Recueil Morbide + Iron Flesh + Corporal Punishment (fr) le 10/03/2023, Lembarzique Café , Lembras (24)

Vendredi 10 mars 2023

Salle : Lembarzique Café

Lembras (24)

Gojira, Cannibal Corpse, Meshuggah, Igorrr, Avatar, Soilwork, Dark Funeral, Leprous, Mgla, Amenra, Der Weg Einer Freiheit, Harakiri for the Sky, Kataklysm, Gorod, Hangman’s Chair, White Ward, Ulcerate, Schammasch, Imperial Triumphant, Regarde les Hommes Tomber… Lorsque l’on fait défiler ces quelques noms qui sont passés ou qui vont passer en concert dans le Sud-Ouest, plus précisément entre Bordeaux et Toulouse, au cours des cinq/six premiers mois de 2023, il y a de quoi se gaver ras-la-gueule et par ricochet siphonner son compte CASDEN en billets et en merch’. Une orgie de concerts en bonne due et forme, une orgie post-covid. Il aura en effet fallu attendre trois ans, trois p****n d’années pour que les effets de cette p****n de pandémie parviennent enfiiiiiiiin à se lisser.

Et encore je ne vous cite là que les concerts au naming le plus sexy. Et que dire des « petites » dates, des « petites » salles … ? Pour ma part, je ne vais pas faire ici un report de l’une de ces manifestations, pas même d’un event qui se serait tenu dans l’une de deux capitales garonnaises. Nope, le vendredi 10 mars, j’ai décidé de faire une grosse heure de route, sous le vent et sous la pluie, pour poser mon boule dans le 2.4., dans les environs de Bergerac, dans un bled hautement improbable : Lembras. C’est là où Matthieu tient depuis 2004 le Lembarzique Café, bar/salle de concerts qui sort ses doigts pour faire du spectacle vivant, spécialement dans le Rock et le Metal, une inextinguible source d’ouverture culturelle en plein cœur d’un département rural. Ses captations live sont tout particulièrement prisées des groupes… Chapeau bas !

Cette salle étonnante, spacieuse (jaugée à 250 personnes tout de même), ‘achement bien apprêtée et convenablement équipée (un gros effort reste à faire pour les lights), a été l’écrin d’une soirée Death Metal bien grassouillette, poutrée par les vétérans francs-comtois de Recueil Morbid, les bordelais déterminés d’Iron Flesh et les aspirants toulousains de Corporal Punishment. Le tout pour une mini-tournée de 2 dates qui s’est prolongée le lendemain à Toulouse, à Axis Musique.

Cette soirée périgourdine a été organisée par une association fraichement créée, qui porte le doux nom de Throne of Blood (bvouiiii une référence directe au titre de Suffocation ^^) et présidée par le local Martin, ancien gratteux d’Unanswered et aujourd’hui cheville ouvrière d’un nouveau projet Death bien troussé, Vayron, dont il assure l’essentiel des compos. L’asso a l’intention tout à fait louable, nécessaire et bienvenue, d’organiser au Lembarzique une soirée Metal tous les trois mois. Une précédente avait d’ailleurs accueilli fin novembre 2022 – excusez du peu – les thrashos autrichiens d’Insanity Alert !

L’event se présente d’autant mieux que Cabale, composé de purs passionnés, sont venus en renfort, en proposant une émission en direct, grâce à leur partenaire media Radio Grand R, et même en installant un stand où l’on pouvait soutenir ses groupes labellisés (Asile Obscene, Holy War, Smashed, Voorhes) et d’autres formations soutenues sans réserve (Vayron justement, Slave One, Yortsed, Cathartic notamment). Car oui, non contente d’extraire de son quotidien, forcément chargé, de larges plages horaires pour claquer des chros, pour arpenter les routes du grand sud-ouest et chiader des live reports ou pour soutenir les groupes et événements Metal de la région sur leur site et émission de radio bimensuelle, la Team Cabale autour d’Arch s’est mue depuis plus d’un an maintenant en Cabale Prod. À nouveau chapeau bas !

Diffusée en direct sur le FB de Radio Grand R et en streaming live sur son site, la soirée débute par le set de Corporal Punishment, groupe 100% toulousain, actif depuis trois ans, mais dont le line-up actuel ne s’est vraiment stabilisé qu’au cours de l’été dernier autour de Fabien, « l’ancien » du groupe et tête bien connu de la scène Metal de la ville rose, puisque sa boîte Snakebite Production a organisé plus de 300 concerts depuis le début des années 2000. Ce soir-là, Corporal a dû gérer une grosse tuile, puisque son chanteur Alex a dû déclarer forfait faute de… voix ! On se retrouve donc face à un set honnête de 40 mn forcément frustrant, avec quelques menus pains ici et là (2^e titre par exemple), mais qui claque une musique bien déstructurée qui sonne très 1990’s avec un mix de Suffocation, Morbid Angel, Gorgoth et Carcass, sans omettre quelques influences plus haut perchées (Atheist). Les breaks brise-nuque sont légion ("The Pain To Come"). Vraiment cool en tout cas d’avoir maintenu leur performance, avec à la clef des moments plaisants portés par l’agilité de la basse 6 cordes de Fab’ ("Victory and The Day After", "The New Plague") ou par les quelques soli du jeune lead guitariste Kevin ("Bones To Dust"). Et merci d’avoir rallongé le set avec un titre inédit, tellement inédit qu’il n’avait pas encore de titre, si ce n’est un : l’énigmatique "Compo 16". Notez que Corporal Punishment sortira le 20 avril prochain The New Plague, un EP (4 titres studio et 2 morceaux live).

C’est un groupe bordelais qui prend la suite, un groupe de plus en plus en vue, porté par une réelle et authentique soif de scène et disposant d’une fan base de plus en plus consistante : Iron Flesh. Le quartet tourne pas mal dans le sud-ouest certes, mais Julien et ses trois acolytes savent changer régulièrement leur setlist pour entretenir la flamme de leur Death Metal Old School. Ce soir, il s’agit surtout de défendre durant 45 mn leur dernier album Limb after Limb, sorti le 4 novembre 2022 chez War Anthem : si mes calculs sont bons, il s’agit de 7 des 11 morceaux joués ! On retrouve sur scène les mêmes lignes de force que celles audibles sur les trois dernières galettes d’Iron Flesh avec une ‘zique à la fois trempée dans le Death des années 1990 – sauce suédoise (Dismember) – et variée pour ne pas tomber dans la lassitude, avec notamment une bonne dose de Death/Doom ("Demonic Enn"). Une formule équilibrée pour un choix payant. D’ailleurs cet équilibre se retrouve dans le groupe en lui-même : vous n’êtes pas sans savoir que Julien, à la fois compositeur, multi-instrumentiste et booker, est la pièce maitresse d’Iron Flesh, mais chacun dispose de ses surfaces d’expression et cela s’entend avec la basse de Seb (désormais associé aux enregistrements studio), avec la gratte de Sylv’ et ses propres solos ("Servants of Oblivion"), mais aussi avec les backing vocals. N’oublions (surtout) pas Guilhem, batteur propre, efficace, aussi discret que très demandé dans la région (Allegiance, Archean, Black March, …). Il existe une différence notable avec les albums… Et pour cause : il s’agit du soin tout particulier apporté à la scénographie, partenaire indispensable de cet OSDM avec son ambiance brumeuse et ses tombes macabrement ornées et illuminées. Musique cryptique, voix caverneuse, samples flippants, décor sépulcral… Voilà une combinaison gagnante, plus encore lorsqu’elle trouve sa traduction brutale dans plusieurs morceaux marquants : "Ripping the Sacral" (seul titre joué du premier album), "Relinquished Flesh", "Cursed Within" (miam miam) entre autres. Belle prestation pour sûr. Autre chose certaine : entre les salles et les festoches, l’année 2023 n’en a pas fini avec Iron Flesh !

Les poètes de Recueil Morbide sont à la clôture de cette grosse soirée Death. Roooooh Recueil Morbide … Des souvenirs de 20 ans remontent à la surface lorsque leur Hurt by Human Race se toisait avec le Insane Cephalic Production de Benighted. On connait la trajectoire de ces Stéphanois ; à rebours, celle de Recueil n’a pas été un long fleuve tranquille depuis leur dernier – et d’ailleurs vraiment excellent – Morbid Collection, méfait sorti en 2015 chez Great Dane. 2015, ça commence à faire un lustre !!! Malheureusement, la composition d’un nouveau long-format a été enterrée suite au départ de Marc, guitariste fondateur ; la sortie d’un mini-album de 5 titres tout neufs, prévue en 2020 pour les 20 ans du groupe, a été retardée par la pandémie… Longtemps dans le flou, les Francs-Comtois y voient un peu plus clair, lorsqu’a débarqué en avril 2022 un nouveau chanteur, Thibaud Blondé, alias Tik, de Lost Ubikyst in Apeiron. Il a pu se tester sur quelques events, spécialement en août dernier sur le Festival des Arts Bourrins. Le temps que Tik ingurgite les tout derniers morceaux, c’est dans les bons vieux pots qu’on va prendre les titres joués au Lembarzique ce vendredi soir. Sans surprise le Morbid Collection sera le plus largement sollicité avec pas moins de 6 morceaux, sur une setlist qui en comptera 11. C’était attendu, mais il est dommage que le son live ait quelque peu écrasé la densité et la complexité de cette grosse plaque. Le grouin-grouin de Tik, le riffing implacable de Will (très focus sur son instru tant les lignes défilent), la basse tantôt frénétique, tantôt groovy de Johan (dont il faut souligner l’énergie sur scène), les fûts acérés de Sylvain, seul rescapé du line-up originel, tout fleure le Brutal Death/Grindcore de bon aloi, peu original certes (mais j’ai un scoop : j’crois bien que le groupe s’en balec) mais efficace : des titres ramassés autour des 3/4 minutes, massifs et sanguinaires, c’est tout ce qu’on leur demande et Recueil Morbide l’a fait avec un réel plaisir.

Le plaisir a été sans nul doute aussi du côté du public, malheureusement peu fourni (tout au plus une cinquantaine), mais tout le monde – groupes, orga, Team Cabale/Radio Grand R, exposants (y avait un disquaire en plouche !), metalheads –, tout le monde j’dis bien était heureux d’être là et ravi de s’être bougé le cucul en terre bergeracoise pour s’avaler ensemble une grosse et gouleyante tartine de Death Metal aux textures variées.

À Martin et à son asso Throne of Blood de s’accrocher désormais ! Dans cette quête de promotion du Metal extrême, le Lembarzique Café sera un précieux allié…

Setlist de Recueil Morbide

1. We Harvest What We Show (album 2015)

2. Chronicle of a Decline : Perversions (2015)

3. Crazy War (2011)

4. The Suffering Remains (2015)

5. Domination (2008)

6. Nightmarish Collapse (2015)

7. Ritual Time (2015)

8. Skin on The Bones (2008)

9. Belated Revenge (2015)

10. Alone (2011)

11. Open the Scars (2008)