Guili Guili Goulag - IBEXIB

Chronique Vinyle 10" (30:06)

chronique Guili Guili Goulag - IBEXIB

Harpe hantant, basse qui racle le bidet, batterie percussée en spirales, Guili Guili Goulag joue pour les napperons jaunis, les cloportes et la poussière blanche. Les araignées et les vieux tableaux de traviole sur le mur au papier peint qui se décolle. Pour les rats qui grattent derrière les panneaux de plaquo, les serpents momifiés au dos sur le parquet fendillé. Des voix montent d'entre les fentes – du sous-sol, ou peut-être la cave – en tous cas de la non-pièce où il ne faut pas aller.

Mais si, mais si, glissez-vous sans bruit, un concerto macabre joue pour vous aussi – ou pour personne : puisque vous êtes entrés, vous n'êtes de toute manière plus personne. Laissez votre costume à l'entrée, revêtez le masque de mort qui vous révèle, bien plus que votre commune nudité blafarde. Sac de peau qui cache un sac d'os.

 

Jeté sur une vulgaire rondelle, leur musique pourrait perdre quelque chose. Si vous ne mettez pas un casque (celui équipé d'écouteurs, vous savez?) ou si vous ne montez pas le son, fort, fort ! Alors ne soyez pas tièdes, malgré la froideur parfois dégagée ici, gardez votre sang chaud, bien au chaud dans vos veines.

Faut se mettre dans la bulle, descendre à la cave dans sa tête. Car au début j'ai pu craindre. Craindre l'espèce de Noise Rock aride quasi-instrumental, où ils n'auraient fait que remplacer la guitare par une harpe sonorisée, pour sortir un truc répétitif un peu trop habituel pour être honnête. Et vas-y crin-crin qu'on fait les dissonances qui ne font grincer des dents plus que par ennui.

Et non. Non. Ne craignez pas.

On est plus dans l'atmosphérique ici, le ressenti à palper du bout des circonvolutions cérébrales, le laisser-porter par des ondes malingres de sirènes agonisant à même la terre battue.

On n'est pas non plus dans le sous-Magma desséché mais sur des terrains Morricones de cabaret fantôme, parfois arpenté par les Sleepytime Gorilla Museum, à la rigueur... si vous voulez.

 

Téméraires et courageux, la démarche de squelette finalement très assurée dans ses entre-chocs osseux, tout cela ne dure guère (quatre titres) et pourtant ils ont bien le temps de créer leur petit monde à eux. Pas toujours besoin d'un dépliant à 14 volets pour vendre du rêve : Guili Guili Goulag te fera partir dans des rêveries morbides sans objet. Un côté désincarné, total et gratuit, qui pourrait peut-être être bon de dynamiter à l'occasion de quelques explosions de fureur.sur un support de plus longue durée, mais qui a le grand mérite de se jouer de la retenue pour imposer ses sévices en douce.

 

Chuchotis, stupeur et tout le tremblement, ouvrez grand vos placards. C'est à écouter par là et c'est sorti sur le label hyperactif Et Mon Cul C'est Du Tofu ?

Non je ne m'étendrai pas, c'est à vous de jouer.

photo de El Gep
le 04/07/2015

3 COMMENTAIRES

Eric D-Toorop

Eric D-Toorop le 04/07/2015 à 15:39:34

j'ai pas perçu le côté morbide par contre descendre dans la cave de sa tête, je plussoie ^^

el gep

el gep le 04/07/2015 à 17:02:28

Le morbide est en toi... ou ne l'est pas.

cglaume

cglaume le 04/07/2015 à 18:15:01

Ce nom de label ^^

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