Fishtalk - Shutdown

Un jour, l'on se penchera sur ces groupes un peu timides, un peu gauches, fébriles qui ont franchi le pas de délivrer une carte de visite.

Certains y allant par dépit, ne s'embarrassant pas des retours éventuels fussent-ils négatifs. Alors que d'autres, respirant la trouille au point de faillir, n'arriveront pas à dépasser ce premier effort.

Entre ces deux postulats, une majorité tremblotante mais pleine d'envie.

Parce qu'ils sont un peu précieux et que le temps n'est pas toujours leur ami, Fishtalk aurait pu jeter l'éponge avant d'y aller vraiment. Shutdown dit tout cela, en quelques minutes, pas forcément avec les mots mais avec l'émotion irrépressible que dégage leur musique.

Mené par les frères Maretheu aux guitares et basse, un clavier posé et une batterie présente en nuances, et la voix diaphane de Mathilde ; les 4 titres de Shutdown parviennent à convaincre.

Enregistré entre août 2019 et juillet 2020, on devine le temps vu comme un allié au début de l'enregistrement, tortionnaire dans la dernière ligne droite. Cette étape de stress propre aux groupes qui veulent proposer une entrée en matière réussie, ne semble pas avoir impacté les choix de compositions du groupe. On navigue dans un univers proche de This Mortal Coil, ou Mazzy Star. La voix entre celle de Hope Sandoval et Jennifer Charles, s'érigeant comme un phare.

Les compositions assez libérées, renferment assez de complexité pour les amateurs éclairés fuyant l'ennui. On sent les arrangements collégiaux, ils forment un tout. Ne cherchez pas un Guitar Hero ou un Lead quelque part, Fishtalk avance en une seule entité, toute en nuances.

Avec ce premier EP prometteur, Fishtalk se détache d'une production trop moderne. La mélodie est une part dominante de leurs essais, de leurs recherches.

Shutdown entre de plein pied, dans la belle catégorie des disques du soir ou des orées matinales.

Eric D-Toorop

le 12/06/2021