Tenace - Vestiges

Chronique Maxi-cd / EP (6:13)

chronique Tenace - Vestiges

Tenace est un combo Punk-Hardcore qui a eu le culot ou l’audace, ça c’est à l’appréciation de chacun, d’enregistrer l’année dernière un live sur un lumineux Rooftop parisien. Pour ma part, ça me chagrine un peu cette drôle d’idée. Je ne suis pas sûr que l’esprit Hardcore se prête très bien à ce genre d’environnement verticalisant. Et puis les Rooftop, au-delà du caractère Trendy, sexy et Hypé du moment, me semblent être, au niveau signifiant, une erreur de goût maladroite et en total contradiction avec les us et coutumes de la culture Hardcore. S’il se joue usuellement dans son jus, dans des atmosphères fauchées, souterraines et où l’indigence et la noirceur du lieu traduisent la modestie originelle de ses membres, le Hardcore de Tenace, du moins les référentiels symboliques du combo, ne cherchent pas à honorer l’Histoire esthétique de la scène parisienne. Les Situs pourront au moins se réjouir de cette incartade crypto-performeuse, alors que nous autres, les nostalgiques de la scène 80’ parisienne et de ses espaces politiques et musicaux incarnés, n’auront que faire de ces effets impersonnels et vainement tape à l’œil.


Mais bref venons-en à la musique et quittons le superflu de cette chronique. Parlons de la note infligée à Tenace. Car il est vrai que de mettre des notes, comme peut me le répéter souvent une bonne pote, c’est tellement plus Punk. Allez 6,5 au compteur et on en parle plus. On passe pour de bon au fond et au sérieux de cette chronique. Le look des membres de Tenace Aha ! Pas de commentaires de ma part à ce niveau-ci, la crête n’a jamais fait le Punk donc on s’en fout comme de la dernière sortie d’Anti-Flag. Ah! Rooftop, Anti-flag, ça me rappelle une autre désillusion...

 

Tenace sur son dernier EP Vestiges sortie en septembre dernier, qui a aussi fait l’objet d’un enregistrement live évoqué plus haut et dont j’ai mentionné le j’men foutisme, nous sert un Hardcore mélodique tout ce qu’il y a de plus classiques. Les Parisiens se veulent Screamo et intimistes dans le texte et Post-Hardcore dans la structure et les aspirations de ses morceaux. Un Post-Hardcore un peu rachitique et qui manque malheureusement d’un peu d'ampleur.

Ça manque de profondeur, de relief et de justesse dans les émotions que cherche à plaquer en riff le combo, en un mot d’un peu de transcendance. Les compos manquent d’aboutissement, de feeling, et ma tripaille au final n’aura que très peu été chahutée par les efforts du combo. On sent pourtant bien que les gars se donnent à fond. Néanmoins, à vouloir trop en faire on passe à côté de ce pourquoi on s’est mobilisé. On sent au chant le trait un peu forcé, avec des choeurs qui n’apportent pas grand-chose et où le « faire pour faire » domine sur la sobriété que devrait supposer certaines séquences bien plus dépouillées. En plus le chanteur bouffe le mix, c’est parfois sympa dans les moments les plus implacables de colère mais par moments on aimerait d’avantage pouvoir profiter des riffs environnants.

 

On finira sur une note positive et « Tout restera » le dernier morceau de cet EP qui est de loin le plus abouti et prometteur de tous. Des plans variés, un screaming incarné, justifié et aux abois, un riffing bien senti dans l’ensemble et deux guitares en totale harmonie lors d’un morceau de bravoure fulgurant ; une montée crépusculaire soutenue par des arpèges qui étayent harmonieusement la mélancolie d’une complainte screamo riche et sensible.

 

Au-delà de ces remarques en demi-teinte pour l’EP de Tenace, l’essentiel est pourtant là et les intentions du groupe sont plus qu’honorables. Le résultat d’un désir collectif, d’un amour pour le Hardcore et de ses implications affectives et émotionnelles. Faire, même "faire pour faire" c’est déjà essentiel en soi, le succès peut bien finir dans un trou rempli de toute la Fange vaniteuse qu’il engendre. Proposer des choses, se retrouver, faire et défaire pour mieux triompher dans/de l’échec. 

 

Tenace je vous le dis; vous avez du potentiel, de l’énergie et de l’authenticité à revendre, alors n’allez pas tout gâcher sur de déracinantes terrasses. Allez on tourne la page et on oublie tout promis ;)

photo de Freaks
le 18/06/2020

3 COMMENTAIRES

el gep

el gep le 17/06/2021 à 09:59:51

J'ai pas compris, Freaky boy. Je ne suis sans doute pas très au fait de ce qu'il se fait dans les milieux branchés (les quoi? "branché" on n'a pas arrêté de dire ça en 1993?!? mouahah) mais ça serait un truc de riches - et vraiment pas "Hardcore" - de jouer sur un toit? Quel mal y-a-t-il au fond à jouer dans des endroits pas très habituels? N'est-ce pas bien dans l'esprit DIY (sinon Punk si ça veut dire quelque chose) de jouer où on peut tant qu'on n'utilise pas une machine à fric pour ce faire? Faut-il obligatoirement jouer dans une cave dégueulasse pour rester dans un soi-disant "esprit"?
Vue la photo de groupe prise lors de ce concert, ça avait l'air très beau, en plus. Voire même poétique... Et la poésie, bordel?!?
Je suis peut-être bien naïf...

Freaks

Freaks le 17/06/2021 à 18:12:42

La mode des rooftops me gonfle de manière général et puis poétiquement jai une préférence pour les caniveaux et les pissotieres :p
Le concert sauvage rooftop pourquoi pas, perso c'est pas mon truc ;) 

el gep

el gep le 18/06/2021 à 11:47:22

Ah la poésie d'la pisse!
J'aime bien... (la poésie, pas la pisse, hem...)

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