Leshy - Psychopomp
Chronique CD album (42:40)

- Style
sludge / doom / post-metal - Label(s)
Autoproduction - Date de sortie
14 janvier 2020 - écouter via bandcamp
Ce présent album fut un des premiers chocs de 2020, celui qui laisse espérer un excellent millésime, in fine. Leshy nous vient de Pologne, et Psychopomp est son second opus. Ce jeune groupe livre ici une pépite dont les toutes premières notes dressent immédiatement le décor : on va avoir droit à la fameuse règle des 3 L. Du sludge mâtiné de doom et lorgnant vers un post-metal dégénéré. Lourd, lent, long, donc. Entre 7 et 10 minutes, les titres épuisent les riffs, mais sans jamais laisser l’ennui s’installer. Au contraire, les schémas en boucles, comme autant de coulées de lave successives, contribuent à mieux happer l’esprit. En outre, les lignes de chant, tour à tour en chant clair, mais râpeux, plaintif, traînant, puis plus guttural, déclamées dans la langue d’origine, apportent quelque chose d’incantatoire aux deux premiers titres, « Poziom » et surtout « Przestroga », dans sa seconde partie, lorsque la basse aux ondulations métalliques s’enroule autour des polyphonies envoûtantes. Point de rupture, ni dans les différents registres de chant, ni dans les structures des morceaux, mais plutôt des transitions limpides et inéluctables. On a l’impression d’assister à un sabbat, une messe solennelle et macabre. Rappelons qu’un psychopompe désigne un esprit, un démon, un ange, selon les religions, dont la mission consiste à accompagner les âmes vers l’au-delà. Quant au liéchi (leshy), il s’agit d’un esprit des forêts dans la mythologie slave. Forts de ces éléments, vous voici prêts à entamer un voyage de 42 minutes dans les méandres de l’antichambre des enfers.
Une fois arrivé au morceau-titre, placé en milieu d’album, l’univers de Leshy a déjà englouti l’auditeur. Introduit par un court interlude, « Psycopomp » commence dans un calme relatif, habité, hypnotique, avant de lancer, sans forcer, ses lentes et lourdes salves de riffs assassins. Ça monte en puissance tout au long du titre pour s’achever au fond d’un précipice, au terme d’une chute abrupte. Simple, efficace, redoutable. Et toujours, ce sentiment d’inéluctabilité, comme la mort. Les deux derniers titres de l’album achèvent le périple sans transition, s’enchaînant de façon naturelle jusqu’à un final un brin plus énervé que sur le reste de l’album, mais laissant quand même la basse et de légers accords de guitares accompagner les derniers souffles, les ultimes battements. Lorsque l’album se termine, on comprend qu’il convient d’entamer un nouveau cycle, comme ceux qui composent une vie et ce qui lui succède, en clair, que ledit album ne livrera ses secrets qu’au bout de plusieurs écoutes attentives auxquelles il faut s’abandonner, comme il est vain de lutter contre son destin.
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