Aggression - Frozen Aggressors
Chronique CD album (38:25)

- Style
Thrash - Label(s)
Massacre Records - Date de sortie
1 décembre 2023 - Lieu d'enregistrement Megalith Productions
écouter "Circus Of Deception"
« Le Thrash c’est bon, mangez-en », épisode #60337
Vous connaissiez, vous, le groupe Aggression ? Non plus ? C'est cool, je me sens moins seul… Il est vrai que c’est un nom qu’on entend plus volontiers dans le micro des journaux télévisés de TF1 et CNews que dans les colonnes des médias Metal. Ou alors il faut vraiment bien chercher. Ou bien c’est que le mot est utilisé sans majuscule, en tant que nom commun.
Bref.
Pourtant l'Aggression qu'on va ausculter aujourd'hui gagne à être connu. Il le mérite, même, à vrai dire, vu que ça fait des années que ces Canadiens font du bruit, et que le bruit en question n'a rien d'un boucan informe, bien au contraire. Dès 1984 – sous le nom d’Asylum, tout d’abord – et jusqu’en 1989, les bougres ont thrashé encore et encore. Ce qui a abouti à un premier album, The Full Treatment.
Puis ils ont remis le couvert brièvement au milieu des années 2000s, avec à la clé un 2e album intitulé Forgotten Skeleton.
Mais leur histoire ne s'est pas arrêtée là, et c'est donc un acte III – le plus long à ce jour – qui a démarré en 2014. Depuis lors, nos anciens s’en sont donnés à cœur joie. En sortant pas moins de quatre albums et un EP en moins de dix ans. C’est pas mal, mine de rien, au vu de leur rendement passé. C’est donc un 6e album que ceux-ci livrent avec Frozen Aggressors. Et l'on y sent une volonté manifeste de boucler la boucle, « Frozen Aggressor » étant également 1) le nom de la deuxième piste de leur tout premier album, puis 2) celui de la 4e piste de Forgotten Skeleton (qui peut également être vu comme leur premier véritable album… mais laissons cela de côté), et enfin 3) celui de la 3e piste de leur avant-dernier album (là je triche, le morceau s’appelant en fait « Return of the Frozen Aggressor »).
Bon, voilà, la bio c’est fait : on peut à présent renvoyer Alain Decaux dans son placard, et reprendre le cours normal de cette chronique.
Disons-le tout de go : Frozen Aggressors est un bon album de Thrash Metal. Non non, je ne vous rejouerai pas le sketch des Inconnus pour vous expliquer en quoi celui-ci se distingue des mauvais chasseurs… Euh, des mauvais albums de Thrash. Il se trouve juste que :
- ce skeud propose de bons petits morceaux bien accrocheurs
- on n’a pas l’impression d’avoir déjà entendu des variantes de chacun de ceux-ci sur d’autres disques
- chacun d’eux possède son propre petit truc bien à lui, sa petite spécificité, son brin de personnalité, ce je n'sais quoi que d'autres n'ont pas qui nous met dans un drôle d'état
« Dis cglaume, va falloir te calmer ! Des références à Alain Decaux, aux Inconnus et maintenant à France Gall : tu comptes recruter de nouveaux lecteurs dans les EHPAD, c’est ça ? »
Chef, oui Chef, pardon Chef !
Des morceaux à la personnalité marquée, voilà, c’est de cela qu’il était question avant que le boss vienne pousser sa gueulante. C’est effectivement là l’une des caractéristiques extrêmement appréciables de la tracklist de Frozen Aggressors. Car quand même, ce n’est pas tous les jours que l’on s’enfile des skeuds :
- démarrant sur un instrumental qui dévale la pente à fond les ballons, remonté comme jamais, et bien décidé à nous chiquer le fessier si jamais il réussit à nous rattraper
- balançant en 3e position un « Song #666 » tout aussi musculeux et cohérent, bien que mêlant en un package 3-en-1 l’agressivité venteuse d’un Sodom guerrier, les élans flamboyants du Heavy US, et un mid-tempo purement Crossover Thrash
- démarrant son 4e titre sur de la mélancolie scandinave
- rehaussant les sombres pensées de « Holidays in Sodom » de discrètes touches maidenniennes
- claquant un « Satanic Cult Gangbang » à l’evilosité délicieusement caricaturale, et pourtant véritablement méchant, d’autant que le refrain est growlé plus que beuglé
- se la jouant un rien plus Rock’n’Roll sur un « Queen of the Damned » qui propose néanmoins un refrain en partie shrieké
- finissant sa course sur huit minutes et demie d’une épopée marine qui mise beaucoup sur la narration
Sans parler de cette basse très expressive, quoique pas inutilement bavarde. Et de ces nombreux solos parfaitement dosés en termes de durée, de fréquence et de technicité – l’exercice étant un peu trop souvent artificiel chez les collègues officiant au sein de la même scène, non, ne suivez pas mon regard, j’ai vite fait de loucher.
Alors détrompez-vous : je ne cherche pas à vous vendre ici l’album Thrash du siècle.
Mais oui, Frozen Aggressors est de ces albums sur lesquels on s’arrête, ravi d’entendre quelque-chose d’un peu différent, de varié et de motivant. Et le phénomène est suffisamment peu fréquent pour que cela suffise à mériter votre attention.
La chronique, version courte : Frozen Aggressors ne réinvente pas la roue Thrash, non. Mais il la fait tourner avec vélocité, personnalité et agressivité (encore heureux : il y a un patronyme à défendre !). Et c’est ce qu’on apprécie particulièrement dans ce 6e opus des vétérans canadiens d’Aggression : le fait de proposer un Thrash expérimenté mais fougueux, composé d’une série de titres mémorables, bien distincts les uns des autres plutôt que « faisant masse ». Parce que, quand on y réfléchit bien, ce n’est pas franchement ce qui caractérise notre pain thrashistique quotidien. Et diable, ça fait du bien, de temps à autre, un peu de variété dans notre soupe métallique !
4 COMMENTAIRES
Crom-Cruach le 17/12/2024 à 14:00:03
Bonnarde la pochette : j'écoute ça ce soir.
Crom-Cruach le 17/12/2024 à 18:24:34
Pas mal : bien punk
cglaume le 17/12/2024 à 18:39:57
Des vieux qui ont encore de beaux restes !!
Crom-Cruach le 17/12/2024 à 19:25:31
J'attends toujours la voix et là ça va.
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