Yurodivy - [The Higher You Climb

Yurodivy revient sur le devant de la scène avec son étrangeté Post-Hardcore The Higher You Climb. L’avant dernière sortie des Strasbourgeois parue sur Zegema Beach Records avait eu ce mérite à l’époque de proposer un Post-Hardcore déjà bien retorse même si l’explosivité Skramzy était souvent la règle. Plus marqué que son prédécesseur, The Higher You Climb laisse davantage le champ libre aux arrangements et aux sonorités tortueuses. Des choix bien assumés à l’époque mais qui donnaient l’impression de n’être encore que des balbutiements de style. Si Tell Me When The Party’s Over était composé de morceaux à géométrie variable, l’écoute de ce dernier Ep nous donne le sentiment d’être en présence d’un groupe plus en phase avec ses envies. Comptant sur un nouveau Line Up, Yurodivy réaffirme sur cet Ep son identité protéiforme tout en proposant un ensemble bien plus cohérent que ce qu’il a pu nous donner à écouter. Le format court contre-carrant surement les éparpillements passés.

« Year Of The Light » avec son entame lugubre et toute en suspense pourrait figurer sur l’ost d’un film noir. Les quelques notes de piano et de saxophone intriguent, le mystère est entier et l’ouverture de cet Ep nous promet des ambiances bien sombres. Des ambiances très cinématographiques que l’évocatrice couverture de l’EP rappelle également. Comme sur Tell Me When The Party’s Over, un montage photo soigné nous promet un univers glauque et dystopique. L’introduction de « Year Of The Light » en est la première manifestation sonore. Le décor planté, les guitares plaquent leurs premiers accords et soufflent cette mise en bouche instrumentale. L’atmosphère est suintante de désespoir, un étrange rapport au monde s’installe. Un monde plombé et oppressant qu’un crescendo tortueux et dissonant déploie sur les 8 minutes d’un très immersif premier morceau. L’égosilleur de Yurodivy empreinte la même expressivité Skramzy que sur Tell Me When The Party’s Over. Des lignes vocales pourtant plus accrocheuses à l’époque, variées dans leurs intentions et puissantes lorsque paroxysmiques. Le léger manque de puissance du chanteur sur ce titre est très largement compensé par un potard de gain abusif. Une utilisation un brin forcée qui laisse entendre plus de grésillements artificielles qu’une sensibilité vocale qui se traduirait en saturation naturelle. Seul des Backs vocaux arrachés permettent de sauver la saveur de ces lignes.

S’ensuit « Dead End », reprenant les mêmes caractéristiques sonores d’un monde Post-industrialisé sur le déclin avec ses larsens profonds, lugubres et un riff de basse psyché/prog. Le décor est toujours le même, impossible de s’en extraire. La dystopie est totale et indépassable.

On termine sur l’épique Scarecrows, ses arrangements électroniques et son saxophone spectral qui pourtant n’a jamais été aussi menaçant. Le malaise est rejoué, le morceau livre tous ses atouts et laisse davantage le riffing et l’amplitude Post-Hardcore s’exprimer. Un morceau conséquent dont le final emporté laisse la place à des musiciens pour qui les dérives sont l’harmonie. L’expression est libre, les arrangements aux petits oignons. Le solo jazzy du saxophone est aussi épique que taquin, les sections cuivre redonnent l’espoir qu’il manquait. L’Ep prend toute son ampleur sur ce climax final, déchiré et déchirant.

The Higher You Climb est un Ep Post-Hardcore qui s’encanaille très largement d’inspirations Prog typées 70’. L’univers est dystopique, les inspirations sont littéraires et cinématographiques. Une potentiel ost pour un film noir qui nous plongerai mentalement dans le meilleur du pire. Si vous aimez le travail de Vangelis sur Blade Runner alors mettez-vous le dernier Yurodivy. Les similitudes, du moins les évocations sont nombreuses.

Freaks

le 09/11/2021