Ictus - Imperivm
Chronique CD album (38:53)

- Style
Neocrust melodeathisant - Label(s)
Alerta Antifascista / Underhill / Threepoints / Rebel Scene / In My Heart Empire / La Muerte De La N - Date de sortie
7 janvier 2007
écouter "Imperivm"
Comme tout ce qui mérite d'être qualifié de musique, Ictus viennent de Galice. Précisément de Lugo, tout proche du Portugal. Et malgré leur très courte période d'existence (de la formation en 2004 à un grave accident de voiture en Biélorussie en 2008), la formation vient se placer en tant que référence incontestable du neocrust, aux côtés d'Ekkaia ou de Madame Germen (dont deux membres ont par ailleurs rejoint Ictus suite à un remaniement de line-up).
Sorti deux ans après leur premier album Hambrientos de un sol distinto, Imperivm est sans aucun doute la pièce majeure de leur discographie, mais aussi l'une de celles du neocrust en tant que style, et pas seulement galicien, mais en général. Il s'agit, je pense, de l'un des seuls groupes à être allés chercher Ekkaia sur leur terrain et à en être sortis la tête haute.
Ce qui, venant de moi, est l'un des plus beaux compliments que l'on puisse espérer, parce que je pense toujours que la musique en tant que concept aurait pu s'arrêter après Demasiado Tarde Para Pedir Perdon en 2004, tellement cet album marquait la fin des temps. Or Imperivm sort en 2007.
Là où, à la même époque, Fall of Efrafa vont chercher du côté du post-metal / postcore à distiller dans leur formule de crust sur Owsla et Elil, c'est vers le death mélodique à la At The Gates que se dirigent Ictus pour alimenter leur riffing, passant Slaughter of the Soul au moulinet du d-beat pour accoucher des presque 39 minutes d'Imperivm.
Sauf que, léger détail, Imperivm n'est constitué que d'un seul morceau. On ne peut l'écouter que d'une traite, pas le choix. Ce qui constitue le plus long morceau de crust à ma connaissance (malgré les morceaux à rallonge de Fall of Efrafa sur Elil la même année, qui ne touchent que les 20 minutes et des miettes). Du coup, pour déconner, j'ai hésité à proposer « D-Prog » comme style musical associé au groupe, ou « crust prog ». Parce qu'on dénombre de très nombreux mouvements, ruptures et transitions dans ces 38-39 minutes. Mais pas de démonstration de démultiplication des doigts ou de transhumanisme batteur-calculette-minitel ici (on est souvent sur un poutchapoutcha ou ou pou tchapou pou tcha – vous aurez ici reconnu le d-beat – : non, juste une rage et une passion débordante, totale, politique, existentielle.
D'un bout à l'autre, c'est une avalanche furieuse et libertaire, tous les riffs semblent aussi bien placés qu'une barre à mine dans une vitrine de banque, pris par une urgence que l'on retrouve jusque dans les quelques respirations dispersées ici et là (vers les 17 minutes, sur le pré spoken word/montée, ou sur cette fin que j'oserai nommer contemplative...) toujours très à propos, idéalement placées et réalisées, apportant une grande variété et dynamique à cette pièce maîtresse qu'est Imperivm.
Cette fureur, cette rage, on la retrouve aussi dans les paroles, et comprendre l'espagnol sera un incroyable plus pour s'engouffrer dans l'émotion portée par le cœur de l'album, cette montée en intensité vocale et musicale qui transforme le Demasiado Tarde Para Pedir Perdón d'Ekkaia (« Trop tard pour demander pardon ») en « ¿ Cómo podríamos perdonar ? » (« Comment pourrions-nous pardonner ? »), précisant le propos en dirigeant sa charge sur la politique extérieure des Etats-Unis (le fameux « empire » du titre de l'album) et le modèle d'exploitation capitaliste en général.
Absolument aucune seconde n'est à jeter dans cet album. Le son est parfait pour porter les intentions orageuses du groupes. Ai-je été assez élogieux pour vous convaincre de vous abandonner à cet album ? Abandonner, vraiment, cela me semble être le terme juste à employer, parce que j'imagine difficilement qu'on puisse l'apprécier de loin avec un simple esprit de « pourquoi pas ». Ce qui me paraît certain, c'est qu'Imperivm parlera plus à celles et ceux qui auront cette capacité à s'immerger complètement dans l'album : ok, c'est peut-être ça, leur côté prog.
Bref, un disque complètement indispensable, pour un point final incroyable à la discographie d'Ictus.
A écouter. C'est tout.
1 COMMENTAIRE
Moland le 09/04/2023 à 10:04:58
Fichtre cul ! Cette orgie de superlatifs !
Obligé d'écouter.
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