sur scène guitares, basses, flutes, cuivres, les angevins furent parmi les premiers en France à accompagner leur concert de projections vidéo. Ez3kiel quant à eux n’ont pas spécialement besoin d’être présentés. On notera juste que le groupe de Tours aura eu tendance au fil de sa discographie à s’éloigner de plus en plus de l’electro dub des débuts pour tendre vers une musique plus noire, plus cinématographique, plus rock (et nettement plus intéressante aussi) également renforcée sur scène par des projections vidéo et d’autres artifices multimédias du meilleur effet.

Quel bonheur donc de retrouver les deux formations associées le temps d’une tournée sur un seul et même set ! Bonheur décuplé par le bon goût qui semble avoir motivé les divers choix concernant ce set commun : pas de projection (six gaillard sur scène suffisent amplement à contenter les mirettes), une setlist au poil et une instrumentalisation absolument géniale. En effet, à part Yann Nguema d’Ez3kiel et sa basse inamovible, les cinq autres musiciens n’auront de cesse de changer d’instrument durant tout le concert nous offrant des moments à trois guitares, deux basses, deux batteries, etc. le tout devant un hallucinant mur d’amplis (six) rappellant curieusement la configuration d’un SUNN0))), les deux batteries et quelques machines en plus derrière le mur en question.

Le set commence donc par 100% white puzzle, morceaux que le tout jeune Hint avait joué dans cette même salle en 1994 lors de son inauguration… Historique. Et dès les premières secondes, une tonne de choses se passent : les musiciens arrivent un par un sur scène pour intégrer leur partie dans la longue introduction ambiante du morceau, le ton monte, les reverb s’amplifient, la trompette d’Arnaud Fournier se fait de plus en plus stridente et c’est la première explosion du concert. Les 3 guitares et la basse nous collent aux murs de la salle et tous mes poils s’hérissent de concert (ajoutez à ça un bon gros sourire niais inamovible). Sur scène, ça bouge carrément malgré la lenteur et la puissance tellurique du morceau qui reste très fidèle à l’original mais avec une amplitude décuplée (normal me direz vous quant on passe d’un duo à un sextet sur une musique avec des riffs à deux accords).

Ça continue avec Via Continum d’Ez3kiel, nettement plus plombée que la version d’Handle with care. Ce sera d’ailleurs une constante du concert : les morceaux de Hint seront généralement assez fidèles aux originaux (quoique retravaillés et approfondis) mais les morceaux d’Ez3kiel quant à eux auront fait trois tours sur eux même pour devenir des vraies machines de guerre tout en guitare et en distortion… Et c’est carrément pas plus mal.

On repart sur du Hint avec Beautiful old Betty, morceau le plus calme et le plus psychédélique du concert. Tout en nuances et en textures. Mais on se fait très vite réveiller par le blues indus et pesant de Wagma, merveilleuse chanson de clôture de Battlefield, dernier album d’Ez3kiel.
L’ambiance se pose à nouveau alors qu’Hervé Thomas troque sa gratte pour une seconde basse pour entamer le monumental Mr investigator de Hint (alternance oblige). Malgrès quelques petits soucis d’accordages sur la première moitié du morceau, la beauté et la finesse de cette composition se révèle encore être transcendée par les six musiciens… Et les parties plus lourdes… pardon ! Deux grattes et deux basses, ça fait son petit effet quand même. Configuration réutilisée lors du morceau suivant qui n’est autre qu’une reprise de l’excellent Chinatown de feu Bästard (reformés sous le nom de Zer0 si je ne m’abuse). Et là, fessée déculottée pour tout le monde ! Les deux batteries (oui !) et le diabolique riff de basse de la reprise des Bästard terrassent tout sur leur passage alors que l’intensité du morceau ne cesse de s’amplifier jusqu’à l’explosion finale, ahurissante.

Les deux goupes nous enchainent ensuite avec The Wedding qui nous permet de respirer avant une nouvelle violente secousse avec Flexible, morceau limite metal, complètement déjanté et encore une fois écrasant de puissance. Les musiciens continuent à faire tourner leurs manches au dessus de leur tête et l’on finit presque par oublier que ce sont bien la rencontre de deux groupes à laquelle on assiste.

Le morceau suivant est très attendu puisqu’il s’agit du tube planétaire d’Ez3kiel, j’ai nommé Versus. Et ici encore, la réinterprétation plombée est de mise avec les réadaptation de outes les lignes mélodiques du morceau à la gratte… Et ça pète méchamment. Surtout quand dans un ultime revirement, les deux batteurs recollent au son originel de la chanson le temps d’un court break avant de se vautrer à nouveau dans un déluge de cordes et de distorsion.

Le morceau suivant est très attendu (par moi) puisqu’il s’agit du tube planétaire de Hint, j’ai nommé Eyes in axis. Mais là, gros bémol. Bizarrement, le titre ne passe bizarrement pas à quatre manches et ressort d’une manière très brouillonne. De plus Hervé Thomas aura du mal à péter sa voix hurlée d’antan (tout au long du concert d’ailleurs) et souffrira de pas mal de problème technique sur ce titre visiblement. Dommage.

Le concert s’achève par la très mélodique Volfoni et la ès courte et violente Firedamp d’Ez3kiel, assez fidèles à elles même pour une fois et sans grand intérêt dans le cadre de la collision à mon sens… mais ça aura fait plaisir au fan du groupe (visiblement très). Malgré cette fin en demi teinte, cette « collision » restera mémorable et si, pour une fois, on ne revient pas du concert avec plein d’images, c’est de son, et du gros, qui rythme mes pas vers ma maison… Un DVD ? Vite !