La Folle Semaine (Vladimir Bozar 'n' Ze Sheraf Orkestär + Sashird Lao) le 30/09/2010, Alhambra, Paris

Vladimir Bozar 'n' Ze Sheraf Orkestär + Sashird Lao (report)
Jeudi 30 Septembre, autrement dit le lendemain du passage de Sleepytime Gorilla Museum au Glazart, Paris subissait une fois de plus les assauts de la Nawak Music Mafia, au sein de l’Alhambra cette fois. C’était alors le tour de Sashird Lao et de Vladimir Bozar 'n' ze Sheraf Orkestär de partager l’affiche, ceci dans le cadre du festival « La Folle Semaine » monté à l’initiative du « Chant du Monde » – label petit mais costaud adossé à Harmonia Mundi. Pour tout vous dire, je m’étais uniquement rendu là-bas pour les Vlad’, leurs compagnons de scène m’étant aussi inconnus qu’indifférents – grave erreur, bien que sur le papier le groupe se présente comme un trio instrumental de jazz vocal (si si), genre assez peu attrayant au regard des mes affinités musicales usuelles…

Arrivé en retard suite à une cure intensive de tapas arrosés de rioja dans le restau attenant à la salle – restau dans lequel votre dévoué serviteur croisera le Sheraf Orkestär au grand complet, celui-ci nous apprenant que le running order du soir sera modifié de telle sorte qu’ils ne commenceront à jouer qu’à 22h –, les bizarreries commencèrent dès l’entrée dans la salle: l’Alhambra est en effet une sorte de grand théâtre dans lequel sont disposées de longues rangées de fauteuils type UGC, ceci jusqu’aux abords directs de la scène … Mais euuuh, comment on va faire pour headbanguer joyeusement dans la fosse-euuuuuh ?? Deuxième triste constat: peu de monde s'est déplacé ce soir – Alain, le responsable du label, nous apprendra d’ailleurs qu’il regrettera un peu d’avoir vu si grand, le coût de la salle comme l’envergure de la campagne d’affichage engagée pour l'occasion plombant lourdement la colonne Pertes des comptes, sa cousine Profits restant quant à elle dans un état de relative anorexie.

Mais revenons-en à la musique. Sashird Lao, dont malheureusement je loupai le début de la prestation, fut une très bonne surprise. Bien qu’à mille lieux des sphères métalliques chères à mes oreilles, le groupe réussira à nous faire passer un superbe début de soirée. Pour résumer, Sashird Lao c’est tout d’abord une chanteuse dotée d’un sacré coffre, dont le registre est notamment ancré dans l’Afrique du Nord et ses mélopées alambiquées (que de ronds de jambe pour éviter de parler de Raï … Mais je m’y connais trop peu en la matière pour risquer d’évoquer un style plutôt qu’un autre), mais également capable d’évoluer dans des registres plus pop-variété-rock, tout comme de jouer du saxo. Le premier de ses compagnons est un as du world-human-beat-box, la bouche de cet énergumène lui servant aussi bien à chanter qu’à rythmer de manières diverses et variées les compos du groupe. A noter que le loustic sait de plus manier la flûte traversière… De quoi injecter encore un peu plus de diversité dans l’univers du groupe. Le troisième larron de cette foire alterne quant à lui entre trombone à coulisse, chant et human-beat-boxing, son rôle étant par ailleurs celui du M. Loyal qui huile les transitions et introduit les morceaux. Comme on pouvait s’y attendre, leur répertoire s'avère à la fois jazzy et coloré de saveurs exotiques, mais également – et surtout – excessivement vivant, original et entraînant. Sur scène, le groupe est sobre, drôle, et réussit à bien communiquer avec le public, tentant même de mettre celui-ci à contribution malgré le relatif calme d’une salle trop clairsemée. Il nous gratifiera au final d’un rappel pendant lequel il se réappropriera superbement le « Drive My Car » des Beatles. Une expérience musicale aussi fraîche que stimulante en somme!

Néanmoins j’étais quand même venu avant tout pour Vladimir Bozar. Le groupe sera-t-il à la hauteur de mes folles espérances? Le démarrage de leur set se fit sous de très mauvais auspices. Le groupe ne put en effet commencer à jouer qu’après 22h30, nécessitant l’intervention de 3 à 4 personnes pendant une bonne vingtaine de minutes pour réussir à réparer je ne sais quel ampli ou boi-boîte magique nécessaire à la bonne tenue de leur prestation. Mais une fois la machine lancée, ce fut le bonheur avec un grand Boum! La quasi-totalité d’« Universal Sprache » fut jouée, les exceptions les plus notables étant « Le Grand Rabbi », le remix de l’ami Igorrr ainsi que « Meglio Stasera ». De « Gonzales » à « Ocham », le groupe nous a conduits avec jubilation dans les sombres détours de son labyrinthe musical si délectable pour les oreilles initiées, et si déroutant au premier abord pour les profanes. Véritable maître de cérémonie focalisant sur lui quasiment toute l’attention – alors que Mina et les autres en auraient mérité tout autant ! –, Pedral est une centrale nucléaire à lui tout seul, sautant, tressautant, se convulsant et mimant l’encamisolé (oui bah le mot pourrait exister hein …) fraîchement libéré de ses entraves. Véritable caméléon Pattonien, il nous a donné une véritable petite leçon de polyvalence corde-vocalesque. Allez, pour ne pas se cantonner dans une prose dithyrambique, je formulerai quand même quelques menues réclamations. Premièrement, on regrettera un manque cruel de rappel – certes justifié par les contraintes de la salle et le retard à l’allumage du set mais bon... Tout aussi frustrant, sur « Hector », lors du final chargé en volutes d’encens, Mina n’a pas laissé son chant s’envoler vers les étoiles, mais est au contraire restée scotchée au plancher des vaches, dans un registre relativement sobre, moins enlevé, et laissant par là même une petit frustration poindre au sein de la jubilation générale. Autre micro-déception-juste-pour-le-plaisir-de-râler: à 2-3 occasions, des morceaux se sont vu amputés de certaines pistes – par exemple (je dis ça de mémoire ...) les guitares slaves qui s’épanchent normalement au début de « Rockabiloose » (vers 0:30) étaient complètement inaudibles… Mais sinon c’était franchement ze panard!

Allez, la prochaine fois on se la refait dans une salle où les gens pourront zouker debout devant la scène, et sur une durée permettant des rappels fournis.

« ... Gonzales, tu sais quoi: ch't'attrape, ch'te mords ! ... »
photo de Cglaume
le 13/10/2010

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