Avee Mana - Inner Life

« Tout ne tient qu’à un fil »

Qu’à un rythme, qu’à un riff... ainsi les premières secondes du début de l’E.P me renvoie directement aux "Dirge" de Death In Vegas et "The Precious Mountain" de Quickspace. Ces deux morceaux ayant une telle force attractive que je dus aller me les écouter immédiatement. [pause].

(Souvenez-vous du Lou R. en ouverture de Take No Prisoners : « Hello. Sorry we're late, but we were just tuning ». Pas mieux.)

Je comprends bien que parler de « pop raffinée » peut porter à confusion. « Classe » également. D’un autre côté il n’y a pas encore de chronique de Belle And Sebastian sur le site, donc pas de mauvais raccord à effectuer. Car il ne suffit que d’une écoute pour comprendre que la qualité de cet E.P tient dans la retenue qu’ils ont su appliquer. Yes I can breath ("If You Want Me").

Le rythme est posé, varié, les notes sont comptées, cachées, puis libérées. J’aime bien quand le groupe laaaaiiiiiissse traîner, le temps, le son, la poussière. Cela sonne le désert, les groupes du désert, le festival Levitation à Saint-Mars-du-Désert Angers… Et « your anger is a gift », ils disaient. "Bending Sky". Alors forcément, une guitare s’en échappe pour crier au loin, et, crack le sky. On se laisse tomber.

De l’air, de la réverb’, des voix parfois fantomatiques, une bonne production, ils nous laissent naviguer dans le vague de ce qui va arriver. Cette approche peut vous rappeler tout plein de groupes qui se la touchent psyché-rock 60’s mais également d’autres moins sérieux et plus cool comme La Hell Gang, Lee Ranaldo, Kurt Vile ou The Black Angels. Par contre, Avee Mana sait qu’ils ne sont pas nés il y a 60 ans, qu’il n’y a qu’un seul Syd Barrett, et que la poussière se déguste avec de la Fuzz ("I’m a Toy"), alors, à l’instar de Johnny Mafia, ils ne se privent pas d’envoyer du gros son « granuleux » quand le morceau ou la mélodie en demande ("Witchcraft"). Ils ont bien raison – ne pas laisser l’auditeur s’évaporer. Welcome to Sky Valley !

Et d’un premier "Inner Life" assez direct à un dernier "Bending Sky", aérien, slide guitare y compris, le groupe réussit tout au long de cet E.P à nous tenir sans qu’ils aient à se répéter. Beaucoup de choses ici, mais pas trop. Maitrisé. D’ailleurs, avec un tel dernier morceau de plus de 9 minutes, superbement réussi, on ne peut qu’attendre avec impatience les concerts et un premier album. Tout paraît aujourd’hui réuni, musique et musiciens, pour tenir sous les feux des projecteurs et aller encore plus loin.

En attendant, avec sur ce E.P ce simple riff d’intro, qui est un parfait riff d’outro (c.f Earth Pentastar: In The Style Of Demons)… la boucle est bouclée pour se le réécouter.

R.Savary

le 03/05/2023