Fugue - Yell
Chronique CD album (18:18)

- Style
shoegaze - Label(s)
Autoproduction - Date de sortie
21 November 2024 - écouter via bandcamp
Ce n’est pas dans mes habitudes de chroniquer des EPs, mais quand on m’a proposé celui-ci, je me devais de lui accorder une exception à mes règles. Car dans la vaste scène internationale qui redonne ses lettres de noblesse au shoegaze, on peut parier sur un de ses jeunes représentants hexagonaux qui, s’il poursuit la route qu’il trace de mini album en mini album, risque de s’imposer parmi les plus originaux du genre sur nos terres. Msieudames : Fugue.
Déjà un second EP à leur actif, et leur musique a déjà évolué, gagnant en maturité, augurant une assurance et le perfectionnement d’une personnalité qu’on a hâte de découvrir dans un futur long format. En attendant, les 5 titres de Yell dessinent des ambiances éthérées et à la fois musclées qu’il convient d’apprécier sur scène, où les musiciens insufflent un supplément d’âme et d’énergie à leur répertoire. Les arpèges cristallins qui ouvrent les hostilités, rapidement rejoints par une basse très présente, rappellent l’univers d’aînés des 90’s, Little Némo, et renvoient à celui de formations modernes comme les Irlandais de Just Mustard. Les mélodies entêtantes du chant et de la guitare remplissent l’âme de toute leur mélancolie intrinsèque avant de se contorsionner dans la fureur de la révolte. C’est ainsi que la tracklist se déploie : le 2e titre, « Whisper », invite à la danse cathartique, de celles qui conjurent le sort dans une transe libératrice.
Même quand le tempo se veut moins nerveux, il persiste ce sentiment d’urgence dans les rotondités des lignes de basse, dans les boucles hypnotiques des guitares et dans les litanies du chant. C’est ainsi que « A way to forget » sonne comme un adieu qui emporte ave lui tous les souvenirs encore vivaces. On peut reprocher la durée des titres, peut-être trop courts, qui créent la frustration, quand on s’installe dans leur ambiance et qu’ils nous laissent soudainement seuls, mais en réalité, c’est pour attiser ce sentiment de reviens-y, comme pour inviter l’auditeur à creuser le sillon des blessures, pour les laisser ouvertes et les affronter, les regarder dans les yeux. C’est ainsi que le titre qui clôt cette offrande ajoute du sel sur les béances qui suppurent : « Moon » envoie sa mélancolie valser dans des élans de rage bruitiste qui explosent par déflagrations soudaines.
En 5 titres, Fugue dessine un univers cohérent et riche de 1001 subtilités, en équilibre constant entre les nues et la fange. C’est plein d’espoir pour la suite qu’on relance en boucles cet EP déjà bien droit dans ses bottes.
0 COMMENTAIRE
AJOUTER UN COMMENTAIRE