The Number Twelve Looks Like You - Worse Than Alone

Chronique CD album (45:49)

chronique The Number Twelve Looks Like You - Worse Than Alone

A être tout le temps à la recherche du St Graal « Original & Barré », le lapin s’est souvent retrouvé à acquérir des trucs complètement indigestes. C'est pourquoi, si vous traînez un peu dans les archives du présent site, vous y trouverez des palanquées de chroniques d’albums de Metal expérimentalo-arty casse-bonbons (… parce que même quand on n’a pas aimé, on vous en cause!). En effet, à moins d’entreprendre leur périple exploratoire dans la jungle de tous les possibles musicaux avec la bonne humeur et le 2nd degré propres au Nawak Metal, les artistes cherchant à se démarquer ont vite fait de pondre de l’inédit attends-c’est-trop-conceptuel-tu-‘oiiiiiis aussi hermétique que tue-l’amour. Et existe-t-il plus insupportable que la musique issue de cette démarche hautement prise de tête, même dans les bacs à CDs Emo-Doom chrétien (ça existe, non?)? Niet!

 

Le paragraphe précédent ne fait rien pour maintenir le suspense: oui, Worse Than Alone, le 4e album des américains de The Number Twelve Looks Like You, m’a violemment brûlé les rognons à la chaux vive. Pourtant il serait un peu cruel de prétendre que la formation du New Jersey n’est qu’un groupuscule de dandys écrivant des titres Metal d’une main pendant qu’ils sirotent leur Martini-avec-olive de l’autre, dans le bar attenant à une galerie spécialisée en Art Moderne abstrait. Non, nos gaillards – des jeunes gens bien propres sur eux si l’on en croit les photos officielles du groupe – pratiquent un genre plus tout à fait à la mode mais qui le fut, notamment dans le sillage du succès commercialo-critique de The Dillinger Escape Plan: le Mathcore. Mais si, vous savez, ce style trooooooop tendance, où à la fois on est des méchants-faut-pas-nous-chercher-dans-mon-walkman-y-a-un-mec-qui-growle et tu-vois-ce-riff-se-joue-avec-13-doigts-et-sans-écouter-la-batterie-ni-la-basse, entre Grindcore spasmodique, technique Progressive et swag Post-trucmuch.

 

Le truc c’est que si Ben Weinman, Greg Puciato et leurs potes ont réussi à donner un visage humain à leur maelstrom spasmodico-musical grâce à un talent indéniable, leurs disciples à tête de 12, eux, non. Parce qu’il ne suffit pas d'adopter un patronyme à rallonge rappelant celui de son idole, de produire des déluges de notes par geysers entiers, de les recouvrir de dissonances et de beuglements hystéri-core, et de tempérer le tout par quelques épisodes plus doux à chant clair adolescent pour remporter la timbale. D’autant que, pour le coup, ici le résultat est à l’exacte opposé: on ne retient rien (ni morceau, ni mélodie, ni plaisir) de cet album si ce n'est l’inconfort de morceaux où l’on peine à suivre le mouvement, le gâchis de quelques plans sympas perdus dans une débauche de notes sans direction, et l’horripilant chant clair de Metalcoreux-mais-presque doublé d'aigus bruyamment vénères perçant les tympans à la manière de Ju de Psykup.

 

Alors certes, le groupe tente parfois de faire vraiment dans l’original… Un peu comme son modèle, en fait. Mais ça finit une fois sur 2 en eau de boudin. Pour un « The Garden’s All Nighters » recélant quelques Polop-pop Pop-on-da-Beach et un peu de blues latino à la Santana, ou un « Retort, Rebuild, Remind » soudain aéré par une pause Hawaïenne, il faudra supporter le Pop Metal dandy élitiste de « The League… » et la fadeur électro-loungy de « Serpentine »…

Du coup je ne sais plus quel chroniqueur avait décrit cet album sur je ne sais plus quel ‘zine en dressant des comparaisons hasardeuses avec certains projets de Mike Patton – parallèles qui me poussèrent à m’intéresser d’un peu trop près à l’opus –, mais  je ne le remercie pas!

 

Alors c’est vrai: les amateurs d’ongles qui se retournent sur l’ardoise, de dents brossées au silex et de tempes massées à la brosse à crins devraient évaluer cet opus avec plus d’indulgence que ma pomme. M’enfin quand, après de multiples écoutes, un album ne réussit pas à imprimer la moindre trame durable dans le mou de votre matière cérébrale, qu’il procure du plaisir en quantité aussi congrue, et qu’il prend le pli de régulièrement vous chatouiller les nerfs auriculaires au papier de verre dissonant, malgré certaines qualités techniques évidentes, dur de ne pas finir carrément irrité. En même temps on ne s’énervera pas trop fort: le groupe a semble-t-il splitté…

 

‘vais aller m’écouter un petit Dirty Shirt, tiens, du coup, pour penser mes plaies et me détendre un brin…

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La chronique, version courte: envie d’un clone indigeste de The Dillinger Escape Plan qui blesse profondément oreilles et nerfs sans compenser par un trait de génie? Envie d’un Mathcore spasmodique teinté de dandysme d’jeune? Please welcome The Number Twelve Looks Like You!

photo de Cglaume
le 14/10/2015

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