Houle - Houle

« Rien n’est trop difficile pour la jeunesse » nous disait Socrate au cours du Veme siècle avant J-C.

2500 ans plus tard, le quintet parisien de Houle nous en apporte une fois de plus la preuve avec son premier EP éponyme sorti le 18 novembre 2022 chez Les Acteurs de l’Ombre. Ayant embarqué il y deux ans à peine, l’équipage, à peine trentenaire, s’aventure dans les eaux périlleuses d’un black mélo d’habitude réservées aux vieux loups de mer. Et il s’avère que le navire tient le cap, toute voile dehors.

Analyse.

Dans son ensemble, ce premier EP est aussi bien ficelé qu’un loup à la branche d’un chêne en l’an 1256. Peu de place est laissée à l’hésitation, ni même à l’erreur. Les impulsions sont amenées avec justesse et feeling. «  Au loin la tempête » nous le démontre d’entrée de jeu. Le riffing nerveux et agressif est soutenu par une basse exprimant toute la grâce d’une danse macabre : rapide, technique, sensuelle. Mais un des atouts indéniable de Houle réside dans le chant ( en français ) d’Adsagsona. Torturé, déchiré et déchirant, tout en étant ample et détaillé. Y réside un certain lyrisme qui, couplé aux habituelles vociférations du BM, est une source non tarissable de jouissance auditive. On notera l’alternance high scream/chant clean (parfois même simple susurre comme sur « La dernière traversée ») qui renforce le sentiment d’instabilité, oscillant entre mélancolie, folie et lucidité. Vous avez ici la triade rythmant la vie de chaque marin parti en mer, chaque femme ou enfant restés à quai. Houle traite la thématique maritime avec parcimonie et dans les moindres détails, y compris psychologiques.

Les parties atmosphériques s’insèrent parfaitement dans la trame pleine de rage qu’Houle nous propose. La guitare lead soutient et dynamise le chant sans le perturber ( je pense tout particulièrement à « Sous l’astre noir ) quand elle ne part pas dans des solos fournis et techniques, n’hésitant pas à aller taper dans le registre ( musical ) épique. Je pense ici à « Sous l’astre noir » une fois de plus, mais aussi à la piste «  Le continent ».

Sur la question de la production, je pense que vous vous en doutez, on est ici sur du BM tracé au cordeau, bien léché et équilibré. Solide et rayonnant. Ce n’est pas très étonnant que ce soit LADLO qui les ait signés.

Houle, pour sa première sortie, joue dans la cour des grands. Impressionnant d’assurance, le quintet a cette arrogance non dissimulée d’une jeunesse qui fait, instinctivement, du très bel ouvrage en maîtrisant les codes sur le bout des doigts. Ce premier EP ne révolutionnera pas le genre, mais gardez en tête qu’il s’agit justement d’un premier EP, composé en quelques mois seulement. On scrute donc la prochaine sortie, voir ce qu’Houle peut nous offrir au retour de son premier périple en haute mer.

Vincent Bouvier

le 28/06/2023