Korpiklaani - Rankarumpu

S’il y a un truc qu’on ne peut pas reprocher à Korpiklaani, c’est d’avoir retourné sa veste en peau de castor au niveau musical.

Et s’il y a une chose à mettre à son crédit aussi, c’est d’avoir défriché, ou plutôt revigoré le Folk Metal il y a déjà plus de 20 ans. Oui Spirit Of The Forest et Voice of The Wilderness sont des classiques du genre. Après, les Finlandais ont toujours vécu le Syndrome Motörhead : le fait de composer des morceaux qui déboîtent et de nourrir, également, leurs albums de titres de remplissage.

J’avoue que Rankarumpu (Tambour déchiqueté) m’a bluffé dès la première écoute.

Tout d’abord, l’énergie à la limite du keupon sourde du bouzin. Oui écouter Korpi, c’est boire des canons et danser comme un con. Et alors ? Quel est le problème ? Quand ici, en plus, les plages ne sont pas exemptes de finesse, pourquoi bouder son plaisir ?

Et le talent des gaziers est de composer, de temps en temps, parfois (une fois ou deux, c’est arrivé) des mélodies assez imparables. Et bien ce skeud en est beurré.

Le titre "Kalmisto", malgré ses plus de 4 minutes, se fait alors le fer de lance d’une énergie et d’un sens de la compo redoutable. Oui, c’est le bourrin de service de votre webzine préféré qui écrit ça.

Mais résumer la bande de Jonne à des neuneus dansant dans la forêt à 3 grammes dans chaque membre serait outrancier et déplacé.

En effet, la fougue permanente de l’album force le respect. On atteint, aussi, ici, une forme de raffinement un peu rustre et odorant auquel le combo ne nous avait pas habitué. Car la mélancolie pointe parfois son groin au milieu de la tourbière. Un certain apaisement, dans le chant, filtre aussi, ici et là, comme si un truc s’était passé dans la vie de chacun.

Il se passe toujours des choses dans la vie de quelqu’un.

Et l’accordéoniste abat un boulot impressionnant alors que dans le passé, c’était le violon qui se taillait la part du sanglier.

Vivifiant, fédérateur et chaleureux comme un bon vieux feu de camp, Rankarumpu bénéficie d’un fragile équilibre.

L’album n’en est que plus appréciable.

Crom-Cruach

le 24/05/2024