Melvins - Thunderball
Chronique CD album (34:04)

- Style
Rock - Doom Inca - CONTRECore mélancolique. - Label(s)
Ipecac - Date de sortie
18 avril 2025 - écouter via bandcamp
CANADA BUZZ HAS A WAY OF SEEING THROUGH MY EYES
Pour une vraie-fausse discographie des MELVINS - Chapitre 71 -
Vous pouvez toujours vous référer à l'introduction du chapitre 1, pas sûr que vous approchiez les raisons psychiatriques profondes à semblable dévouement désintéressé. Mais oui, il y a bien 70 autres articles (attention il existe une chronique compte-triple, et encore, on ne décompte pas les deux albums solos de King Buzzo).
Bon courage, vous y êtes presque.
Les Melvins sous leur formation 1983, ça a toujours été un délire de sales gosses. Des retrouvailles, rappelons-le, entre deux amis d'enfance qui ne se sont jamais vraiment quittés, King Buzzo donc et Mike Dillard, tout premier batteur historique des Melvins avant même l'arrivée de l'essentiel et unique Dale Crover, ce dernier basculant alors ici au poste de bassiste éméritant.
Un délire de sale gosses vandalistes, un brin régressif, sans pour autant revenir à leur répertoire Hardcore Punk de leurs débuts.
Sur les deux albums précédents de cette formation particulière, Tres Cabrones et Working With God, on pouvait constater l'aspect un peu plus immédiat, un brin moins tortueux, une approche très Rock en somme de la chose Melvins (qui est un groupe de Rock en soi, mais euh... ah : merde !) et plutôt potache, avec quelques bonne rigolades. Mais cela restait une tendance pensée globale, car il y avait quelques exceptions notables d'actes locaux avec ces morceaux plus dramatiques, plus progressifs, comme ''Dogs And Cattle Prods'' ou ''I Told You I Was Crazy''. Craquages psychiatriques en bonus occasionnels non négligeables.
Des disques très sympathiques, très bons, et pas du tout prise de tête en fait, au contraire de leurs chefs d’œuvres comme Honky, Hostile Ambient Takeover ou The Maggot par exemple non-exhaustif, tous plus ou moins crispants (mais au-delà de l'excellence).
FLASH INFO : Ça se complique ici Gérard puisque nous apprenons que Dale Crover ne participerait pas du tout au disque, apparemment c'est Ni Maîtres qui officie à... la CONTREbasse à sa place (et aux bruitages) ! Et il y aurait aussi Void Manes en feat. aux bruits et à la ''creepy machine vocals'', quoique ça puisse bien être...
Merci Sophie, envoyée spéciale dans le trou du cul de l'enfer des chroniques illisibles.
En tous cas, nous sommes en 2025 et les Melvins 1983, qui que ce soit derrière au final, nous sortent leur 3ème album du nom, orné d'une pochette qui enrichit le bestiaire merveilleux de Mackie Osborne, et d'un titre en hommage à Oasis, la plus grande et première inspiration des Melvins, comme chacun sait.
Oh c'est bon, j'déconne, hein...
J'déconne mais par contre, ça m'a sauté aux oreilles dès la première écoute, ici ça déconne pas des masses, justement. Le côté potache-provoc' des précédents Melvins 1983 semble avoir disparu.
Et puis, on n'a que 5 morceaux. Dont un, le deuxième, qui n'est qu'un trip ambient* un brin problématique posé là dès la deuxième piste sans apporter grand-chose au disque je trouve. Ni textures folles, ni suspense, ni repos, ni attente spéciale...
Donc ça ne fait plus que 4 titres pour les grincheux. Bon, ils sont pour la plupart plutôt longs, donc y'a moyen que ce soit encore des morceaux dans des morceaux, comme sur Tarantula Heart ou Bad Mood Rising, non ? Non. Enfin, oui et non. Un peu, mais pas tant. Il y a tout simplement du morceau qui prend son temps, ici. Il y a des longueurs, même, malheureusement. Ainsi je ne comprends pas trop ''Short Hair With A Wig'' (Comment ont-ils deviné ?! Je l'ai caché aux yeux de tous pourtant ! Créant même une calvitie artificielle afin que personne ne se doute que je porte une perruque !). Ses couplets CONTREbasse/toms/chant/petits bruits: là où ils auraient pu installer une vraie atmosphère de malades comme ils savent si bien le faire, béh ça tourne un peu à vide, le chant tombe un peu à plat. Le plan Doom-Blues en mesures composées qui marche, tiens, un peu comme un chien à cinq pattes**, sonne très bien, c'est pas lui le problème... mais ces couplets mous, là. Et la construction en ABABAB ne risque pas de nous faire sursauter.
Arf !
Même si, eh bien de l'inattendu, il y en a encore ! Et toujours !
Ouf.
Notamment avec ce début conquérant, plutôt Punk-Pop californien, de ''Victory Of The Pyramids'', qui comporte néanmoins ce halo de sarcasme indéfini, rappelant éventuellement les Pop-O-Pies par exemple, étrange groupe déjà plusieurs fois repris par leurs bons soins, dans Tres Cabrones et Everybody Loves Sausages pour ne pas les citer.
Ça, c'était avant que le morceau ne dérape dans du Hardcore-Hard-Rock venimeux typé Made in Melvins, puis dans... eh bien dans du Doom Inca, voilà. Un long titre qui en fait en est deux, ou trois différents. Et qui est très, très réussi ! Au chant, Buzzo monte de plus en plus haut dans les aigus, se transformant à nouveau en un Ozzy qui aurait été enlevé par les extraterrestres et restitué à l'humanité, certes bloqué dans un état de terreur mystique totale, mais aussi avec des super pouvoirs aberrants (autres que sa longévité improbable). Du pur Melvins typique, avec un je ne sais quoi en plus, une coloration mélodique un peu différente d'habitude, on va dire. Et les sons électroniques apportent vraiment quelque chose au morceau, c'est spécialement frappant vers les 6/7 minutes, avec ces notes percussives en forme d'escaliers soniques !
Melvins typique total par contre : le premier titre ! ''King Of Rome'', excellente ouverture au groove indécent et menaçant.
Mic drop.
Ainsi va le dernier titre (déjà!), classique – pour du Melvins – mais dans le genre bien plus posé cette fois, avec même une mélancolie pas si fréquente dans leur pléthorique discographie. Ce ''Venus Blood'' tout en retenue, où ils ont même gardé les petites notes fantômes des cordes à vide relâchées dans les riffs de grattes lors des calmatos, nous termine tout ça dans le spleen analosynthétique après de belles mélodies de voix vers les 4 minutes et des brouettes, un autre mouvement dans le mouvement...
Je sens que plus je vais écouter plus je vais aimer...
Et c'est déjà fini ? Le disque, oui. Pas la chronique.
Car comme le disque est arrivé à son dernier tour, eh bien je le relance les amis. Et je relance la chronique, pauvres de fous !
(C'est le chemin qui compte, vous n'avez toujours pas compris ?)
Et mes petits commentaires malhabiles sur ce fameux troisième titre un poil décevant ne s'arrêteront pas là. Ne pas s'arrêter aux premières écoutes. Tout chroniqueur un minimum expérimenté (rires) ou qui ne verse pas dans la malhonnêteté (rires) le sait. Il faut se méfier des premières écoutes, on peut vite faire fausse route.
Car si je ne vais pas vous dire que ce morceau est finalement absolument génial, « le meilleur de tous, toutes époques confondues ! », non, faut pas exagérer, je vais cependant nuancer mes propos et vous assurer qu'il y a vraiment du bon à prendre, et notamment cette coloration mélodique à nouveau spéciale, ici comme chromée et, encore, mélancolique, dans le plan Doom-Blues, c'est vraiment chouette. Et le plan CONTREbasse/toms/chant/petits bruits dans la brume me paraît beaucoup moins tomber à plat, avec le temps... L'ambiance est trouble et se mérite, mais y'a moyen de s'y baigner. J'écoutais avec un système de son tout pourri, tout cheap, aussi, je vais tenter en immersion au casque ou sur un système qui rend un peu plus justice à ce qui a été enregistré, surtout qu'ici les détails ont leur importance satanique.
Bougez pas, je reviens.
[...]
Me revoilà.
Bon, alors, le son tout distendu de ce qui serait une CONTREbasse apporte quelque chose même si, eh bien si c'est effectivement une tout CONTREbasse (? franchement j'y crois de moins en moins, y'a peut-être bien de la CONTRE en Noise à l'archet, mais Buzz n'aurait-il pas tout simplement pris la quatre cordes sur pas mal de pistes*** ?), y'a toujours cette difficulté à lui faire prendre corps dans un mix, disons là qu'il faut mettre du son ou écouter au casque.
L'écoute à grand volume sur un vrai sound system – ou aux écouteurs – apporte finalement son lot de contentement sur le morceau le moins aimé du lot par votre humblouille serviteur.
Ainsi voilà un disque dans son ensemble assez merveilleux. Au final. Bien plus profond, mais moins fun que les deux autres LP's estampillés 1983. Eh oui : tout ce que je peux bavasser et critiquailler sur ce putain de groupe est à prendre avec des pincettes, tant tout est complètement relatif. J'veux dire, ton groupe local préféré sortirait un disque de cette trempe, mon gars tu te pisserais dessus et tu pisserais partout et tu te pisserais dans ta propre bouche en criant au génie – en gargouillant quelques bulles au passage.
Donc bon, voilà, noter le disque... pffff, nique ta mère.
Le seul truc que je pourrais vraiment gnagnater c'est que j'ai un goût de frustration tout de même au final.
Mais, éh, c'est pas grave : je viens de recevoir par la poste Savage Imperial Death March, la toute nouvelle collab' avec Napalm Death, ha ! (On en reparle dès que possible.)
Alors bon, les histoires de gros EP / petit album, 5 titres, interlude ou pas, quand on sort deux disques en deux mois moi je dis youpi allons écouter ma jeune fleurette au vent du fusil... dans la Nuit, la Nuit qui nous attend toujours, tous.
Alors dodo, bisous, à très bientôt pour l'écriture/la lecture d'un énième chapitre encore trop long et confus**** bien-sûr, ma femme m'a dit que j'étais devenu la caricature de moi-même, je ne voudrais pas la CONTREdire. Et surtout, je l'expie dans la catharsis la plus effrénée.
Santé, tant que vous l'avez !
Sortie le 19 avril 2025 chez Ipecac.
* pourquoi minorer un morceau ambient ? Parce que tu n'as pas la culture pour pouvoir apprécier cela, tu n'as pas non plus la curiosité et l'honnêteté intellectuelle de te dire « ah mais en fait c'est une façon de faire de la musique complètement différente et... » ! Bref, t'as saisi l'idée : ça va bien de cataloguer la moindre tentative autre ou contemplative/hypnotique en sous-musique. Allez vous faire foutre bande de nazis de la zik, le clan des sous-trucs vous emmerde profondément ! Cordialement.
** aka Five Legged Dog, l'ai toujours pas chroniqué çui-là, ce pavé acoustique de... 36 morceaux (ou 38, les historiens se déchirent sur la question) sur double album CD, quadruple vinyle, j'en ai des sueurs froides rien que d'y penser...
*** si, bien-sûr, c'est exactement ce qu'il s'est passé, où étaient mes oreilles ?!?
**** pour un article encore plus long, mais avec des images en plus, je crois me souvenir que çui-ci est particulièrement informatif :
https://www.revolvermag.com/music/4-decades-melvins-how-weird-band-washington-changed-heavy-music-forever/
4 COMMENTAIRES
Moland Fengkov le 24/04/2025 à 21:48:28
T'es un grand malade haha
el gep le 25/04/2025 à 14:35:22
Je ne vois pas ce que tu veux dire, je vais très bien, merci.
Je le réécoute sinon, et ce disque a tout comme moi une classe folle.
el gep le 25/04/2025 à 15:07:48
...blagues à part: des riffs géniaux et des mélodies de gratte(s) et de voix magnifiques.
''Venus Blood'', nan mais quelle beauté !
Se bonifie avec le temps.
Moland Fengkov le 25/04/2025 à 17:18:34
Je plussoie !
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